Le Burkina Faso fait partie des rares États africains qui ont ratifié plusieurs conventions sur les droits des artistes interprètes à savoir la convention de Rome (1961), le traité de l’Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle (1996) sur les exécutions, interprétations et phonogrammes et l’Organisation Africaine de la Propriété Intellectuelle. Ainsi, ces différentes conventions reconnaissent aux artistes interprètes burkinabè une série de droits entre autres la rémunération équitable pour les phonogrammes de commerce ; la rémunération à la copie privée; le droit de distribution au public de leurs interprétations; le droit de location des supports contenant leurs interprétations; le droit de mise à disposition du public des prestations des artistes interprètes ; le droit moral.
En outre, les différents gouvernements qui se sont succédés, ont fait de l’amélioration des conditions de vie et de travail des artistes interprètes, une préoccupation non moins importante. En témoignent l’adoption de certaines lois révolutionnaires et des initiatives salutaires afin de leur garantir une vie meilleure. Après la mise en place du bureau de gestion collective (BBDA) en janvier 1985 sous la Révolution, la situation sociale des artistes a eu un écho favorable auprès de l’ancien Président du Faso (Blaise Compaoré) et de son gouvernement. En sa séance du mercredi 24 octobre 2012, le Conseil des ministres a adopté le décret portant statut de l’artiste au Burkina Faso (DECRET N° 2013-169/PRES/PM/MCT/MEF/MFPTSS du 25 mars 2013 portant statut de l’artiste au Burkina Faso). L’adoption de ce décret vise à créer un cadre juridique qui consacre la reconnaissance de l’artiste et offre les conditions de protection et de promotion de ses ambitions créatrices.
Malgré les conventions internationales et les lois nationales, l’artiste burkinabè rencontre beaucoup de difficultés liées à son statut. Sa situation n’est pas reluisante. Elle est caractérisée en général par l’absence d’un système de sécurité sociale et de conditions de vie et de travail exécrables. En effet, la protection sociale, reconnue comme étant un droit fondamental par les textes et lois nationaux et internationaux pour tout travailleur, n’est sans doute pas une réalité pour les artistes, qui se voient être aussi des travailleurs comme les autres. En d’autres termes les artistes dans leur ensemble ne bénéficient toujours pas d’une protection sociale de manière effective. Dans plusieurs pays africains parmi lesquels le Burkina Faso, le travail de l’artiste est considéré comme un simple loisir. En plus, les institutions de sécurité sociale ne prennent pas encore en compte le travail de l’artiste.
En 2015, lassés de voir se profiler à l’horizon de meilleures conditions de vie, les artistes avaient animé une conférence de presse avec la Confédération Nationale des Travailleurs du Burkina (CNTB) pour tirer la sonnette d’alarme sur leur situation qui n’a que trop duré. L’opérationnalisation du statut de l’artiste, véritable lueur d’espoir, tarde à être effective. Par conséquent, la préoccupation fondamentale des artistes quant à la protection sociale demeure sans solution durable. Du reste, des pistes de solutions pour le bien-être social des artistes interprètes sont envisageables : la réforme des lois nationales ; la création ou le renforcement des mutuelles sociales (ces mutuelles auront la charge de gérer des questions de sécurité sociale et de la santé des artistes et de leurs familles avec l’appui éventuel de l’État) ; l’adoption de meilleures politiques culturelles, etc.
La mise en place de la Commission Nationale des Arts (2016), l’institutionnalisation du Fonds de Développement Culturel et Touristique (FDCT), le Fonds d’Aide aux Membres Âgés (AMA) du BBDA et le soutien à la production cinématographique du Chef de l’Etat Rock Marc Christian Kaboré (1 Milliard de F CFA) sont entre autres des actions qui s’inscrivent dans cette dynamique quitte à ce qu’elles soient structurelles et non conjoncturelles.
PS : Les artistes interprètes s’entendent des acteurs, chanteurs, musiciens, danseurs et autres personnes qui représentent, chantent, récitent, déclament, jouent ou exécutent de toute autre manière des œuvres littéraires ou artistiques, y compris les expressions du folklore (cf. annexe VII de l’accord de Bangui supervisé par l’organisation africaine de la propriété intellectuelle).
NB : Photo d’illustration : To Finley, une ancienne gloire de la musique burkinabè moderne des années 70 végétant dans la misère et condamné à la mendicité dans les rues de Ouagadougou et ce malgré les nombreuses initiatives de soutien du Ministère en charge de la culture.