À l’occasion du FESPACO 2025, Infos Culture du Faso s’est entretenu avec Augusta Bomsoya Palenfo, actrice, réalisatrice et promotrice culturelle. Son long-métrage Waongo, en compétition officielle cette année, porte un message fort sur la cohésion sociale. Elle revient sur son parcours, les défis du cinéma burkinabè et ses ambitions pour l’avenir.

Infos Culture du Faso (ICF) : Pour commencer, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Augusta Palenfo : Je suis Augusta Bomsoya Palenfo, artiste comédienne, réalisatrice et productrice. Je suis également promotrice du Festival International du Rire et de l’Humour de Ouagadougou (FIRHO), directrice générale de MALCOUNAWIN PRODUCTION INTERNATIONAL SARL et présidente d’ELIPSE CULTURE et SOLIDARITÉ.
ICF : Qu’est-ce qui vous a poussée à vous lancer dans le cinéma et le théâtre ?
Augusta Palenfo : Il fallait bien choisir un métier, et j’ai opté pour celui-ci. Toute petite, un homme était de passage chez nous et a conseillé à ma mère de m’inscrire chez Prosper Compaoré, car il trouvait que j’avais des atouts pour devenir actrice. Ma mère n’était pas convaincue, alors j’ai pris les devants en faisant mes recherches et me suis inscrite moi-même à l’Atelier du Théâtre Burkina qui ouvrait justement cette année-là, en 1996-97. Il fallait payer 7500 F pour la formation annuelle.
J’ai commencé par le théâtre, évoluant de compagnie en compagnie… J’ai travaillé deux ans avec la compagnie Marbayassa, ce qui m’a permis de voyager et de découvrir le monde tout en exerçant mon art. Ensuite, j’ai rejoint la Compagnie des Merveilles, où j’ai remporté le Grand Prix de l’Humour aux côtés de Moussa Petit Sergent.
Par la suite, je me suis lancée en freelance. Un jour, lors d’un casting organisé par feu Missa Hébié à la RTB, j’ai décroché le rôle de l’amie de l’actrice principale. Depuis, dès que j’entendais parler d’un casting, j’y allais. Si j’étais retenue, tant mieux ! Sinon, je continuais mon chemin…

ICF : En tant qu’actrice et réalisatrice, comment gérez-vous ces deux casquettes dans votre carrière ?
Augusta Palenfo : On va dire que ce sont des métiers qui se complètent. Quand je suis actrice, je suis actrice, ça n’a rien à voir. Quand je suis réalisatrice, je suis réalisatrice. Quand je suis actrice, forcément il y a un réalisateur, un assistant réalisateur ou le directeur artistique qui me dirige. Donc je ne peux pas être actrice et réalisatrice en même temps dans un projet.
ICF : Pouvez-vous nous parler de Waongo et du message que vous souhaitez transmettre à travers ce film ?
Augusta Palenfo : Waongo parle de cohésion sociale, de résilience, de persévérance. C’est l’histoire d’une jeune fille d’une vingtaine d’années, qui se retrouve dans la capitale par la force des choses parce qu’il y a eu une attaque terroriste dans son village. Elle vivait avec sa maman et était orpheline de père. Sa maman était tisserande et elle-même était couturière. Elle rêvait de devenir une grande couturière de renom. Par la force des choses, elle s’est retrouvée dans la capitale, dans un lit d’hôpital, et se rend compte qu’elle a perdu sa maman dans cette attaque.
Elle va se battre contre vents et marées, contre la méchanceté et la gentillesse de certains citoyens de la capitale. Certains vont l’accueillir, d’autres non. Certains seront gentils, d’autres pas. Elle va se battre jusqu’à réaliser son rêve : devenir celle qu’elle voulait être au village.
À quelque chose malheur est bon, mais c’est grâce à sa persévérance, son courage, son abnégation elle savait ce qu’elle voulait qu’elle a pu être ce qu’elle voulait. Elle a eu confiance en elle et a foncé, et son rêve est devenu réalité. Voilà un peu de quoi parle Waongo.

ICF : Quels ont été les plus grands défis que vous avez rencontrés lors de la réalisation de ce film ?
Augusta Palenfo : Un des défis majeurs a été l’obtention de subventions et de financements, ainsi que la mise en place d’une équipe de tournage compétente. Et nous restons toujours dans ce défi, car, même après la sélection au FESPACO, nous espérons que Waongo pourra sortir avec de bons prix et toucher un large public.
ICF : Que représente pour vous la sélection de Waongo au FESPACO 2025 ?
Augusta Palenfo : C’est une grande grâce d’être sélectionnée. Il y avait près de 1000 films présentés, et si nous avons été choisis, c’est que le niveau du film est bon. Je rends grâce à l’Éternel, et je remercie toute l’équipe de Waongo.
ICF : Selon vous, quels sont les principaux défis du cinéma burkinabè aujourd’hui ?
Augusta Palenfo : Le principal défi est de réaliser des films de qualité. Cela nécessite des partenariats solides, aussi bien au niveau national qu’international. Sans ces partenariats, il est très difficile de produire des films qui puissent être vus à l’international.

ICF : En tant que femme dans l’industrie cinématographique, avez-vous rencontré des obstacles particuliers ?
Augusta Palenfo : Par moments, surtout quand tu travailles avec des hommes, l’autorité peut parfois être bafouée. Mais il faut s’imposer et s’assumer. Souvent, sur le plateau, certains hommes veulent te montrer que tu ne sais pas ou veulent prendre le dessus, mais il faut rapidement les ramener à l’ordre. Ils ne peuvent pas venir prendre le dessus sur ton projet.
ICF : Après Waongo, avez-vous d’autres projets en préparation ?
Augusta Palenfo : Oui, bien sûr, j’ai plusieurs scénarios en préparation depuis des années, mais les problèmes financiers actuels rendent la situation difficile. Le pays a d’autres priorités, mais tant que nous obtenons des financements de partenaires, nous continuerons à réaliser des films de qualité pour le public.

ICF : Un dernier mot pour le public qui découvrira Waongo au FESPACO ?
Augusta Palenfo : Je tiens à inviter tous les cinéphiles à venir nombreux. Merci à tous ceux qui m’ont soutenue et encouragée au fil des années. Merci de nous aider à offrir de beaux films. Je souhaite à tous un excellent FESPACO, une bonne projection, et je rends hommage à notre cher Burkina Faso, résilient, paisible et solidaire. Merci.
Bio-filmographie de la réalisatrice d’Augusta Bomsoya Palenfo
Interview réalisée par Prisca Relyah Kaboré (Stagiaire)