mar 16 avril 2024

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BOBO-DIOULASSO: « J’aurai pu chanter pour faire les louanges d’un parti politique mais je ne l’ai pas fait parce que mon objectif est d’exprimer mes convictions », dixit Delfy, artiste slameur

Promouvoir les jeunes talents de la culture burkinabè, telle est la dynamique dans laquelle s’est toujours inscrite votre plateforme culturelle Infos Culture du Faso. Pour ce faire, Fidèle Dabiré, Delfy de son nom d’artiste, a bien voulu nous accorder une interview le 18 août dernier à Bobo-Dioulasso. Dans cet entretien, le jeune slameur qui a fait couler beaucoup d’encre et de salive en octobre 2020 avec son titre  »Vision politique  », revient sur ses débuts dans le slam et la chorégraphie, ses créations chorégraphiques avec le laboratoire Ankata, ainsi que son très prochain album. Lisez plutôt !

Infos Culture du Faso (ICF) : Pour commencer, pouvez-vous nous dire qui est Delfy ?

Delfy : Mon nom à l’état civil, c’est Fidèle Dabiré mais sur scène on m’appelle Delfy. Je suis artiste dans beaucoup de domaine. Je suis dans l’oralité, la danse; je suis également acteur de cinéma. Étudiant en Licence 3 en Anthropologie, je suis parallèlement sur les scènes, sur les projets de BTP et quelques fois dans les amphithéâtres. Je suis titulaire d’un certificat et d’un brevet de qualification professionnelle en structure métallique et à ce jour, j’ai deux entreprises à mon actif notamment Art’Bâtir œuvrant dans le BTP et ART’TITUDES qui est une entreprise culturelle.

ICF : Racontez-nous un peu comment est née votre passion pour la musique et particulièrement pour le slam ?

Delfy : J’essaierai de répondre sinon je ne pourrai pas dire en réalité pourquoi le slam. C’est une grande surprise pour moi même. Depuis tout petit, j’aime la lecture, ce qui fait que je suis un grand orateur. Avant que je me retrouve sur une scène de slam, j’étais dans le théâtre. En 2017, on devait représenter le Lycée Municipal de Bobo au Mali pour un festival. J’ai su qu’il y avait des slameurs aussi qui devraient représenter le Burkina à ce festival et comme j’avais le thème, j’ai essayé d’écrire quelque chose juste par plaisir. Pendant la sélection, on a fini notre prestation de théâtre et quand les slameurs egalement ont fini, j’ai senti le besoin de clamer aussi mon texte. Je l’ai fait et quand j’ai fini les gens ont beaucoup apprécié. Et arrivé au Mali pour le festival, on m’a demandé de slamer pour ouvrir le bal. Ce fut un honneur pour moi parce que c’était ma première scène où on m’a appelé slameur. Voilà comment je suis arrivé dans le slam. C’était aussi une fierté pour nous de représenter le Burkina. Quand je suis revenu, je me suis lancé dans le concours de slam du Label Afrikan’da et je suis arrivé en final bien que c’était ma première compétition. Apres cela, ils ont lancé la compétition  »Je slam pour ma patrie » en 2017. Je me voyais pas assez grand pour aller là-bas mais je suis allé et sur deux cent candidats pour le grand ouest, je suis sorti premier après la présélection. Et arrivé à Ouaga, j’ai sommé ma participation à la demi finale et j’ai fini sixième au niveau national à cette compétition. Après cela, je suis revenu à bobo et j’ai continué dans les compétitions. J’ai eu mon premier trophée de 1er prix en 2018 lors de la compétition IGD slam. J’ai participé à plein d’autres compétitions mais pour moi la carrière artistique est différente de ces compétitions. On peut être chaque fois premier dans les compétitions mais ne pas faire une bonne carrière. J’ai déjà trois trophées à mon actif mais ce qui compte le plus pour moi, c’est ce qui suit, c’est-à-dire le future.

ICF : Vous êtes artiste slameur et chorégraphe. Peut t-on savoir lequel des deux vous passionne le plus ?

Delfy : Pour moi, c’est un ensemble et les deux se complètent. J’ai commencé l’oralité depuis le lycée mais après j’ai senti ce besoin d’ajouter le corps à la voix. Raison pour laquelle je suis allé m’inscrire au laboratoire Ankata de Monsieur Serge Aimé COULIBALY. Je suis déjà à ma troisième année et la sortie c’est en décembre prochain. Aujourd’hui, la plupart des artistes n’arrivent pas à ajouter cette discipline de la danse contemporaine à leur voix. C’était pour moi un challenge que je me suis donné pour mieux impacter ce milieu artistique.

ICF : À ce jour, vous avez réalisé combien de titres ?

Delfy : Avant  »Vision politique  » il y’a eu des titres mais qu’on n’a pas lancé. Ce qui est officiellement lancé c’est  »Vision politique  » comme vous le savez, le 15 octobre 2020. Avec l’effort conjugué de mon équipe et moi, nous assurons des concerts live dans des évènements et bientôt ses œuvres seront numérisées sur l’album.

ICF : Dites nous, y a t-il un artiste ici au Burkina à qui vous identifiez-vous ?

Delfy : Bien sur ! Ils sont d’une manière ou d’une autre un miroir pour moi. Il y a des doyens comme mon maître de chorégraphie Serge Aimé COULIBALY, Hyppolyte Ouangrawa, Sotigui Kouyaté etc… , à qui on veut se référer. En même temps, je dirai que nous ne voulons pas seulement les ressembler mais les surpasser. Il y a aussi à l’international James Brown, Salifou Keita, Tiken Jah Fakoly, etc… que j’apprécie et que j’écoute beaucoup.

