Les acteurs culturels et artistiques du Burkina Faso et des pays d’Afrique et d’autres contrées du monde, se sont réunis à Ouagadougou, à l’université Joseph Ki-zerbo, dans l’amphithéâtre Bakary Coulibaly, pour le colloque international ouvrant les travaux de la 19è édition du Festival international de théâtre et de marionnettes de Ouagadougou/Festival des arts du Burkina (FITMO/FAB). Ce colloque permettra aux participants de faire un tour d’horizon des défis auxquels font face les artistes afin de travailler à les relever pour favoriser la contribution de l’art à la promotion des valeurs humaines.
« Arts et liberté », c’est sous ce thème que se tient le colloque inaugural du FITMO/FAB qui se déroule du 24 au 25 octobre 2023. Pendant ces deux jours, les participants exploreront ensemble les voies et moyens afin de relever les défis auxquels font face le secteur artistique. Cette 19è édition a été le fruit d’une action collaborative de l’Espace culturel Gambidi (ECG), du Laboratoire littérature, arts, espaces et sociétés (LLAES) et de l’Observatoire des politiques culturelles en Afrique (OCPA).
Pour Yacouba Bonkoungou, représentant le ministre de la Communication, de la Culture, des Arts et du Tourisme, le choix du thème de cette rencontre scientifique témoigne de la volonté commune d’agir pour la protection de la souveraineté dans la diversité culturelle en refusant de « nous tuer à la volonté des forces terroristes qui tentent de nous imposer leur pensée unique ». Faisant un rapport avec le contexte actuel du Burkina Faso, il estime que l’art ne doit pas s’exercer dans le libertinage. Il doit, selon lui, être un outil de quête et de promotion d’une société basée sur le partage, la justice, où le bien-être est mutuellement partagé respectant les particularités et les singularités des uns des autres.
« Nous sommes à un moment particulier de la marche de notre pays, a-t-il poursuivi, toutes les énergies et toutes les forces doivent être en synergie pour atteindre l’objectif commun qui est, non seulement la conquête territoriale, mais aussi l’affirmation de notre dignité ». De même, pour le Pr Bernard Kaboré, directeur de l’UFR/LAC, notre pays se trouve dans un contexte particulier et le concept de la liberté suscite des confusions et des débats contradictoires. « La liberté, est-ce le droit de dire tout ? Doit-on tout dire ? N’y a-t-il pas de ligne rouge à ne pas franchir », s’est-il interrogé.
Pour lui, le présent colloque doit faire le lien entre l’art et la liberté. « Ce qui limite la liberté d’expression dans le débat public, doit-il aussi limiter la liberté artistique ? Peut-on accorder une liberté à l’artiste que l’on ne reconnait pas au citoyen lambda ? » s’est-il, une fois de plus interrogé. A l’en croire, la liberté et la responsabilité seraient liées. « Tout ce qui augmente la liberté augmente la responsabilité », a-t-il martelé.
Par conséquent, les artistes doivent exercer leur métier avec responsabilité et être des porteurs des flambeaux des sociétés dans lesquelles ils vivent, a-t-il ajouté.
Ainsi, le contexte actuel du Burkina interpelle tous les acteurs sur la notion de la liberté. D’ailleurs, c’est l’objectif de ce colloque qui est un carrefour intellectuel. Du moins c’est ce qu’estime Dr Amadou Mandé, le président du comité d’organisation. « Nous avons voulu que tout le monde puisse apporter sa contribution pour que nous esseyions de voir ensemble, d’abord quels sont les enjeux des arts dans un contexte comme le nôtre actuellement et quelles sont les difficultés auxquelles sont confrontés les artistes. La liberté de création, la liberté de diffusion, la liberté de l’exercice du métier artistique nous interpelle » a-t-il affirmé.
A l’en croire, le rapport entre « art et liberté » est complexe et mérite d’être analysé. « Le plus souvent, les gens ont l’impression que l’art ne peut pas se faire en toute liberté, il y a des limites. Pour d’autres, l’art doit avoir toutes les libertés possibles pour s’exprimer et parfois, il y a une véritable confusion sur la notion de la compréhension de l’art », a-t-il expliqué.
Par ailleurs le Pr. Alain Joseph Sissao, dans sa communication inaugurale, pour sa part, est revenu sur le rôle de l’artiste dans la société. Pour lui, « l’artiste a pour vocation le bien-être du peuple. » Il est un veilleur et un témoin de la société traditionnelle et moderne, dit-il. Selon lui, l’artiste joue un rôle de stabilisateur socio-culturel, il agit en tant que gardien des valeurs culturelles.
Cette cérémonie officielle a été ponctuée par la prestation d’artiste tels que Damo Fama et Albatros. En rappel, le FITMO/FAB se tiendra du 26 au 31 octobre 2023 à Ouagadougou.
Barnabé NAMOUNTOUGOU (Collaborateur)