En collaboration avec l’artiste visuelle marocaine Ghizlane Sahli, l’association Solidarité Laïque a organisé des ateliers de création artistique de broderie et d’intimité, dénommés «28xX» (Ouagadougou), qui ont donné fruit à une exposition. Le vernissage de cette exposition est intervenu ce 28 février 2023, à la Résidence Lwili, à Ouagadougou.
Solidarité laïque est une association française qui travaille sur l’éducation et la culture. Elle est présente dans plus de 25 pays dont le Burkina Faso, qui abrite d’ailleurs le bureau régional Afrique de l’Ouest. Elle mène essentiellement des projets sur l’engagement citoyen et l’emploi des jeunes. Et des dires du Directeur Délégué Alain Canonne, l’idée du projet «28xX» est née de sa rencontre avec l’artiste visuelle marocaine Ghizlane Sahli, lors de la Biennale internationale de la sculpture de Ouagadougou (BISO).
« Après notre rencontre, madame Sahli a organisé une résidence de travail à la Cité Internationale des Arts, à Paris où j’y ai été. Et sur son mur, il y avait des cartes sur lesquelles elle célébrait la femme. Mais en même temps, j’avais fait la rencontre de jeunes filles dans la commune rurale de Koubri qui fabriquaient des serviettes hygiéniques et elles le faisaient devant les garçons. Ce n’était pas provocateur, mais plutôt pour dire qu’en tant que femmes, elles méritaient d’être célébrées, d’avoir des matières douces. C’est comme ça que j’ai proposé de mettre madame Sahli avec elles afin d’animer une sorte d’ateliers pour des productions qui vont dans le sens de leur combat. Voilà comment est né le premier atelier qui a eu lieu sur notre site à Koubri », a-t-il expliqué.
Ce deuxième atelier qui a donné droit à cette exposition au sein de la Résidence Lwili située à Dapoya (Ouagadougou), intervient après celle tenue à la Biennale de sculpture de Dakar. À en croire le Directeur Délégué, l’exposition de Dakar a été un succès suscitant du coup la volonté d’un galeriste français qui devrait tenir cette exposition en octobre prochain, à Paris. Après donc la ville de Ouagadougou, le projet sillonnera Porto-Novo (Bénin), la Côte d’Ivoire, etc. L’idée selon lui, est de poursuivre dans cet élan, mais avec des femmes différentes, donc des histoires différentes.
« Chaque œuvre que vous voyez ici a une histoire différente, même si elles ont en commun l’intimité de la femme. En tant qu’artiste visuelle, je travaille beaucoup sur le corps de la femme et son intimité. Ce projet «28xX» sur lequel j’ai été invitée à travailler, signifie simplement 28 du cycle de la femme. Avec Solidarité Laïque, nous avons convenu de le faire dans plusieurs endroits. Cet atelier est d’abord un échange, un partage entre les femmes. Il était important de leur faire comprendre que nous avons les mêmes problèmes et que quelque soit notre pays, notre niveau social et éducatif, le corps de la femme est toujours le même », foi de Ghizlane Sahli.
Le but de l’atelier pour ces femmes, selon madame Sahli, est de parler du corps de la femme, mais non pas comme une victime en ce sens que les femmes subissent beaucoup de violences. Pour elle, parler librement de son corps comme une célébration, permet de dépasser ses peurs. C’est une sorte de thérapie vécue par ces femmes durant cet atelier. Tout s’est bien déroulé. C’est cela aussi la beauté de l’art, impacter à travers des émotions. Et ce n’est pas la participante, l’étudiante Zeba Neymata qui dira le contraire.
« Au départ, quand je venais prendre part à cet atelier, je croyais que c’était simplement de la broderie. Mais dès notre première rencontre, madame Sahli nous a expliqué réellement ce qu’elle attendait de nous. L’aspect artistique de cette broderie est vraiment passionnant. Au début, cela n’a pas été simple, mais nous y sommes arrivées. Personnellement, je n’arrive toujours pas à croire que nous ayons pu réaliser de telles œuvres artistiques à même d’avoir de l’impact sur le caractère tabou de l’intimité de la femme. Du reste, je crois que cette expérience pourrait susciter en moi une profession d’artiste », s’est-elle réjouie.
Au total, une quarantaine d’œuvres ont été réalisées au cours de cet atelier et resteront exposées à la résidence Lwili (Dapoya), jusqu’au dimanche 5 mars 2023.
Boukari OUEDRAOGO