La deuxième journée des Rencontres Musicales Africaines (REMA) a été marquée par des grands panels au profit des artistes, ce vendredi 20 octobre 2023 à Bravia hôtel à Ouagadougou. « Diversité artistique et découvrabilité au cœur de la création musicale », c’est le thème général. Il sera réparti en sous thèmes. Dans un premier panel, quatre professionnels ont partagé leurs expériences autour du thème :« Le marché de la diffusion en ligne et accès aux contenus ».
Les panélistes sont Didier Awadi, co-fondateur du groupe Positive Black Soul, Didier Toko, Directeur du Up High Lab à Douala au Cameroun, Destiny Tchehouali, Professeur de Communication sociale et publique de l’Université du Québec, Lassana Zerbo, manager de l’équipe de production du rappeur Youssoufa.
C’est une salle pleine à craquer qui a accueillie les panels. Destiny Tchéouly, l’un des panélistes a donné les importances du digital. Selon lui, la découvrabilite numérique passe par le travail collectif : « Le pari de la découvrabilité digitale passe par la culture de faire ensemble. Il faut avoir 72 écoutes d’un son sur Spotify pour avoir un euro. Logiquement, c’est très minime en terme de rentabilité.
Mais, elle contribue au moins à la visibilité de l’artiste. Pour y arriver il faut le travail collectif », a t-il informé. C’est au manager du rappeur français, Youssoufa, Lassana Zerbo d’ajouter qu’avant tout c’est la qualité de la chanson. « Moi, j’ai toujours demandé à mes artistes de me donner des bonnes musiques, afin que je puisse les vendre. Notre musique a un problème de qualité. Ce qui fait que nous avons beaucoup d’artistes mais peu qui réussissent leur carrière », a-t-il appuyé.
« Pour bien avancer, l’artiste doit monter une équipe. Avant tout, c’est la qualité de la chanson qui détermine la réussite d’un artiste sur les plateformes numériques», à-t-il martelé, rappelant que les artistes occidentaux qui réussissent sont tous entourés d’une équipe. Selon lui, c’est une équipe complète de plusieurs talents qui font le succès d’un artiste et sur la scène et sur les plateformes numériques.
Le rappeur sénégalais Didier Awadi ne s’est forcément pas s’inscrit dans la même dynamique que ces confrères panelistes. Mais, il a avoué qu’il est en apprentissage du numérique. Pour lui, le digital est un luxe pour les artistes africains. Il va jusqu’à montrer l’insuffisance de certaines applications notamment boomplay, Spotify, etc qui stockent les données et les gèrent selon sa volonté. « La vente des chansons sur les plateformes numériques est une affaire de génération », a-t-il affirmé, réitérant qu’il est à l’école du numérique avec son équipe pour pouvoir maîtriser davantage le digital qui s’est imposé à la génération actuelle.
Du côté de Didier Toko, il a plaidé pour une souveraineté digitale et la participation des opérateurs et des associations au développement de l’industrie musicale africaine.
Intervenant au cours du deuxième panel, Tony Mefe, Directeur artistique Association Scène d’Ebène à Yaoundé au Cameroun ; Heaven Marc, Coordinateur de Warner Music ; Jean Yves Kokou, Co-fondateur chez Jaiye Enjoy Good Music en France et Lucy Ilado, journaliste critique d’Art au Kenya, ont pris place au présidium. Ils ont porté leur communication sur: « La recommandation: mainstream ou diversité ».
Toutes les solutions nécessaires ont été évoquées pour répondre à cette préoccupation. Ainsi, Lucie Ilado a introduit la thématique avant de laisser la place à Thomas. Elle dit avoir participé à un projet de l’Union africaine dans lequel l’institut régionale a suggéré aux pays africains 1% de leur budget au financement de la culture. Elle pense que cette idée doit être poussée loin jusqu’à atteindre son objectif. Elle a également plaidé pour la recherche de nos propres datas. « Nos gouvernements doivent investir dans la recherche de data, propre à l’Afrique », a-t-elle plaidé.
« Le data aujourd’hui c’est l’information mondiale », a mentionné Marc Heaven. À l’en croire, le digital est une opportunité que tout artiste doit maîtriser pour se faire une visibilité aux plateformes numériques. Mais, il a rappelé que cela se passe par l’originalité de l’œuvre qui est diffusée.
Même regard pour Tony Mefe qui a recommandé une gestion collective de la carrière des artistes en impliquant les opérateurs économiques afin d’avoir une véritable industrie musicale africaine.
D’un autre regard, Jean Yves koukou a communiqué pour une industrie musicale africaine efficace. Il a cité comme exemple, l’industrie musicale indienne. Selon lui, les acteurs de la musique africaine doivent investir pour la recherche et la création des plateformes africaines traduites dans toutes les langues du continent. À l’en croire, cela permettra de susciter de l’engouement à l’endroit des populations.
Le promoteur des REMA, Alif Naaba, a saisi l’occasion pour remercier le public et encourager la pertinence des analyses faites par les communicateurs. C’est un public épanoui qui a témoigné l’évènement. C’est ainsi que l’artiste ivoirien Naftaly a affirmé : « C’est un apprentissage à nouveau chez moi. J’ai découvert beaucoup de choses qui seront utiles à ma carrière ».
Un troisième panel est prévu le 21 octobre 2023 à partir de 9h à l’hôtel Bravia.
Modou Traoré (Collaborateur)