ICF : Parlons de votre titre  »Vision politique », sorti le 15 octobre 2020. Pouvez-vous nous dire pourquoi le choix de la date du 15 octobre précisément ?

Delfy : Pour moi, le hasard n’existe pas et chaque événement doit pouvoir s’expliquer. Vision politique était censée sortir en septembre avant le lancement des campagnes politique. C’était pas simple puisqu’il nous fallait construire la musique, seconde après seconde, vu que l’enregistrement s’est fait en live. Il fallait qu’on s’assure que Vision politique puisse être une œuvre qui va pérenniser dans le temps. Apres, on a voulu joindre l’utile à l’agréable donc on a décidé de joindre le clip. On a donc fait appel à Nathanaël Minoungou qui a réalisé le clip. Après tout ce travail, on a fixé la date de la sortie le 15 octobre. On y avait pas pensé mais c’est une grande chose pour moi que ce soit le même jour que l’anniversaire de l’assassinat de Thomas Sankara parce que c’était en même temps un hommage qu’on lui rendait. Apres, quand j’ai vu ma photo à côté de celle de Thomas Sankara dans les revues de presse, je me suis senti très honoré.

ICF : Comment ce titre qui dépeint les réalités politiques de notre pays a été accueilli par les populations et les acteurs politiques quand on sait que la sortie était à moins d’un mois des élections présidentielles ?

Delfy : Ceux qui connaissent le sens de l’art l’on accueilli à bras ouverts. Mais le politique n’aime pas qu’on dise ce qui est réel; donc il y a d’autres qui se sont sentis indexés. Mais disons que moi je ne chante pas pour plaire. J’aurai pu chanter pour faire les louanges d’un parti politique mais je ne l’ai pas fait parce que mon objectif est d’exprimer mes convictions. Mon art est politique en ce sens que j’ai des opinions que je défend. J’ai donc besoin qu’on porte mon art pour que je puisse porter le flambeau de la musique. Je ne fais pas mon slam pour plaire.

ICF : Toujours par rapport à ce single, pourquoi le choix du rappeur Smarty comme parrain ?

Delfy : Le choix de Smarty parce que c’est un doyen que je respecte beaucoup. Avant d’accepter le parrainage, il m’a prévenu en disant d’être prêt parce que quand le titre va sortir, il y a une partie de l’opinion qui ne sera pas pour. Mais en même temps ce choix parce que je voulais coller des artistes engagés à mes oeuvres et cela permet de donner déjà la direction qu’on veut emprunter dans sa carrière.

ICF : Est-ce que vos fans peuvent avoir une idée sur vos projets futurs ?

Delfy : Ils peuvent avoir une idée mais ils ne pourront pas supporter si je leur dit tout. Disons seulement que j’ai un album en cours d’enregistrement qui sortira début 2022. Il y a aussi l’école de chorégraphie ou nous devons effectuer notre sortie en décembre 2021. Il y a aussi des projets de créations chorégraphiques en cours avec le laboratoire Ankata et en solo ; donc avec toutes ces activités, c’est très difficile de coordonner les deux mais disons que nous allons lentement mais sûrement.

ICF : Parlant de projet, bénéficiez-vous du soutien du ministère de la Culture burkinabè pour vous aider dans leur réalisation ?

Delfy : Personnellement, je ne peux pas dire oui parce-que j’ai bénéficié d’un financement une fois mais qui n’émane pas du ministère de la Culture, des Arts et du Tourisme. C’était l’ONG TDHI en collaboration avec l’union européenne qui nous a octroyé un financement pour une entreprise culturelle spécialisée dans les créations et les performances lors des événements et cérémonies (mariage, baptême…) Cela nous a permis de faire beaucoup de créations avec de nombreuses entreprises. C’est vrai que je n’ai jamais eu à postuler pour les appels d’offres du Fonds de développement culturel et Touristique (FDCT) mais disons que le ministère n’est pas totalement là pour nous. Avec le Label Afrikan’da, on a initié des projets et on a eu à demander le soutien du ministère sans succès ; toutes nos demandes sont restées vaines.

ICF : Qu’avez vous a dire sur cette question de la consommation de la musique burkinabè ?

Delfy : Pour ma part, je dirai que la musique burkinabè est assez consommée aujourd’hui. C’est vrai qu’il y a toujours des efforts à faire sur ce plan mais il y a beaucoup d’artistes qui sont très bien écoutés ici au Burkina en exemple Kayawoto, Amzy, etc… Des camarades qui arrivent à imposer leur musique tant au niveau national qu’à l’international, c’est une chose à feliciter. Avec plus d’efforts des mélomanes, des fans et de tous les acteurs culturels, le pari sera gagné d’avance.

ICF : Quel est votre mot de fin pour clore l’interview ?

Delfy : D’abord merci à vous parce que m’accorder cette interview, c’est tout un honneur pour moi. C’est la preuve qu’on est connu et suivi et j’apprécie beaucoup. J’aime dire que le pire pour un artiste, c’est de mourir avec ses idées non dévoilées. Nous allons donc demander à vos lecteurs et lectrices de continuer à nous porter aussi haut comme ils peuvent parce-que nous, nous avons beaucoup à donner.

 

Jérôme SARAMBÉ (Stagiaire)

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