Au cours de l’année 2022, le Burkina Faso a connu une situation sociopolitique et sécuritaire très difficile. Laquelle situation qui n’a pas été sans conséquences pour le secteur de la culture qui fonctionnait déjà «sous perfusion». Que retenir donc, en termes de bilan, au sortir de cette éprouvante année ?
En janvier 2016, le Burkina Faso connaissait l’une des toutes premières attaques terroristes de son histoire. Plusieurs années sont passées, mais la situation va de façon dégradante, affectant du coup plusieurs secteurs d’activités, au nombre desquels celui de la culture semble le plus atteint. Si les années antérieures ont été difficiles, 2022 reste le point culminant de cet enfer que vivent les acteurs culturels. En effet, les coups de force du 24 janvier et de fin octobre 2022 ont presque mis à genou ce secteur, jadis considéré comme moteur de développement d’une nation.
Pour preuve, plusieurs évènements d’envergure nationale ont été purement et simplement reportés ou annulés. Nous en voulons pour preuve la Semaine Nationale de la Culture (SNC), le Salon international de l’artisanat de Ouagadougou (SIAO), les Kundé, et bien d’autres. Quand on sait l’impact qu’ont ces évènements sur la vie culturelle du pays et même pour d’autres secteurs connexes, nul besoin de citer les conséquences occasionnées par ces différents reports ou annulations. À cela s’ajoute la quasi-impossibilité pour les artistes de se produire en dehors de quelques localités comme Ouagadougou, Bobo-Dioulasso, au vu de la sensibilité de la situation sécuritaire.
Malgré tout, la résilience et la résistance des uns et des autres ont laissé planer une lueur d’espoir à savoir celle de faire passer le message selon lequel la culture restera debout malgré la précarité et la complexité de la situation sécuritaire et politique du pays. Des activités culturelles comme des festivals et des concerts ont ainsi pu se tenir. La 1re édition du festival de court-métrage «Ouaga Côté Cour», la 27e édition des Nuits Atypiques de Koudougou (NAK), les Gallians, l’édition spéciale du Village du Basga à Mogtédo, les Vacances artistiques professionnelles pour ados et jeunes (VAPAJ) à Bobo-Dioulasso, la 11e édition du Festival Wedbindé à Kaya, et j’en passe. Tous ces évènements ont presque fait oublier cette situation difficile que traverse le pays.
Un bilan satisfaisant qui n’a pas manqué de faire réagir certains acteurs culturels. C’est le cas du président de l’Association Culturelle Passaté, porteuse du Festival Wedbindé. « Dans un contexte aussi difficile que connaît le Burkina Faso, nous sommes parvenus à faire vivre la culture, au vu des différents résultats obtenus sur le terrain. C’est pourquoi, il faut saluer l’esprit de résilience et de résistance des différents acteurs culturels », a-t-il signifié. Idem pour Athanase Kabré, comédien-marionnettiste, metteur en scène et par ailleurs Directeur de La Compagnie du Fil. Pour lui, beaucoup de manifestations portées surtout par des opérateurs privés ont permis de maintenir la flamme culturelle et d’exprimer une forme de résilience à travers diverses pratiques artistiques.
Il ne reste donc qu’à espérer que cette flamme culturelle contribue à partir de cette nouvelle année 2023 qui s’ouvre, à ramener la stabilité politique et sociale tant souhaitée.
Boukari OUEDRAOGO
