dim 24 novembre 2024

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Célébration conjointe de la Journée mondiale du livre: Boubakar Dao de la SAGES donne les grandes lignes

Instaurée depuis les années 1995 par l’UNESCO, la Journée mondiale du livre et du droit d’auteur est commémorée tous les 23 Avril de l’année, dans le monde entier. Et pour l’édition 2022, la Société des auteurs, des gens de l’écrit et des savoirs (SAGES) en collaboration avec la Direction du livre et de la lecture publique (DGLLP) et le Bureau burkinabè du droit d’auteur (BBDA) entendent mener des activités. Pour en savoir davantage, nous avons reçu le président de la SAGES, Boubakar Dao. Lisez plutôt.

Infos Culture du Faso (ICF): Veuillez-vous présenter à nos lecteurs s’il-vous-plaît
Koba Boubakar Dao (KBD): Je suis Koba Boubakar Dao, poète, dramaturge et critique d’art. Je suis également le président de la Société des auteurs, des gens de l’écrit et des savoirs (SAGES)

ICF: Vous êtes le président de la SAGES, alors dites-nous de cette structure ?
KBD: La SAGES est une association des droits burkinabè. Elle est née en 2011. Donc cela fait 11ans qu’elle existe. Elle regroupe la plupart des écrivains du Burkina Faso.

ICF: Quelle sont ses missions au sein de la littérature burkinabè ?
KBD: Nous nous sommes focalisés surtout autour de l’écrit mais aussi autour de l’oralité et les autres savoirs. C’est essentiellement pour la promotion de la littérature, des auteurs burkinabé.

ICF: vous vous apprêtez à célébrer le samedi 23 Avril prochain, la  »Journée mondiale du livre ». Dans quel contexte est née cette journée ?
KBD: La  »Journée mondiale du livre et du droit d’auteurs ou encore « la Journée internationale du livre » est une initiative de L’UNESCO. Cette journée a été initiée en 1995 en la mémoire de Trois grands auteurs notamment William Shakespeare, Miguel Cervantès et Inca Garcilaso de la Vega. Tous ces trois auteurs ont disparu un 23 avril, bien-sûr pas dans la même année. C’est cette coïncidence qui a poussé l’UNESCO a symbolisé cette date journée mondiale du livre. Le Burkina Faso l’a déjà commémorée officiellement il y a deux ans. Après cela, nous n’avons plus eu l’occasion.

ICF: Cette année, vous prévoyez célébrer cette journée de façon conjointe avec la Direction générale du livre et de la lecture publique (DGLLP) et aussi le Bureau burkinabé du droit d’auteurs (BBDA), pourquoi réellement cette décision ?
KBD: C’est vrai que c’est la SAGES qui est actuellement à l’avant. On devrait avoir plutôt même le GRAAL (Groupe des réseaux associatifs des acteurs du livre) parce que nous sommes tous concernés. Peut-être c’est parce qu’il s’agit donc de la Journée mondiale du livre, le droit d’auteur a peut-être coûté. Je pense que c’est cela qui a fait qu’on s’est retrouvé seul. Mais aussi, c’est parce que c’est la SAGES qui porte le projet. Cependant, nous ne pouvons pas en temps qu’auteurs commémorer cette journée sans nous en référer à l’administration alors que celle qui est concernée directement, c’est le ministère en charge de la culture. Et c’est ce ministère qui contient la DGLLP et le BBDA). Nous pensons que ce sont des partenaires sûr avec lesquels on devrait pouvoir conjointement commémorer cette Journée mondiale du livre et du droit d’auteur 2022.

ICF: Pouvez-vous revenir réellement sur l’importance de cette Journée pour la littérature burkinabè ?
KBD: Je pense à cette citation de Asfored: Pour la journée mondiale du livre et du droit d’auteur, << il s’agit de mobiliser l’ensemble des acteurs du livre dans un esprit festif, de renforcer l’importance de la lecture sous toutes ses formes et pour tous les public sans négliger l’importance du droit d’auteur>>. C’est dans cette perspective là que nous nous inscrivons. Je pense que la littérature burkinabè a pas mal de difficultés. Cette célébration nous donne l’occasion de réfléchir sur ces problématiques. Et les activités inscrites au programme doivent non seulement nous permettre de réfléchir mais aussi de faire la promotion de la littérature.

