ven 22 novembre 2024

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« Notre vision sera d’accroître l’influence du CENASA à l’international…», Abraham Abassagué, DG du CENASA

Véritable creuset pour la promotion, la production et la diffusion audiovisuelle et artistique, le CENASA est aujourd’hui l’une des structures culturelles les plus importantes au Burkina Faso. Et au regard des objectifs qui constituent l’essence même de sa création, d’énormes défis restent à relever. C’est en tout cas ce qu’entend faire le nouveau Directeur Général (DG) de la maison, Abraham Abassagué. Dans un entretien accordé à notre rédaction, cet illustre homme de culture revient sur sa vision du CENASA.

« Nous attendons accentuer sur la communication afin de mieux faire connaître les potentialités du CENASA », dixit Abraham Abassagué

Infos Culture du Faso (ICF): Dites-nous qui est Abraham Abassagué pour nos lecteurs ?
Abraham Abassagué (AA): Merci pour l’opportunité que vous m’offrez afin de m’exprimer. Comme vous le savez déjà, je me nomme Abraham Wezena Abassagué. Je suis sociologue de formation. Administrativement, j’ai d’abord été assistant des affaires culturelles au ministère en charge de la Culture, avant de devenir conseiller des affaires culturelles à la suite d’un autre concours professionnel. En dehors de cela, je suis artiste musicien auteur-compositeur, professeur de musique à l’Institut National de Formation Artistique et Culturelle (INAFAC). J’enseigne en effet le solfège, la technique vocale, le piano, la percussion traditionnelle et bien d’autres instruments. Je suis consultant (Union Européenne, Enabel, etc.), mais également écrivain dont ma dernière sortie s’intitule « Tiébélé ».

ICF: Autant de casquettes pour une personne. Comment arrivez-vous à répondre favorablement à toutes ces professions ?
AA: Disons qu’il y a certains de ces profils qui peuvent fonctionner indépendamment. Quand on prend mon profil de consultant, c’est un travail que je fais généralement les soirs à la maison ou pendant le week-end. Juste pour dire que j’exploite le temps en faisant en sorte que la priorité reste en faveur de l’administration.

ICF: Le 23 janvier dernier, vous avez pris fonction à la tête de la Direction Générale du CENASA, veuillez-nous donner une brève présentation de cette institution.
AA: Le Centre National des Arts du Spectacle et de l’Audiovisuel en abrégé CENASA, est un établissement public de l’État. Il a été créé en 1999. Il faut dire qu’après les états généraux de la Culture, le constat a été qu’il manquait deux instruments importants pour la culture dans notre pays. Deux instruments qui puissent contribuer à sortir notre pays de la torpeur ou du marasme culturel dans lequel nous étions afin d’être compétitifs. De ces états généraux sous l’égide du ministre Mahamoudou Ouedraogo en son temps, est ressorti qu’il faut un cadre où l’on puisse se former musicalement. C’est ce qui a permis la naissance de l’INAFAC. Par la même occasion, il a été ressorti de la création d’un espace de diffusion. l’État a donc répondu favorablement en créant le CENASA qui contient un espace de production audiovisuelle et un espace de diffusion.

Le CENASA, c’est donc le Théâtre Koamba Lankoandé de 650 places. C’est aussi le grand studio d’enregistrement live accessible à moindre coût. Nous avons également un studio pour produire des clips, des films, et toutes sortes de productions audiovisuelles. Le CENASA, c’est aussi les Ensembles Nationaux, notamment l’orchestre national et le ballet national, qui étaient des instruments de souveraineté.

La salle de spectacle Koamba Lankoandé du CENASA de 650 places

ICF: Quels étaient donc les objectifs à travers la création de cette structure ?
AA: En premier lieu, la création du CENASA répondait à un besoin, celui de la diffusion, de la production audiovisuelle. Mais au-delà de tout, il vise à promouvoir le patrimoine et à soutenir la recherche et la création artistique.

ICF: Depuis la création du CENASA, quel a été son apport dans le paysage artistique et audiovisuel ?
AA: Il faut dire que le CENASA a contribué à produire des œuvres d’un grand nombre d’artistes, comme Amity Méria, etc… En plus, la salle Koamba Lankoandé a été d’un grand apport pour les spectacles. À un moment donné, le CENASA était devenu quand même la seule salle de spectacle qui répondait aux normes de diffusion de spectacles, surtout à un coup raisonnable.

