Toujours dans la dynamique d’aller à la rencontre des acteurs culturels du pays en ce début d’année 2021, une équipe de notre rédaction a été reçue par Moumouni SAVADOGO, président de la Fédération de la filière des arts plastiques et appliqués du Burkina Faso (FEFAPA/BF). Bilan des activités de l’année 2020, perspectives et vœux du nouvel an de la fédération, tel a été le menu de nos échanges.
Mise en place dans les années 2015, la FEFAPA/BF fait partie des six fédérations créées à travers le programme intitulé <<ARPIC>>, avec l’aide du ministère de la culture, des arts et du tourisme: un programme chargé de structurer le domaine culturel. De façon succincte, la FEFAPA/BF se veut une structure de défense des intérêts des acteurs de la filière des arts plastiques et appliqués, de ses membres, de promouvoir ce domaine et de travailler en droite ligne avec les partenaires techniques et financiers. Depuis sa création, cette fédération s’est toujours attelée à travailler pour le bien-être du domaine des arts plastiques. Cependant, ce secteur, à l’instar des autres du milieu culturel reste celui le plus touché par les mesures restrictives entrant dans le cadre de lutte contre la pandémie à Corona virus, durant l’année 2020.
Pour monsieur Moumouni SAVADOGO, président de la fédération, si les autres disciplines du milieu culturel ont été durement affectés, le secteur des arts plastiques aura subit le coup le plus dur. « La crise sécuritaire avait déjà porté un coup sûr le marché, jusqu’à ce que la Covid-19 s’introduise en mars 2020. Ce qui a encore aggravé la situation. En effet, nos clients potentiels restent les expatriés et les touristes. De la fermeture des frontières en passant par l’annulation des foires, cela fut un coup dur pour l’ensemble des plasticiens burkinabè. En gros, les acteurs ont produit, mais le marché n’y était pas. Et contrairement au cinéma ou encore la musique où les acteurs arrivent quand même à survivre à travers quelques spectacles, les plasticiens n’arrivent toujours pas à vivre de leur art à cause de cette pandémie », nous a-t-il confié.
Et comme l’on pourrait s’y attendre, cette pandémie a par conséquent, affecté les activités de la FEFAPA/BF, notamment l’annulation de la Journée dédiée aux arts plastiques, le 04 novembre. Initiée au Bénin, cette Journée concernait plus de sept (7) de la zone Afrique et devait s’instaurer dans tous les pays. Beaucoup d’autres activités ont été annulées, à en croire le président SAVADOGO. Mais qu’à cela ne tienne, le président de la FEFAPA/BF estime que les membres de la fédération ne sont pas restés neutres durant cette période difficile. « Nous avons pu conclure quelques actions qui ont profité aux acteurs de ce secteur, notamment défendre au niveau de notre ministère de tutelle, un mécanisme d’acquisition des œuvres qui a eu lieu entre février et mars 2020. À travers ce mécanisme, le ministère, par le biais de l’ex ministre Abdoul Karim SANGO, a voulu pour la première fois depuis cinq ans, écouter nos doléances.
Ce qui a permis d’inscrire sur la ligne budgétaire du Ministère, 25 millions francs CFA pour l’acquisition d’œuvres d’arts pour les édifices publiques. Nous saluons au passage monsieur le ministre SANGO pour ce pas qui non seulement profite financièrement aux artistes, mais aussi encourage la consommation locale des œuvres. Au total, plus de 74 œuvres de 54 artistes-plasticiens ont été concernées. », s’est-il réjouis. Aussi, un autre mécanisme a été reconduit pour le compte du soutien du Chef de l’État aux acteurs culturels touchés directement ou indirectement par la pandémie de la Covid-19. Et selon le président, ce soutien à touché 88 acteurs du milieu des arts plastiques et appliqués à travers tout le pays, dont 136 œuvres ont été acquis. Ce soutien se chiffre à plus 50 millions francs CFA. Au nombre de ces actions vient s’ajouter la loi baptisée <<loi 1% artistique>> votée en 2017, avec le concours de la fédération et le ministère en charge de la culture.
Cette loi vise, selon lui, à retenir 1% sur les revenus des marchés de construction pour l’acquisition d’objets d’arts au profit des édifices publics. Mais à en croire toujours à monsieur SAVADOGO, cette loi pêne à être appliquée sur le terrain. Il lance cependant, un appel au Premier Ministre avec le concours de la première responsable du ministère de la culture, des arts et tourisme, à instruire qui de droit afin de veiller à son application réelle sur le terrain, et à mettre en place un comité de suivi et d’évaluation de la dite loi. Tout en abordant les perspectives de la FEFAPA/BF, monsieur SAVADOGO s’est exprimé en ces termes: « Au niveau de la fédération, nous comptons poursuivre nos actions pour la bonne marche de notre milieu. Mais, il faut noter que la FEFAPA/BF est plus structurelle, en ce sens que nous devons travailler à avoir de bonnes politiques avec les institutions publiques, avec les partenaires techniques et financiers pour que nos activités soient financées et vues.
Ce combat, nous le menons depuis bien longtemps et nous comptons poursuivre dans cette lancée en 2021, pour une meilleure reconnaissance des arts plastiques au niveau des secteurs prioritaires de la culture. Nous espérons également continuer le processus de structuration en atteignant les 13 regions du pays, vu que nous avons déjà sept (7) coordonnations régionales ». Aussi, s’est-il saisi de l’occasion pour lancer un appel aux autorités culturelles d’avoir un regard plus franc afin de savoir où mettre la priorité, puisqu’il existe des statistiques. Néanmoins, il estime que chaque ministre devrait avoir une stratégie de développement de tous les secteurs du milieu de la culture : ce qui leur faciliterait la tâche. Et au regard de la nouvelle année en cours, le président de la FEFAPA/BF résume ses vœux au succès, la santé, la paix et le recouvrement de la sécurité au Burkina Faso.
Boukari OUÉDRAOGO