Le Collectif Béneeré du Burkina Faso en co-production avec Théâtre national populaire de Villeurbanne en France présente du 04 au 14 juillet 2018 au CITO, la Tragédie du Roi Christophe, une pièce d’Aimé Césaire, qui décrit la lutte du peuple haïtien pour sa liberté.
Après Une Saison au Congo, le Collectif Béneeré du Burkina Faso en co-production avec Théâtre national populaire de Villeurbanne en France revient avec La Tragédie du roi Christophe, une autre pièce d’Aimé Césaire. La première présentation de la pièce a eu lieu ce jeudi 5 juillet 2018 au CITO devant un public sorti massivement pour revivre l’histoire d’Haïti, l’ex-République dominicaine. Cette pièce qui décrit la lutte du peuple haïtien pour sa liberté met en scène le destin tragique d’un homme, celui d’Henri Christophe.
Elle s’ouvre avec un combat de coqs, l’une des réjouissances populaires en Haïti. Les deux coqs en lice portent les noms de grandes figures politiques de l’histoire haïtienne à savoir Alexandre Pétion alors président élu de la république à Port-au-Prince et Henri Christophe, roi auto-proclamé de la province du Nord. Par la suite on voit Pétion en visite officielle chez Christophe pour lui proposer la Présidence du Sénat. Celui-ci refuse, flairant le complot pour l’écarter du pouvoir en lui offrant un pouvoir vide. Ainsi se révolte-t-il contre les mulâtres et se proclame roi d’Haïti. Dès lors le pays est divisé entre les partisans de Christophe et ceux qui s’allient avec la puissance coloniale. Il s’en suivit la cérémonie de couronnement célébrée par l’archevêque Corneille Brelle, puis la prestation de serment du roi. Il maîtrise la rébellion dirigée par Metellus. Contre Pétion, il propose la réunification de l’Etat, mais le Sénat complote derrière son dos. Christophe décide de la construction d’une Citadelle, symbole de la puissance d’Haïti et force le peuple au travail. Il fait exécuter un paysan qui ne travaille pas et emploie les filles dans les travaux de construction. Ne supportant pas ces excès, Corneille Brelle demande le repos pendant que Hugonin organise un mariage collectif pour éviter la débauche. Christophe donne l’ordre de supprimer l’archevêque. Mais au cours de la messe de l’Assomption, Christophe est paralysé par le spectre de Corneille Brelle. Sur sa chaise roulante, il plonge dans une hallucination qui le conduira au suicide. Après sa mort, sa femme vint se recueillir sur sa tombe et se lamente de son destin tragique.
Selon Christian Schiaretti, metteur en scène de cette pièce, par ailleurs Directeur du Théâtre populaire de Villeurbanne en France, la mise en scène de cette pièce répond à un projet, celui de renverser les propos de Nicolas Sarkozy qui disait que l’homme noir n’était pas encore entré dans l’histoire. Pour lui, la mise en scène de cette pièce montre la détermination avec laquelle un noir décide de sortir son peuple de la servitude. D’après Christian Schiaretti, à travers Christophe, c’est la bravoure de toute la race noire qui est mise en valeur.
Aristide Tarnagda qui a joué le rôle de Christophe, héros de la pièce, reconnait qu’incarner un héros comme Christophe n’est pas toujours aisé.« Il fallait travailler à ne pas le stéréotyper, à ne pas en faire un dictateur béat, fat, un sanguinaire à la Bokassa, à la Idi Amin Dada mais faire comprendre que c’est un homme qui est habité par des contradictions et qui essaie tant bien que mal de sortir son peuple de la gadoue », a-t-il conclu.
La pièce est à l’affiche tous les jours du mercredi au samedi à partir 20 heures.
Yssoufou SAGNON