ICF: quels sont vos plus grands défis à la tête de la Direction Générale du CENASA ?
AA: L’idéal sera en effet de remettre en marche tout le train, en ce sens que c’est juste une partie du wagon qui est en marche. Quand on prend le cas des Ensembles Nationaux, il faut vite les remettre en course. Ces Ensembles fonctionnent comme des troupes, mais des troupes qui ont une certaine particularité. Ils sont donc des instruments de souveraineté de l’État, foi de quoi il urge de les remettre en marche, les faire produire, promouvoir. L’autre défi concerne les studios. Les studios (studio live et autres) du CENASA sont des sources de productions importantes accessibles à tous à moindre coût, contrairement dans le privé. Mais notre plus grand défi est de remettre en norme la salle de spectacle. Il s’agit donc de l’agrandir en prenant en compte l’espace aéré Amadou Balaké, avec toutes les commodités possibles; ce qui nous permettra de passer des 650 places actuelles à plus de 2000 places. C’est donc le projet que nous portons actuellement, et que s’il aboutissait, va doter notre pays d’une salle vraiment digne du nom et concurrentielle. La version actuelle de la salle est bien mais elle reste quand même petite; ce qui ne permet pas de rentabiliser lorsque des spectacles y sont organisés. Cependant, cela nécessite des partenariats. Et nous avons la chance, notre ministère de tutelle nous soutient dans cet élan.

ICF: Est-ce que les raisons qui ont valu la mise en place du CENASA laissent entrevoir des satisfactions ?
AA: Quoique l’on dise, le CENASA a énormément contribué dans le paysage artistique et de l’audiovisuel. Et ceux qui ont appelé de tout leur vœu sa création peuvent le confirmer aujourd’hui. Il a comblé un tant soit peu le vide qui avait été constaté, même s’il reste encore des efforts à faire. La satisfaction appelle à la plénitude, pourtant nous avons encore beaucoup de défis à relever. En fait, une structure comme le CENASA a constamment besoin de renouvellement des équipements, une mise à jour de tout le dispositif pour rester compétitif, avec la concurrence et l’évolution du monde. C’est pourquoi le CENASA a besoin d’atteindre un niveau d’indépendance de gestion, c’est-à-dire une institution capable de générer suffisamment de ressources pour éviter d’être dépendante de l’administration centrale. Quand on aura atteint cela, le CENASA restera compétitif. On pourrait en ce moment avoir des succursales à travers le pays, des répondants dans tout le pays.

ICF: Justement, c’est quoi votre vision en tant que premier responsable de la maison ?
AA: Si nous parvenons à relever les défis mineurs de fonctionnement, notre vision sera d’accroître son influence à l’international. Il faut dire que l’une des missions du CENASA, est aussi de contribuer à la coopération et à la diplomatie culturelle au plan international. Nous devons pouvoir aider la culture burkinabè à avoir une influence importante à l’extérieur. C’est vrai que la situation actuelle du pays n’est pas favorable, mais mieux vaut s’y mettre et aller plus vite quand nous aurons une situation stable et adéquate.

ICF: Y a-t-il des difficultés qui pourraient émailler cette volonté de votre Direction ?
AA: La question des difficultés est connue de tous. Cependant, elles sont toutes liées à la question des finances. Si cet aspect est résolu, je pense que tout ira pour le mieux. C’est pourquoi nous devons travailler de sorte à nouer des partenariats (privés) à même de nous aider à résoudre toutes nos difficultés. Malheureusement, certains partenaires privés ne savent pas saisir cette opportunité. Qu’à cela ne tienne, nous espérons qu’ils finissent par s’y intéresser.

La salle Koamba Lankoandé vue de l’extérieur

ICF: De façon personnelle, est-ce que monsieur Abassagué a des projets ?
AA: Bien évidemment. En tant qu’écrivain, j’ai un livre qui est en instance de sortie. Il s’agit de la suite de mon livre « Tiébélé ». C’est un livre qui parle beaucoup plus de la pénétration coloniale et ce qui s’en est suivi. C’est une histoire héroïque qui aurait été en phase avec l’actualité de notre pays. C’est donc un livre qui me tient vraiment à cœur. Il y a aussi un projet de sortie d’un album. Mais au regard, des charges administratives, cela attendra le moment opportun.

ICF: Nous sommes pratiquement au terme de notre entretien, qu’aimeriez-vous ajouter ?
AA: Je voudrais demander aux gens, surtout aux artistes de croire au CENASA. Qu’ils passent nous voir, en ce sens que beaucoup ne sont pas informés du dispositif que possède le CENASA, en terme de productions audiovisuelles et autres. Bientôt, nous allons ouvrir à temps plein l’espace aéré Amadou Balaké, où nous allons donner des café concerts tous les week-ends. Ça sera un cadre adéquat où les artistes pourront se produire, entretenir leur art, continuer à créer en attendant que la situation se normalise.

Aussi, je voudrais vous dire merci, à toute l’équipe de Infos Culture du Faso ainsi qu’à son premier responsable pour tout ce que vous faites pour la promotion du monde de la culture au Burkina Faso. C’est également l’occasion pour moi d’adresser mes remerciements et reconnaissances au ministre de la Communication, de la Culture, des Arts et du Tourisme qui m’a fait confiance en me confiant les missions de cette Direction Générale. Pour ma part, je tâcherai de donner le meilleur de moi-même.

Interview réalisée par Boukari OUEDRAOGO

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