ven 22 novembre 2024

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Burkina Faso: Gros plan sur l’histoire des forgerons

Au Burkina Faso, la fabrication du minerai est apparue au VIIIe siècle avant J.C. Ce métier, bien qu’occupant une place importante dans la société traditionnelle burkinabè, tend à perdre sa valeur. Les forgerons, pratiquants de ce métier noble, sont présents dans plusieurs ethnies du Pays des hommes intègres. Ils assurent plusieurs fonctions dans la société et constituent une caste dans certaines régions du pays. Vu le caractère mystique de ce métier, les forgerons sont souvent craints ou méprisés dans certaines communautés.

Le forgeron est un artisan qui forge à la main et assemble des pièces de métal pour réaliser des objets usuels. Le forgeron, encore appelé « le maitre du feu », occupe une place considérable dans la culture africaine en général et burkinabè en particulier. Son métier, le forgeage, consiste le plus souvent à fabriquer et à réparer des outils en fer comme la charrue, les couteaux, les marmites, les pioches, etc. Tous ces outils sont fabriqués dans son atelier appelé forge où il travaille à l’aide de marteau, d’enclume, de pince, de soufflet, etc.

Les forgerons sont une caste souvent marginalisée ou crainte en fonction de la communauté à laquelle ils appartiennent. Selon Feu le Pr Kiethega Jean Baptiste dans son oeuvre « Forgeron et potière du Burkina Faso », la caste des forgerons existe principalement chez les Peulh et Touareg du Nord, les Mossi du Centre, les Bobo et les Bwaba de l’Ouest. Elle existe aussi chez certains peuples mandéphones comme les Marka et les Samo (san). Toujours selon le Pr Jean Baptiste, chez d’autres peuples tels que les Bissa, les Lobi et les Gulmancé, le forgeron a un statut particulier mais que l’on ne peut pas confondre au système de caste.

Dans la plupart des communautés, le forgeage est considéré comme de la magie ou la sorcellerie ; d’où la crainte ou le mépris à l’égards de ceux qui le pratiquent. Les forgerons jouent un grand rôle dans la vie spirituelle, culturelle et sociale de la vie des communautés. Ils sont également appelés les maitres de la foudre car ils sont les seuls, habilités à toucher le corps d’une personne frappée par la foudre. Artisan du fer et du bois, le forgeron est aussi puisatier, guérisseur, médiateur social, etc. En effet, dans les sociétés traditionnelles, en cas de conflit, le forgeron servait d’intermédiaire pour le retour de la paix.

A la fois craints et méprisés, les forgerons se marient entre eux. De plus, selon la tradition, certains Peulh et Mossi ne doivent pas avoir un lien matrimonial avec les forgerons. Dans « La figure du forgeron à travers les devises chez les Moose » du Dr Moumouni Zoungrana, il ressort que « le forgeron ayant reçu le secret du feu et du fer, s’abstient de toutes relations matrimoniales avec les autres groupes socioprofessionnels afin de préserver sa technicité. Il pratique l’endogamie dans le but de conserver son savoir-faire et son identité ».

De nos jours, avec la modernisation, on assiste de plus en plus à des mariages entre forgerons et autres ethnies. Actuellement, beaucoup de forgerons n’exercent leur métier qu’en saison sèche; ils sont devenus cultivateurs et consacrent une partie de leur temps à remplir leurs propres greniers. A cela, il faut ajouter que le forgeage est aujourd’hui pratiqué également par des non-forgerons qui ont appris le métier avec les forgerons.

Aissata TRAORE (stagiaire)

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