Du 4 au 16 mars, Ouagadougou et Koudougou, deux villes burkinabè accueillent une formation en construction et architecture en terre, initiée par l’association« Fact Sahel+ ». À cette occasion, une délégation malienne y compris des étudiants avec à sa tête le directeur général, Abdoulaye Deyoko de l’Ecole supérieure d’ingénierie, d’architecture et d’Urbanisme (ESIAU), venue de Bamako, partage leurs expériences dans le domaine d’architecture en terre durant deux semaines. L’ouverture a eu lieu ce lundi 4 mars 2024 dans le centre de l’association « Yaam solidarité », membre de Fact Sahel+ depuis maintenant plusieurs années plus précisément à Bouassa, un quartier populaire de Ouagadougou.
« Former des jeunes maliens et burkinabè en architecture de terre », c’est la principale raison de la présence des étudiants de l’Ecole supérieure d’ingénierie, d’architecture et d’urbanisme et leur directeur dans le pays des « Hommes intègres ». Pour réussir ce pari, ils collaborent avec Yaam solidarité, évoluant aussi au Burkina Faso dans la construction de terre avec des matériaux locaux. C’est donc le centre de Yaam Solidarité, qui est servi de cadre pour accueillir leur partenaire malien et pour la formation à Ouagadougou. Toutes sont des associations regroupées dans le Fact Sahel+, qui est un forum des acteurs de construction de la terre.
À en croire le directeur général de l’ESIAU, Aboulaye Deyoko : « Dans nos pays, on a constaté que la terre est dévalorisée. Quand les gens ont l’argent, ils cassent leur construction en terre au profit du ciment, alors que la terre a plus de valeur que le ciment. C’est dans ce cadre-là que nous sommes là pour sensibiliser les gens pour que nos enfants reviennent à la terre, qu’on les forme afin qu’ils soient capables de faire du miracle avec la terre », a- t-il laissé entendre. Le DG vise à décentraliser les activités de Fact Sahel+, car, selon lui, l’association regroupe une centaine de pays y compris des pays d’Europe et d’Amérique. « Une chose qui a été initiée en Afrique, plus précisément au Mali, intéresse même le monde entier. C’est pourquoi nous visons dès à présent à faire de telle sorte que chaque pays organise une journée d’architecture de terre chez lui, afin d’archiver des documents pour la génération à venir », a indiqué M. Deyoko.
Il a révélé que c’est un honneur aujourd’hui de voir tous ces adhérents à l’association, mais, a-t-il insisté, l’honneur revient au Burkina, qui a mis plus d’effort pour nous accompagner dès le début. Il a précisé également que l’objectif de cette formation, c’est de pouvoir répondre aux problèmes de l’élargissement de nos villes au Sahel. « J’ai été choisi par le gouvernement burkinabè, chef de mission de stratégie de grand Ouaga dans les années 90. Je pense que je connais Ouagadougou », a-t-il rappelé. Et d’ajouter : « Je pense que nous allons aussi enseigner à travers cette formation aux étudiants, une stratégie de construction et d’urbanisme qui répondent à notre réalité », a – t-il signifié.
Attendus à leur séjour au Burkina Faso, des formations sur les matériaux de construction, la nature de la terre de construction, le crépissage, la toiture et aussi les perspectives.La deuxième semaine sera concentrée sur des visites notamment au palais royal de Koudougou, le marché et les réalisations de l’architecte, Francis Kéré. Cela s’ajoute à des rencontres avec des autorités et personnalités burkinabè.
Une formation qui a enregistrée déjà des heureuses personnes. C’est le cas d’Alice DJoba Dao, étudiante d’ESIAU du Mali, qui dit être très heureuse de l’initiative. « Cette formation permet à nous étudiants de connaître la terre, notre origine. Les populations du Sahel vont vers le ciment alors que la terre est bonne pour notre réalité. La preuve pendant la période de la chaleur, il fait extrêmement chaud, or, dans les maisons construites par terre, il fait frais à l’intérieur », a -t-elle révélé. Elle a ajouté avoir appris la nature de la terre et sa qualité à cette occasion. Elle rêve après ses études de se spécialiser uniquement dans les constructions en terre.
Connu également au Burkina Faso pour ses constructions en terre et avec les matériaux locaux, «Yaam solidarité » représentée par Lébrini Dadjouari, salue le séjour des Maliens à travers cette formation. « Nous saluons la participation des Maliens malgré le contexte actuel de nos pays. Cela est une grande opportunité de partage d’expériences entre les acteurs de construction de nos deux pays », a -t-il laissé entendre. M. Dadjouari informe également que des conférences sur la construction de terre sont également attendues dans le programme.
D’autres partenaires seront de la partie dans les jours prochains. L’Université Saint Dominique d’Afrique de Ouest (USDAO) du Burkina prennent part déjà à la formation par la présence d’une vingtaine d’étudiants a dit, l’enseignent en architecture de ladite Université, Pa Mohamed Lamine Bondy.
« Nos étudiants participent aux activités de Fact Sahel+ depuis 3 ans. C’est une formation qui les permet de créer et d’innover. Et, ça, nous les ressentons dans nos projets », a-t-il confirmé. Et c’est son étudiant d’apprécier également la formation. « La formation commence très bien, car le partage d’expérience des acteurs de Fact Sahel + du Mali et ceux de Yaam solidarité nous a été une découverte. Je pense que s’inspirer de la construction de nos parents pour innover est une bonne chose et c’est ce qu’on a appris» s’est réjoui, l’étudiant, Evrard Y. Lompo.
L’association Fact Sahel, qui a été créée par les enseignants de l’Ecole Supérieure d’Ingénierie, d’Architecture et d’Urbanisme, basée au Mali, est la mère de Fact Sahel+, qui est un forum des acteurs de la construction de la terre. Au début, elle visait uniquement les pays du Sahel. Les adhérents des pays côtiers notamment le Togo, le Bénin, mais aussi la France, les États Unis, le Brésil ont fait que l’association se rebaptise Fact Sahel+.
Modou Traoré (collaborateur)