Rencontrer Bonkoungou Mahamadi, c’est découvrir un homme passionné par la culture et le théâtre. En tant que promoteur du Bienvenue Théâtre de Bazèga (BTB), il œuvre pour l’éducation artistique des jeunes et la promotion du théâtre comme levier de développement social. Dans cet entretien, il revient sur son parcours, ses défis et ses projets pour l’avenir du théâtre burkinabè, ainsi que sur son engagement envers la jeunesse à travers des initiatives telles que le Prix des Arts Scolaires (PAS).

Infos Culture Du Faso (ICF) : Pouvez-vous vous présenter et nous parler de votre parcours avant de vous engager dans le domaine du théâtre et de la culture ?
Bonkoungou Mahamadi (BK): Merci beaucoup. Je me nomme Bonkoungou Mahamadi, originaire de Kombissiri, où j’ai effectué mes études primaires et secondaires. Pendant mon parcours, j’ai eu l’occasion de rencontrer le professeur Prosper Kompaoré, homme de théâtre, à l’Atelier Théâtre Burkina. Grâce à lui, nous avons approfondi nos connaissances en théâtre. Après quelques années de formation, nous avons décidé de créer une troupe artistique Bienvenue Théâtre à Kombissiri, spécialisée dans le théâtre d’intervention sociale et d’auteur.
I.C.F : Qu’est-ce qui vous a motivé à créer le Bienvenue Théâtre de Bazèga (BTB) et à promouvoir le théâtre au Burkina Faso ?
BK : Ma motivation, c’est la passion. Depuis mon enfance, j’ai été pionnier de la révolution, où je jouais du djembé, participais à des danses et des sketches pour accompagner divers événements. La création d’une troupe artistique est née du besoin d’expression. Le théâtre ne connaît pas de sujets tabous, et nous avons voulu aborder toutes les thématiques possibles à travers cet art.
I.C.F : Quels ont été les principaux défis rencontrés dans la mise en place et le développement de BTB ?
BK : Les principaux défis concernent la structuration de la troupe, la formation des membres adhérents, l’acquisition d’équipements et le manque d’infrastructures. Aujourd’hui, notre priorité reste les infrastructures. Il ne suffit pas de créer, il faut aussi diffuser et exporter nos œuvres là où le besoin se fait sentir.

I.C.F : En 2022, vous avez été distingué Baobab d’Or du théâtre africain. Quel impact cette distinction a-t-elle eu sur vos projets et sur le théâtre burkinabè ?
BK : Cette distinction a eu un impact positif, tant sur le théâtre burkinabè que sur le théâtre africain en général. Le Baobab d’Or du Théâtre Africain est décerné aux praticiens du théâtre ayant au moins vingt ans d’expérience et une carrière professionnelle bien établie. Ce prix, organisé par l’Atelier Théâtre Burkinabè et le Ministère de la Culture, vise à encourager la création et la recherche théâtrales. Il existe trois niveaux de distinction Or, Argent et Bronze. Nous avons eu l’honneur d’être distingués par le Baobab d’Or, une reconnaissance qui renforce notre engagement à promouvoir et développer le théâtre en Afrique.
I.C.F : Vous avez lancé en 2007 le Prix des Arts Scolaires (PAS). Pouvez-vous nous en dire plus sur sa genèse, ses objectifs et son évolution ?
BK : En développant notre pratique théâtrale, nous avons constaté un vide au sein de la jeunesse en matière d’éducation artistique. C’est ainsi qu’en 2007, nous avons lancé le Prix des Arts Scolaires (PAS) pour promouvoir l’éducation artistique dans les écoles et collèges. L’objectif était d’enseigner aux enfants les bases de la scène à travers le théâtre, la danse, le ballet et le récital. Ces disciplines leur permettent de mieux se découvrir et de sensibiliser les parents à leur potentiel artistique, créant ainsi un environnement d’apprentissage épanouissant.
I.C.F : Cette année, le PAS est à sa 18ᵉ édition. Quelles en seront les grandes articulations ?
BK : Les grandes articulations de cette édition incluent. Des séances de formation pour les bénéficiaires. Une cérémonie de restitution où les participants présenteront leur travail.

I.C.F : Le thème retenu pour cette édition est « Éducation culturelle et engagement patriotique ». Qu’est-ce qui vous a guidé dans ce choix ?
BK : Ce thème interpelle chacun de nous à accompagner le Burkina Faso dans sa quête de souveraineté.
I.C.F : Pourquoi est-il essentiel de sensibiliser les jeunes à la culture et aux arts à travers des initiatives comme le PAS ?
BK : La culture est le cœur du développement. Lorsqu’un peuple est ancré dans ses valeurs culturelles, il parvient à se développer plus rapidement. Former les jeunes aux pratiques artistiques et culturelles leur permet d’être plus responsables et de mieux s’intégrer dans la société.
I.C.F : Parlez-nous un peu du PAS de cette année. Avez-vous des accompagnements ?
BK : Le PAS 2025 se tiendra du 14 au 19 mars 2025 à Kombissiri, à environ 40 km de Ouagadougou. Cette année, nous accueillerons plus d’une vingtaine d’établissements, plus d’une centaine d’œuvres présentées, 400 festivaliers, environ 1 200 spectateurs chaque soir, un volet tourisme interne pour mettre en valeur la région. Nous remercions le Ministère de la Communication, de la Culture, des Arts et du Tourisme, qui est le patron de cette édition, ainsi que le Ministre de l’Enseignement de Base, qui est co-patron.

I.C.F : Quel message ou conseil donneriez-vous aux jeunes artistes et créateurs qui souhaitent se lancer dans le théâtre et la culture ?
BK : Ayez la passion, mais surtout, formez-vous. Il faut aussi être patient et se construire un bon réseau.
I.C.F : Avez-vous un mot de fin pour clore cet entretien ?
BK : Je tiens à remercier l’équipe de Infos Culture du Faso, nos partenaires et tous ceux qui nous écoutent. Je profite aussi de votre plateau pour lancer un cri de cœur à toute personne qui croit que la culture est un levier essentiel du développement. Que ce soit par une contribution en nature, en expertise, en volontariat ou en ressources financières, chaque geste compte. Toutes ces contributions peuvent aider les acteurs culturels, comme Bienvenue Théâtre, à exceller et à atteindre leurs objectifs pour réaliser un rêve commun celui d’une culture forte et rayonnante au service de notre société.
Interview réalisée par Parfait Fabrice SAWADOGO