Bosseur et talentueux, Fush Alpha fait sans doute partie des jeunes artistes chanteurs les plus adulés de ces dernières années au Burkina Faso. Son actualité est d’ailleurs marquée par la sortie récente de son single baptisé « Tond béni foo ». Un projet à travers lequel, l’artiste rend hommage au Capitaine Ibrahim Traoré pour le grain d’espoir suscité au profit des Burkinabè vis-à-vis du terrorisme. Dans un entretien qu’il nous a accordé, Fush revient sur ce single. Il fait un récapitulatif de sa carrière, tout en se confiant sur ses projets.
Ousseni Koefi de son vrai nom, Fush Alpha est né et a grandi du côté de la lagune Ébrié, avant de rejoindre le Burkina Faso lorsque ses géniteurs décident de regagner définitivement leur patrie, dans les années 1990. Un retour qui a inéluctablement éveillé une passion en lui, celle de la musique. En effet, son arrivée au Burkina Faso coïncide avec l’avènement du mouvement Rap. Et dès le lycée, le jeune Fush, commence à s’intéresser à ce style musical un peu grâce à son frère jumeau. Ensemble, ils évoluent ensemble dans le groupe Salouka. Mais le déclic lui viendra après une de leurs prestations, au cours d’une nuit culturelle du côté de Reemdogo.
« Après notre prestation ce jour-là, j’ai été émerveillé par la réaction du public. Et pour dire vrai, ce moment unique m’a vraiment motivé à vouloir réussir dans la musique. J’ai donc continué dans cet élan jusqu’à mes années universitaires », a-t-il fait savoir. Mais tout va s’enchaîner lorsqu’il rencontre son producteur en 2012. La collaboration des deux hommes va aboutir à la sortie du tout premier album de sa carrière, en 2015. Baptisé « Alpha, le commencement », ce coup d’essai de 12 titres le propulse au-devant de la scène. Un album avec beaucoup de colorations dont la pop musique et le RnB. C’est donc le début d’une véritable carrière professionnelle, auréolée d’un succès.
« Cet album était l’accomplissement d’un rêve, mais aussi un ouf de soulagement en ce sens que j’avais écourté les études afin d’évoluer dans la musique. C’était presqu’une obligation pour moi de réussir dans ce domaine. Aussi, « Baba », la chanson phare de l’album a été retenue pour la compétition de Karaoké de la RTB. C’est quelque chose qui m’a beaucoup fait plaisir. En un mot, cette chanson a été le moteur de l’album », foi de Fush. S’en sont suivis d’autres singles dont « Miné yidima », « Yapaalé », « Wamin », etc. Toutes ces sorties ont contribué à donner à Fush un encrage national digne d’un artiste adulé par son public.
Du reste, l’actualité de Fush est marquée par la sortie récente de son tout dernier single baptisé « Tond béni foo ». Pour Fush Alpha, le Burkina Faso traverse une situation exceptionnelle. Cela dit, ce single sonne comme une contribution à l’effort de guerre, contrairement à ce que certains jugent d’être du « griotisme ». C’est surtout une conviction personnelle, selon les dires de l’artiste. La profondeur du texte de la chanson permet de toucher toutes les couches engagées dans la lutte contre le terrorisme. « À un moment donné, j’ai cru que les gens étaient un peu résignés face à la situation. Mais aujourd’hui, nous avons la chance d’avoir un Président qui est venu insuffler une nouvelle dynamique. C’est donc normal que chacun accompagne cela, tout en restant dans une logique de cohésion sociale », a-t-il soutenu.
L’idée, selon Fush, est de continuer dans ce sens avec d’autres actions, notamment celles qui prendront en compte d’autres artistes. Du reste, il dit travailler là dessus, et le fera savoir au moment opportun. Qu’à cela ne tienne, l’artiste travaille également de sorte à mettre un second album sur le marché discographique. Un énième opus à travers lequel il espère conquérir l’international. De ses dires, l’encrage au niveau national est une réalité. Il faut maintenant travailler à étendre cet encrage à l’international. Cependant, il dit être conscient que cela demande un travail acharné, suffisamment de moyens financiers, le tout doublé d’une équipe dynamique afin d’avoir un réseautage efficace.
« Aujourd’hui, nous n’avons pas une véritable industrie musicale au Burkina. Et la faute revient à la fois l’État, aux artistes, aux mécènes, et aussi au public. Si chacun joue véritablement son rôle, je pense que tout ira pour le mieux. En effet, l’État devrait davantage s’impliquer quand on sait l’importance que revêt la culture, en particulier la filière musique pour le pays. Quant aux mécènes, ils doivent être patients avec les artistes car rien ne doit se faire dans la précipitation pour ce qui est de construire la carrière d’un artiste. En ce qui concerne le public, il doit soutenir les artistes. Mais il est évident que l’artiste doit également travailler à favoriser tout cela », foi de Fush Alpha.
Interview réalisée par Boukari OUEDRAOGO