Talentueux et passionné, Diakaria Diabaté un artiste musicien multi-instrumentiste et fabricant résidant à Bobo-Dioulasso. Le 12 Avril dernier, il a bien voulu recevoir une équipe de la rédaction d’Infos culture du Faso du côté de la ville de SYA. Avec lui, les échanges on porté sur son métier de musicien de la kora ainsi que sur ses projets.
Infos Culture du Faso (ICF): Vous exercez le métier de musicien, dites-nous comment êtes-vous arrivé dans ce métier, surtout joueur de la kora?
Diakaria Diabaté (DD): Je suis né dans une famille de griots et c’est comme un héritage pour moi. J’ai débuté étant balaphoniste. En effet, je jouais dans les baptêmes et mariages. C’est par la suite que l’amour et la passion sont venus et j’ai commencé à m’initier et embrasser ce métier de musicien.
ICF: Avez-vous suivi une formation pour vous professionnaliser?
DD: J’ai suivi des formations traditionnelles. Étant griots, les aînés nous transmettent leurs connaissances. Pour apprendre d’autres styles, je me suis fait former par d’autres personnes qui ne sont pas de ma famille afin de me performer dans le domaine.
ICF: De quoi est constituée la Kora ?
DD: La Kora est constituée d’une demi calebasse, une manche, un chevalet et des cordes.
ICF: Comment peut-on tenir la Kora ?
DD: La Kora se tient avec les deux mains. Elle se joue avec les deux index, gauche et droite et avec les deux pousses, gauches et droites.
ICF: Comment devient-on un musicien de la kora ?
DD: Pour devenir un musicien de la kora, il faut aimer et être passionné de la musique. Si toutefois, il y a l’amour et la passion, la personne pourra surmonter les difficultés liées à ce métier. Aussi, il faut du sacrifice, se former et suivre les instructions des aînés et supérieurs.
ICF: Quelles sont les difficultés liées à ce métier ?
DD: Le plus gros problème est le manque de financement. En tant qu’artiste burkinabè, nous avons du talent et des projets à réaliser, mais le financement fait défaut. Nous sommes obligés d’aller à l’extérieur, chercher l’eldorado afin de pouvoir subvenir aux besoins. De plus, nous remarquons de nos jours que les gens ont tendance à laisser les musiques traditionnelles qui étaient jouées dans les cabarets, les baptêmes et mariages. Les gens écoutent plus les musiques étrangères. Pourtant à l’époque, dans le maquis, les lieux de mariage, de baptême, c’était les musiciens qui animaient. Mais de nos jours, la musique burkinabè n’est pas assez jouée. Je dirais que ceci se résume au moyen financier. En somme, le problème majeur est le financement.
ICF: Quels sont vos projets futurs ?
DD: Pour le futur, j’envisage mettre en place un centre de formation pour les jeunes à Bobo-Dioulasso, des espaces publics pour organiser des concerts en live afin de sauvegarder notre culture. Dans les cabarets, c’est la radio et non un animateur en live. Les musiques jouées sont purement américaines, nigérianes, ivoiriennes. Et en moyenne sur 100 musiques jouées, celles qui sont burkinabè ne dépasseront pas 20 et Ceci ne fait pas la fierté du pays.
ICF: Quels sont vos conseils à l’endroit des jeunes qui veulent embrasser ce métier ?
DD: les conseils que j’ai à l’endroit des jeunes qui veulent se lancer dans ce métier est la concentration et la patience. On aime souvent dire que trop pressé, on arrive tard. Nous à notre époque, nous avons eu la chance d’être encadrés par nos maîtres; à chaque instant, c’était des répétitions et formations. Il y avait des troupes traditionnelles. Mais de nos jours, ils sont presque tous à l’extérieur et ne viennent au pays que pour un mois ou quelques semaines. Pour avoir ces troupes de nos jours, c’est très difficile et ils sont minimes. Vu les conditions des artistes du pays, ils migrent vers l’extérieur pour pouvoir obtenir leur pain quotidien. D’autres s’en sortent dans la musique mais d’autres, ce sont les petits business. Pour ma part, je leur conseillerai la patience, le courage et surtout la concentration.
ICF : Quelles sont vos attentes vis-à-vis de la nouvelle ministre qui vient d’être installée ?
DD: Mes attentes envers la nouvelle ministre est qu’elle sache réellement le vrai sens de la culture. Ce n’est pas les écrits ni les idéologies ; mais qu’elles sachent plutôt se rappeler des règles, des intérêts, de l’importance de la culture parce qu’être ministre de la culture, c’est différent d’être acteur culturel. De plus, je demande à ce qu’elle mette en place un groupe d’administrateurs pour suivre les artistes qui se déplacent pour l’extérieur, savoir ce qu’ils partent faire. Il y a plein d’artistes qui partent à l’occident, remporter des trophées pour le pays. Mais les dirigeants ne le savent pas. Il y a aussi nos artistes qui sont à l’exterieur, organisent des festivals traditionnels de notre pays et nos dirigeants sont là bouche bée. Je dirais qu’elle n’a qu’à faire en sorte que les artistes soient suivis pour la visibilité de notre pays. En résumé, qu’elle cherche à connaître les artistes musiciens modernes et traditionnels, connaître leur déplacement, ce qu’ils font et leurs projets. Il est difficile d’avoir un administrateur pour écrire nos projets et faire sortir des albums. Tout ceci se résume au moyen financier. Si possible, à la ministre de songer à tous ces problèmes afin qu’ensemble, notre culture puisse rayonner.
ICF: Quel est votre mot de fin pour clore cette interview ?
DD: Je remercie Infos Culture du Faso, le Directeur de publication et à tout le staff qui ne font que suivre les artistes. Longue vie et une santé de fer à eux. A mes fans, qu’ils continuent de nous encourager, soutenir et surtout de rester connectés sur les site.
Catherine S. ZONGO (stagiaire)