Toumousseni, village situé à une quinzaine de kilomètres de Banfora, dans la région des Cascades, abrite l’une des richesses culturelles du Pays des Hommes Intègres. En effet, se trouve dans ce village le « Baobab sacré ». Ce baobab de par son caractère mystique, attire beaucoup de visiteurs nationaux et internationaux qui viennent soit pour de simples visites touristiques, soit pour avoir des solutions à leurs soucis.
L’origine du nom Toumousseni remonte à l’époque de Samory Touré qui était venu dans ce village à la recherche d’esclaves. Il trouva des femmes qui fabriquaient du beurre de karité et des hommes qui défrisaient des champs ; alors il s’exprima en ces terme : « O bi tou sènè, o bi toulou kan » d’où le nom Toumoussènè en langue turka qui signifie « labourer la foret ». Ce baobab sacré ou encore « tchoiwalé » en langue turka existerait depuis la création du village et aurait plus de 200 ans.
Le baobab sacré de Toumousseni, depuis son existence, a connu 11 gardiens dont deux femmes. Le choix des gardiens se fait par le baobab en fonction de la pureté de leurs cœurs. Noumbié Koné ou enfant de la faim en langue turka, est le 11e gardien de cet arbre mystique depuis maintenant 38 ans. Dans la tradition des habitants de Toumousseni, le baobab sacré occupe une place très importante. Selon des propos recueillis par nos confrères de la RTB auprès du gardien actuel du baobab, il aurait protégé le village contre l’armée de Samory Touré (sous la Haute-Volta) en s’ouvrant afin de laisser entrer dans ses entrailles, les habitants du village. Aussi, il assurerait leur protection et donnerait satisfaction à ceux qui l’implorent.
De par son caractère mystique et sacré, le baobab sacré de Toumousseni attire de nombreux visiteurs pour diverses raisons. Certains sont là juste pour de simples découvertes touristiques tandis que d’autres viennent pour avoir des solutions à leurs soucis car le baobab aurait le pouvoir de résoudre tout type de problème. Pour demander les services du baobab, l’intéressé doit apporter un poulet blanc pour le sacrifice. Par la suite, il accède à l’intérieur du baobab avec son poulet en compagnie du gardien qui annonce leur entrée par le son d’une cloche.
« Une fois à l’intérieur, le visiteur touche un long bois qui sert d’antenne, pour communiquer avec les esprits. Apres cette étape, il se purifie avec l’eau d’une petite source qui se trouve dans un coin à l’intérieur du baobab. Quant au poulet, il est sacrifié dehors au pied du baobab et lorsque le vœu de la personne est exaucé, elle doit apporter un mouton pour des sacrifices de remerciement », a témoigné le gardien.
Arbre sacré et mystique, la consommation de ses feuilles et fruits est formellement interdite. Celui qui enfreint aux règles doit amener un poulet blanc pour le sacrifice, en guise de réparation de la faute commise. Par contre, si les fruits tombent d’eux même, ils peuvent être consommés sans souci. A tout cela, il faut ajouter que l’accès au baobab est interdit aux sorciers et aux personnes malveillantes. Dès qu’ils s’approchent du baobab, ils sont chassés sans piqûre par les abeilles qui sont dans un coin du baobab.
Véritable patrimoine culturel, ce baobab représente un atout considérable pour notre secteur touristique. Il vaut donc l’honneur d’être visité.
Aïssata TRAORÉ (stagiaire)