ICF: A ce propos, qu’est-ce qui est prévu au programme de cette célébration ?
KBD: Il y a un agenda très fourni. On s’attend à une publication d’un message officiel de Madame la ministre de la Communication, de la Culture, des Arts et du Tourisme. Aussi, nous allons faire une petite exposition-vente de livre d’auteurs burkinabè.
Nous allons faire des plaidoyers. Le premier plaidoyer concernera l’opérationalisation de la mise en œuvre du « Fonds de soutien de l’édition ». Ce fonds a été créé en 1999 et doté de la somme de vingt millions F CFA. Nous l’avons découvert par l’ex ministre Mahamoudou Ouédraogo au cours des rencontres culturelles entre le Burkina Faso et la Wallonie-Bruxelles, le 14 Septembre 1999. Et quand nous interrogeons les acteurs concernés, nous n’avons aucune information précise sur cette affaire. Nous avons besoin de bonnes informations et si ce fonds existe, il y a lieu de l’operationaliser. Cela permettra de soutenir l’édition au Burkina Faso.
Le second plaidoyer concerne le Grand prix littéraire du président du Faso. C’est un prix qui a existé et qui était décerné à l’occasion de la Semaine Nationale de La culture (SNC) en dehors du Grand prix Nationale des Arts et des Lettres (GPNAL). C’était un prix qui récompensait les meilleurs Romans. Des œuvres en ont bénéficié, notamment celui d’Ignass, Fidel Rouamba, etc. Malheureusement, ce prix a disparu du paysage des prix littéraires du président du Faso. Nous demandons si en dehors du GPNAL, s’il y’a possibilité de réintégrer un grand prix littéraire du président du Faso.
Nous allons également plaider pour la relance du projet  »Ouagadougou capitale mondiale du livre ». Il faut dire que nous avons monter un dossier pour cela il y’a quelques années. C’est un projet de l’UNESCO et il est impératif de s’inscrire dans la même lancée. Nous avons été à Conakry parce qu’il a été capitale mondiale du livre en 2019. Nous espérons nous aussi l’être en tirant les leçons de ce qu’ils ont fait. Nous allons tenter notre chance à nouveau pour que ce projet soit en vigueur. Aussi, il y’a la problématique de la contre-façon des œuvres littéraires qui nous préoccupe beaucoup. On pensait que la contre-façon touchait seulement les livres des auteurs étrangers. Eh bien, les auteurs burkinabè aussi en sont victimes aujourd’hui. Il y aura même une journée de lutte contre la contre-façon. On compte célébrer celle là aussi en impliquant les ministères concernés.
A cela s’ajoutent des cafés littéraires à Banfora, à Bobo-Dioulasso et à Ouagadougou. On envisage aussi une émission télé sur la question. Nous allons communiquer autour des livres dont dispose une dame, Madame Jeanne Siéba qui a des difficultés pour les mettre à la disponibilité d’un lectorat. Elle n’a pas de Bibliothèque Elle a des centaines d’œuvres à son niveau mais ne dispose pas de bibliothèque. Nous allons discuter avec nos partenaires afin de soutenir cette dame; car c’est un trésor et le nombre élevé de livres ne sert à rien quand ils restent dans les cantines.

La journée du 23 avril, il se passera spécifiquement à la salle de réunion de l’ancien ministère de la culture, des arts et du tourisme sis à l’immeuble Kafando à partir de 9h. Nous aurons deux communications. La première communication portera sur le livre, l’état des lieux de la mise œuvre de la stratégie nationale du développement du livre au Burkina Faso. La deuxième communication portera sur « Livre et droit d’auteur au Burkina Faso ».
A 15 h dans la salle de la conférence de la Direction générale de la douane à ouaga 2000, il y aura la dédicace du livre de Koudougou Richard Guissou alias Krishguiss, intitulé le  »Fardeau de l’adolescence ».

