C’est une consécration historique pour le Burkina Faso. Depuis le 26 juillet 2024, la Cour royale de Tiébélé figure officiellement sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Ce site unique, connu pour ses habitations décorées de motifs traditionnels, témoigne de l’ingéniosité architecturale, de l’organisation sociale et de la richesse culturelle du peuple kasséna.

Un site historique et culturel exceptionnel
Située dans la province du Nahouri, à l’extrême sud du Burkina Faso, la Cour royale de Tiébélé est un complexe d’habitations traditionnelles construit par les Kasséna, l’un des plus anciens peuples du Burkina Faso. Elle abrite la résidence du chef traditionnel ainsi que des membres de la famille royale. C’est aussi un lieu de culte, de rites, de médiation et de transmission des savoirs et savoir-faire.

Les maisons de la cour, construites en banco (mélange de terre, de paille et d’eau), sont magnifiquement recouvertes de fresques géométriques peintes à la main à l’aide de pigments naturels. Chaque motif porte une signification : protection, fertilité, unité, spiritualité… Les femmes, véritables gardiennes de ce savoir-faire ancestral, en sont les principales artistes.

Une organisation sociale codifiée
La Cour royale de Tiébélé n’est pas un simple espace d’habitation. Elle reflète une structuration sociale très structurée, où chaque case, chaque ménage, chaque passage obéit à des règles précises. Les bâtis sont regroupés selon les lignées, avec des espaces réservés aux rites, aux notables aux aînés, aux femmes ou aux enfants.

L’entrée de la cour est strictement réglementée, et certains secteurs ne peuvent être accessibles qu’avec l’autorisation du chef ou des notables. Ce respect des hiérarchies sociales et spirituelles fait partie intégrante de la vie kasséna et constitue un élément essentiel du patrimoine immatériel associé au site.

Une reconnaissance internationale
L’inscription de la Cour royale de Tiébélé, le 26 juillet 2024 sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO marque une reconnaissance de l’importance universelle de ce site. Il a été reconnu non seulement pour son architecture vernaculaire exceptionnelle, mais aussi pour le rôle central qu’il joue dans la préservation des traditions et des savoirs autochtones.
Cette reconnaissance est le fruit de plusieurs années de collaboration entre les autorités burkinabè, les chefs traditionnels, les acteurs culturels, la municipalité de Tiébélé et des partenaires internationaux. Elle ouvre la voie à une meilleure protection du site, à un appui technique accru et à un développement touristique durable et encadré.

Un moteur de développement local
L’intérêt croissant pour Tiébélé attire désormais touristes, chercheurs, journalistes et artistes. Pour répondre à cette demande tout en protégeant l’intégrité du lieu, plusieurs initiatives locales ont vu le jour : mise en place de circuits de visite guidée, formation de jeunes guides, valorisation de l’artisanat local (poterie, tissage, peinture), développement d’infrastructures respectueuses de l’environnement.
Le site est aussi devenu un espace éducatif, où les jeunes Kasséna sont formés à la préservation des techniques architecturales et artistiques traditionnelles. Le tourisme, lorsqu’il est bien encadré, devient ainsi une source de revenus pour la communauté tout en renforçant la fierté identitaire.

Un symbole vivant et inspirant
La Cour royale de Tiébélé n’est pas seulement un lieu chargé d’histoire, c’est aussi un espace de vie, un musée à ciel ouvert où l’esthétique rejoint le sacré, où chaque mur raconte une histoire. Son inscription au patrimoine mondial de l’UNESCO rappelle au monde la valeur inestimable des cultures africaines enracinées, vivantes et porteuses d’avenir. Tiébélé est désormais un phare culturel du Burkina Faso : un symbole de beauté, de résilience et d’inspiration.
Parfait Fabrice SAWADOGO