Haut lieu culturel, touristique et symbole identitaire de la région du Centre-Sud, le Pic du Nahouri se dresse fièrement au-dessus de Pô, la capitale provinciale. Entre légendes, défis sportifs et richesses naturelles, ce joyau granitique incarne à la fois l’âme des peuples kasséna et l’attrait croissant du Burkina Faso pour l’écotourisme.

Un géant de granit dans la savane
Situé à environ 153 km au sud de Ouagadougou, à proximité de la frontière avec le Ghana, le Pic du Nahouri culmine à 447 mètres d’altitude. Bien que modeste comparé à d’autres reliefs africains, ce piton rocheux impressionne par sa silhouette isolée qui émerge soudainement de la plaine, telle une sentinelle de pierre.
Formé il y a des millions d’années, le pic est un inselberg, c’est-à-dire une colline rocheuse isolée résultant de l’érosion. Ce phénomène géologique lui confère une aura majestueuse. À sa base s’étend une végétation typique de la savane, riche en espèces endémiques.

Une histoire et des croyances enracinées
Pour les peuples autochtones, notamment les Kasséna et les Nankana, le Pic du Nahouri n’est pas qu’un simple rocher. Il est chargé de spiritualité et constitue un lieu de mémoire et de rites traditionnels. Certaines familles ou communautés y accomplissent encore des sacrifices ou des cérémonies à des moments clés de l’année, en lien avec la pluie, la fertilité ou la protection des ancêtres.
Des récits oraux évoquent la présence de bons esprits au sommet, affirmant que seuls ceux qui montent avec respect peuvent en apprécier la beauté sans incident. Ces légendes nourrissent la mystique du lieu et attirent autant les curieux que les passionnés de culture.

Un défi sportif et touristique
Le Pic du Nahouri est aujourd’hui une destination de plus en plus prisée par les touristes, les étudiants, les randonneurs et les amoureux de la nature. Sa montée, bien que courte, exige un effort physique soutenu. Il faut souvent gravir ses flancs abrupts à l’aide de cordes fixées dans la roche, rendant l’ascension aussi sportive qu’exaltante. Il accueille aujourd’hui deux grands événements : Altitude Nahouri et Excursion Nahouri, mêlant sport, découverte et convivialité.
Une fois au sommet, le visiteur est récompensé par une vue panoramique à couper le souffle sur la région : champs cultivés, villages, forêts clairsemées… Un véritable paradis pour les photographes et les amateurs de biodiversité.

Un levier pour le développement local
Autour du pic, plusieurs initiatives locales ont vu le jour pour valoriser le site tout en respectant l’environnement. Des associations communautaires encadrent les visites, tandis que des guides locaux formés assurent la sécurité et transmettent leurs connaissances sur la faune, la flore et l’histoire du lieu.
Des projets d’hébergements écologiques, des circuits culturels incluant notamment la découverte des habitats traditionnels kasséna dans la commune voisine de Tiébélé, ainsi que des festivals locaux comme le Tour du Nahouri, participent à faire du site un pôle dynamique du tourisme responsable au Burkina Faso.

Un patrimoine à protéger
Comme beaucoup de merveilles naturelles, le Pic du Nahouri fait face à des défis : l’érosion, le déboisement, la pression touristique non maîtrisée. Il est donc essentiel de renforcer les mesures de protection et de sensibilisation, en impliquant les communautés locales comme partenaires à part entière.
Le Pic du Nahouri n’est pas qu’un sommet. C’est un symbole. Un repère géographique, culturel et spirituel. Il incarne l’harmonie entre l’homme et la nature, entre modernité et tradition, que le Burkina Faso a tant à offrir. Le découvrir, c’est s’élever un peu plus haut dans la connaissance de soi et de l’autre.
Parfait Fabrice SAWADOGO