La cuisine du Burkina Faso comme beaucoup de cuisines d’Afrique a longtemps été méconnue par le reste du monde. Une cuisine pourtant très diversifiée avec de bons plats originaux très riches et appréciés qui varient selon les régions. La plupart des recettes du Burkina Faso sont à base de riz, de maïs ou de fonio ; les céréales sont donc beaucoup consommées. Cependant, il existe d’autres recettes comme le « chitoumou » ou chenille, dont il sera question dans cet article.
La chenille de karité ou chitoumou en langue locale dioula, est une spécialité de l’ethnie Bobo. Elles proviennent d’un papillon que l’on appelle scientifiquement Cirina butyrospermu et elles se nourrissent exclusivement de feuilles de karité. Vers le mois d’août-septembre, les chenilles commencent à descendre de l’arbre pour s’enfouir sous terre où elles vont continuer leur cycle, c’est -à-dire, se transformer en cristallite puis en papillon. C’est ce papillon qui va encore pondre les œufs tout juste pendant la saison des pluies et le cycle se poursuit.
Les chenilles étaient jadis consommées par les ressortissants du Houet. De nos jours, les chenilles de karité sont consommées par presque toute la population burkinabè et elles s’exportent même hors de nos frontières. Si les vieux Bobo affirment qu’ils ont trouvé les chenilles à leur naissance, il se trouve qu’il n’y a pas de référence historique fiable en ce qui les concerne. En effet, les chenilles seraient venues de la migration, puisque c’est par un marabout venu du Niger que les Bobos mandarê les auraient connus. Pourtant une autre hypothèse développe l’idée selon laquelle la consommation des chenilles aurait commencé précisément à une période de famine.
La cueillette des chenilles se fait généralement par des femmes qui dès l’aube sont déjà en brousse où elles les ramassent au pied des arbres de karité. Les chenilles ainsi collectionnées, sont cuites à l’eau et à la potasse, puis séchées avant la conservation. Les chenilles ainsi transformées peuvent être conservées pendant longtemps. Il existe plusieurs recettes de chitoumou dont les chenilles frites, la soupe de chenille au soumbala, la sauce de chenille aux feuilles d’oseilles, la salade de chenille, le riz gras aux chenilles, le couscous de petit mil aux chenilles, etc.
Très nourrissantes, riches en fer et en oméga 3, les chenilles de karité contiennent également plus de 60% de protéines, soit le double de la viande. Ecrasées, puis incorporées aux bouillies des enfants, elles peuvent contribuer à lutter contre la malnutrition. Par ailleurs, les chenilles interviennent dans la pharmacopée traditionnelle notamment dans la lutte contre la rage. Elles tiennent également un rôle dans les cérémonies rituelles de la population d’ethnie Bobo.
Aissata TRAORE (stagiaire)