L’année 2022 n’aura pas été du tout simple au pays des hommes intègres en raison de l’insécurité et de l’instabilité politique qu’a connues le pays durant cette année. Toujours relégué au second plan, le secteur de la culture a encore plus souffert de cette situation marquée par le terrorisme et l’instabilité politique. Des acteurs culturels de la ville de Sya se prononcent sur les difficultés rencontrées et jettent leurs dévolus sur le nouvel an.
Diafodé Kaba Alexandre DIAKITE, PDG du label 2DKA PROD, une maison de production et de management d’artistes, basée à Bobo-Dioulasso : «Je peux dire que le monde culturel a été beaucoup résilient parce que vous savez que le pays traverse une situation très compliquée en raison de la situation d’insécurité. À cette situation d’insécurité s’est ajoutée la situation d’instabilité à la tête même de l’État avec pratiquement trois présidents en 2022. La difficulté majeure, c’est surtout la situation d’insécurité du pays.
Aujourd’hui, il y a des endroits du pays où on ne peut plus faire d’activités culturelles alors que nous, en tant qu’acteurs culturels, nous avons créé nos entreprises dans ce domaine où nous payons des impôts, où nous employons aussi des gens qui travaillent, c’est-à-dire, nous créons de l’emploi, mais malheureusement nous n’arrivons pas en retour à pouvoir exploiter tout le territoire national pour pouvoir mener à bien nos activités. Tous ces évènements n’ont pas vraiment permis au monde culturel de bouger comme il le faut, parce que vous savez que lorsque le pays va mal, la culture est le secteur le plus durement frappé. Les gens pensent que la culture c’est juste pour s’amuser et lorsqu’il y a l’insécurité, on trouve que ce n’est pas normal de s’amuser; lorsqu’il y a les changements à la tête de l’Etat, il y a les couvre-feux qui empêchent toute activité de réjouissance, donc toute activité culturelle de façon générale.
Mais face à cette situation, les acteurs culturels ont quand même trouvé les moyens d’être résilients, de pouvoir animer le secteur culturel autant que faire se peut. Cela n’a pas été facile. Malgré qu’il y a eu certains évènements culturels annulés, d’autres ont pu se tenir. Il faut noter également que beaucoup d’évènements culturels n’ont pas pu se tenir à cause des raisons financières et du manque de partenaires. Quand le pays va mal, quand il y a l’insécurité et l’instabilité, les partenaires sont souvent méfiants. Ils n’accompagnent pas les activités, toute chose qui n’a pas permis à certaines activités culturelles majeures de pouvoir se tenir.
Parmi ces activités, nous pouvons citer la SNC qui était annoncée du 26 novembre au 04 décembre. En effet, avec la dernière situation de changement du pouvoir, cela n’a pas pu se tenir comme prévu alors que cela fait déjà quatre ans qu’on n’arrive pas à tenir cet évènement majeur très important pour la promotion culturelle au niveau du Burkina du fait que c’est la plus grande facette culturelle nationale.
Dans l’ensemble, les acteurs culturels privés ont pu tirer leurs épingles du jeu; cela n’a pas été facile mais les différentes activités ont pu se tenir. Il y a eu de nouvelles activités culturelles qui sont venues davantage embellir le milieu culturel.
Vous n’avez pas mal de nouveaux festivals au niveau de Bobo dont je maîtrise bien, qui ont été créés et qui ont permis quand même d’enrichir un peu le milieu culturel et de tenir en haleine le public. Pour ces activités, le public n’a pas marchandé sa présence, le public était là parce qu’on sent que le public est un peu stressé par la situation du pays. Les activités culturelles sont des endroits pour pouvoir venir déstresser, s’épanouir, oublier un tant soit peu cette situation que traverse le Burkina. Voilà pourquoi c’est important que les activités culturelles puissent se tenir.
Pour l’année 2022, les acteurs culturels ont été résilients, il faut leur tirer le chapeau parce que la situation n’était pas facile, beaucoup d’évènements se sont vus reporter, souvent à la veille même de l’évènement soit pour des questions de couvre-feu, soit pour des questions de deuil national, soit pour d’autres raisons d’instabilité et d’insécurité. Les gens ont pu faire ce qu’ils pouvaient, moi-même, au niveau de mon label, j’ai lancé un nouveau festival dénommé festival Rap en Live et Music Urbaine de Dioulassoba qui s’est tenu du 22 au 25 décembre à Bobo-Dioulasso précisément sur la place wara-wara dans le quartier Dioulassoba et qui a été un franc succès pour cette première édition.
Mes vœux pour 2023, ce sera vraiment la paix, que le pays retrouve sa paix d’antan, que le pays retrouve sa stabilité d’antan. Je crois qu’avec cela, les acteurs culturels que nous sommes, les promoteurs culturels, les opérateurs culturels que nous sommes, les entrepreneurs culturels que nous sommes, pourront avoir la latitude de mener nos activités de façon convenable, de façon étendue sur tout le territoire et de façon régulière. Cela va nous permettre vraiment de pouvoir fonctionner et de pouvoir faire vivre réellement le secteur de la culture afin qu’il puisse apporter à l’économie burkinabè.»
Propos recueillis par Almamy SOFA