ICF: Que pensez-vous de la littérature au Burkina Faso ?
KBD: La littérature burkinabè est une littérature émergente qui fait son parcours mais elle rencontre quelques difficultés. On pensait qu’il y avait un problème d’auteur mais aujourd’hui, ils sont nombreux. Les jeunes, moins jeunes, les femmes, tout le monde écrit. Cependant, il y’a des efforts à faire sur l’ensemble de la chaine du livre. En effet, nous avons des maisons d’éditions professionnelles insuffisantes. par conséquent, beaucoup d’imprimeurs font ce boulot sans infrastructures, sans comité de lecture, sans même connaissance du métier. Au-delà de la question d’édition qui est en droite ligne avec l’imprimerie, quelque soit le concept du livre, si il est fait par une imprimerie qui d’habitude fait des calendriers, il y aura un problème de reliure et de façonnage. Et évidemment, cette manière de faire les choses joue sur la qualité du livre.
Au-delà de l’aspect d’édition, il y a aussi la question de diffusion et de la distribution. Il faut dire que sans cela, le livre peine à arriver dans les bibliothèques, les librairies et le lecteur n’a pas accès à cela. Pour résumer, c’est non seulement une question de renforcement de la capacité des acteurs mais aussi une question de financement et de mesures administratives. Il y a la décision de la défiscalisation à prendre parce que les coûts élevés dans la production du livre ne facilitent pas la tâche. Une défiscalisation va faciliter l’accès au livre. A ce niveau, on a adopté deux textes en 2021 à savoir la 049/AN portant orientation du livre public et la loi portant 048/AN de Novembre 2019 portant propriété littéraire et artistique. Il y a des décrets d’application qui doivent être pris. Nous sommes toujours dans l’attente.

ICF: Au-delà des difficultés que vous avez mentionnées, est-ce qu’il y en a d’autres liées a ce secteur ?
KBD: Le problème fondamental lié à ce secteur est celui d’édition. La plupart des temps, nos éditions sont à compte d’auteur. C’est l’auteur qui écrit et prend toutes les charges et c’est lui encore qui se défend pour la distribution dans les librairies et dans les bibliothèques. Les maisons d’édition ne s’investissent pas dans le livre; même si d’autres en font, elles sont rares.

ICF: Quelles sont les doléances que vous avez à l’endroit de l’État ?
KBD: A l’État, nous demandons d’aider les acteurs à la structuration de ce secteur, en faisant en sorte que les textes soient pris et que l’État veille au respect et à leur application. Aussi, nous souhaitons que les structures accompagnent le livre. Je m’adresse au Fonds de développement culturel et touristique (FDCT); qu’il trouve des voies et moyens pour accompagner le livre. Même le programme PAIC-GC de fonds avec l’appui de l’Union Européenne, prend seulement en compte que trois filières: l’audiovisuel visuel et le cinéma; les arts plastiques et appliqués; et les arts de la scène. Vous n’y trouverez pas le patrimoine, ni le livre. On nous fait croire que c’est trois filières sont porteuses et peuvent tirer les autres vers le haut, mais nous pensons que des voies et moyens peuvent être trouvés pour accompagner le livre.

ICF: Avez-vous d’autres préoccupations liées à cette célébration ?
KBD: Il faut dire que nous serons dans les établissements à Ouagadougou, Banfora et Bobo-Dioulasso afin de rencontrer le jeune lectorat constitué d’élèves. En même temps, les œuvres d’auteurs burkinabè ne sont pas toujours au programme, même si on en trouve quelques unes. Quelques les élèves ne savent pas qu’il y’a des auteurs burkinabè, comment les rencontrer. C’est pour que nous irons vers les lecteurs et surtout voir comment faire pour que nos œuvres soient pris en compte dans les programmes scolaires, que ce soit au primaire, post-primaire, secondaire et au supérieur.

ICF: Nous sommes à la fin de notre entretien, quel votre dernier mot ?
KBD: Merci Infos culture du Faso pour le travail dynamique qui est fait sur le terrain. Bon vent à vous !

Interview réalisée par Boukari OUÉDRAOGO

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