mar 1 avril 2025

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Clémence Zongo : une coiffeuse artistique passionnée qui sublime l’art capillaire au Burkina Faso

De ménagère à coiffeuse artistique, Clémence Zongo, fondatrice de la maison Holy Création, incarne la résilience et l’innovation dans le monde de la coiffure. À travers ses créations uniques, elle transmet des messages forts et aspire à valoriser la coiffure artistique au Burkina Faso. Retour sur un parcours inspirant, marqué par la détermination et l’amour de l’art.

Infos Culture Du Faso (ICF) : Pouvez-vous nous parler de votre parcours et de ce qui vous a amenée à la coiffure artistique ?

Clémence Zongo : Je suis Zongo Clémence de la maison Holy Création. Avant de me lancer dans la coiffure, j’ai travaillé comme ménagère, ou ce que l’on appelle souvent  »une bonne », pendant 7 ans. J’avais aussi appris un peu la couture dans un atelier situé non loin de mon lieu de travail. En 2009, après avoir occupé plusieurs emplois, j’ai décidé de me former à la coiffure. J’ai suivi une formation dans un salon, et grâce à une école de formation allemande, j’ai pu bénéficier de partenaires qui ont financé mes frais de formation.

I.C.F : Qu’est-ce qui distingue la coiffure artistique de la coiffure traditionnelle ?

Clémence Zongo : La coiffure artistique a pour but de transmettre un message. Quand on parle d’artistique, il s’agit d’une création réfléchie et imaginée. En revanche, la coiffure traditionnelle est plus liée à nos coiffures culturelles et ancestrales.

I.C.F : D’où tirez-vous votre inspiration pour créer des œuvres capillaires uniques ?

Clémence Zongo : Je dirais que c’est Dieu qui m’inspire. Il y a quelques années, je n’aurais jamais imaginé me lancer dans la coiffure, encore moins dans la coiffure artistique. Un jour, à l’église, j’ai reçu une révélation me disant que c’est dans la coiffure que je réussirais. Malgré des périodes où j’ai voulu abandonner, en 2020, après le confinement, j’ai fait un rêve où je réalisais une coiffure. Le lendemain, j’ai demandé à une collègue si je pouvais recréer cette coiffure sur elle. Elle a accepté, et une fois terminée, la coiffure ressemblait à celle d’une jeune fille. J’ai fait quelques ajustements et améliorations, et c’est ainsi que tout a commencé.

I.C.F : Quels sont les matériaux les plus inhabituels que vous avez utilisés pour vos créations ?

Clémence Zongo : Cela dépend du type de coiffure que je souhaite réaliser, mais j’utilise fréquemment du fer mou, qui permet de modeler et de donner une forme particulière à la coiffure.

I.C.F : Quel a été votre plus grand défi en tant que coiffeuse artistique ?

Clémence Zongo : Le premier jour où j’ai voulu transmettre un message à travers ma coiffure, c’était en lien avec la guerre. J’ai choisi de créer le signe de Thomas Sankara, mais cela n’a pas été facile. J’ai passé plusieurs nuits blanches et prié beaucoup. Mais après avoir terminé, j’étais très émue et j’ai compris que c’était un travail important et que j’irai loin avec la coiffure artistique.

I.C.F : En 2021, vous avez remporté le trophée de bronze au concours « Ivoire Mod’Or ». Que représente cette récompense pour vous ?

Clémence Zongo : Cela représente énormément pour moi, car j’étais toute nouvelle dans ce domaine. Une grande mannequin de la Côte d’Ivoire m’a contactée pour participer à ce concours. Au départ, je n’avais pas de financement, mais trois semaines avant le concours, elle m’a recontactée, et j’ai échangé avec le promoteur qui a été impressionné par mes créations et a même demandé à utiliser l’une de mes photos pour leur affiche. Au concours, nous étions 52 candidats, et c’était la première fois que je participais à un concours international. Malgré un vol de mon matériel qui a affecté ma performance, je suis fière de ma place en finale.

I.C.F : Vous avez récemment travaillé sur la cérémonie d’ouverture et clôture du FESPACO 2025. Comment s’est déroulée cette expérience ?

Clémence Zongo : C’était un honneur pour moi, car c’était ma première participation à un événement de cette envergure. Voir les gens apprécier mes coiffures m’a énormément réjouie.

I.C.F : Pensez-vous que la coiffure artistique est suffisamment valorisée au Burkina Faso ?

Clémence Zongo : Non, je crois que c’est seulement maintenant que les gens commencent à prendre la coiffure artistique au sérieux. Même lorsque je donne le prix d’une coiffure artistique, les gens sont souvent choqués, alors qu’il y a un grand travail derrière chaque réalisation.

I.C.F : Quels conseils donneriez-vous aux jeunes qui souhaitent se lancer dans la coiffure artistique ?

Clémence Zongo : Il faut avoir l’amour et la patience. Sans cela, il sera difficile de travailler et de réaliser de grandes choses, car on peut vite se lasser.

I.C.F : Quels sont vos projets et ambitions pour l’avenir ?

Clémence Zongo : J’aimerais ouvrir un centre de formation pour la coiffure africaine et artistique, afin de permettre à ceux qui aiment la coiffure de se former et de s’exprimer à travers cet art. J’aimerais également m’exporter, car au Burkina Faso, ce métier ne nourrit pas encore bien son homme.

I.C.F : Avez-vous quelque chose à dire aux autorités ?

Clémence Zongo : J’aimerais demander aux autorités, en particulier au BBDA, de revoir la protection de nos œuvres. À plusieurs reprises, des personnes ont été étonnées de voir des coiffures que j’ai réalisées et de savoir que c’étaient mes œuvres, car elles les ont vues sur des chaînes étrangères. Cependant, le BBDA nous indique que notre domaine n’est pas reconnu. Pourtant, nous travaillons dur pour ces créations, et de ne pas avoir cette reconnaissance est décourageant.

I.C.F : Un mot de fin pour nos lecteurs ?

Clémence Zongo : Je remercie toujours Dieu, car sans lui, je ne serais pas là où je suis aujourd’hui. J’encourage tous les travailleurs à faire leur travail avec amour et à ne jamais baisser les bras. Et que la paix revienne dans notre pays.

Interview réalisée par Parfait Fabrice SAWADOGO

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