Prévu pour se tenir du 15 au 30 septembre 2022 à Bobo-Dioulasso, les organisateurs du Festival International des Arts de la Scène et des Savoirs Endogènes (FIASSE) sont à pied d’œuvre pour la réussite de l’évènement. Nous avons rencontré dans la ville de Sya, le promoteur des FIASSE, le Conteur-Comédien burkinabè, François Moïse Bamba. Il nous trace les grandes lignes de son festival.
Tout fraîchement rentré de France, François Moïse Bamba a, à peine le temps de se reposer. Ce conteur burkinabè tient à la réussite de son festival dénommé FIASSE. Ce festival est l’occasion pour son promoteur de revivre l’environnement dans lequel il a grandi. « Moi, je suis un enfant de Bobo-Dioulasso, j’ai grandi dans un quartier magnifique qui s’appelle Sikasso Sira. De mon souvenir, quand on était petit, il ne se passait pas un weekend sans qu’il y ait une troupe traditionnelle d’une ethnie quelconque qui vienne jouer », s’est-il rappelé.
Ayant grandi dans cet environnement multiethnique où chaque ethnie était mise en valeur, François Moïse Bamba se souvient encore des danses et musiques San ; Djan ; Mossi ; Siamou ; Sénoufo ; Lobi et bien d’autres qu’il se plaisait bien à exercer. L’enfant qui a côtoyé diverses ethnies, met aujourd’hui l’ethnie au cœur du FIASSE dont il est le promoteur. « J’ai proposé qu’on choisisse une ethnie par an et qu’on aille à la découverte de cette ethnie », a-t-il déclaré. Pour le conteur, si les valeurs de chaque ethnie ainsi que les liens séculaires qui lient les différentes ethnies étaient connus de tous, le Burkina ne vivrait pas la situation qu’il vit actuellement. La pertinence du sujet est telle que pour François Moïse Bamba, le système éducatif doit l’inclure.
A cette 4è édition où c’est l’ethnie gourounssi qui est en honneur, plusieurs activités artistiques sont prévues. « Il y aura de la musique, de la danse, du conte, du théâtre et de la marionnette. On ouvre le plus grand possible à toutes les disciplines artistiques », a rassuré le promoteur du FIASSE. Comme innovation à cette édition, des activités seront organisées dans un nouveau lieu qui est le foyer du renouveau du mouvement endogène. C’est là également que se tiendront toutes les conférences. Il est également prévu à cette 4è édition du FIASSE, la rue de la mémoire et de la transmission. « C’est une rue où des photos des personnalités de l’ethnie à l’honneur seront affichées… et si jamais quelqu’un arrive et que la photo lui rappelle une histoire, un adage, une anecdote ou une connaissance que la personne veut partager, on profite collecter », a expliqué le promoteur du FIASSE. Une autre innovation est la formation pratique des jeunes des différentes localités gourounsi invitées. Comme nouveauté aussi, François Moïse Bamba compte développer un espace conte. Ce sont 5 localités gourounsi qui ont été ciblées cette année. Ce sont entre autres Léo, Réo, Sapouy, Pô et la province du Poni.
Avant le festival proprement dit, une tournée est prévue dans les différentes localités gourounsi pour y rencontrer les autorités dans l’optique de leur expliquer le projet afin d’avoir leur adhésion et leur accompagnement. A l’occasion de cette tournée, les organisateurs du FIASSE compte aussi rentrer des structures locales et associations œuvrant dans la promotion du patrimoine culturel. Pour mieux réussir le festival, François Moise Bamba compte sur l’hospitalité des différentes localités gourounsi lors de la tournée. « Si vraiment les différentes localités gourounsi peuvent nous accueillir, nous entendre, nous écouter, nous conseiller, nous orienter, ça va vraiment nous aider à mieux organiser, à mieux recevoir leurs ressortissants à Bobo-Dioulasso ici », a-t-il souhaité.
Pour les différents artistes et troupes artistiques qui vont participer au festival, il est prévu pour eux après les deux semaines du FIASSE, la création de cadre professionnel permettant l’épanouissement de leur art. c’est d’ailleurs l’objectif du festival. « D’une manière générale, c’est fait pour la promotion de ces troupes pour que les gens puissent avoir une rentabilité financière de leur pratique », a laissé entendre l’homme qui a grandi à Sikasso Sira. Pour y arriver, des partenaires existent déjà, mais pour des questions de moyens, les choses sont un peu retardées. A ce sujet, le promoteur du FIASSE confie à Infos Culture du Faso l’existence d’un partenariat avec un festival au Brésil. Au terme dudit partenariat, toutes les soirées du FIASSE doivent être diffusées sur Facebook au profit du public brésilien pour qu’à l’issue du festival, ce public puisse choisir trois groupes qui iront prester au Brésil. En contrepartie, lors du festival brésilien, les Burkinabè devraient pouvoir suivre aussi et détecter trois groupes qui viendront prester au Burkina. Si François Moïse Bamba ne doute de la capacité des Brésiliens à recevoir les Burkinabè, l’inverse lui paraît difficile au regard de la modestie de ses moyens. Des raisons qui lui poussent à traîner les pieds concernant la mise en œuvre de ce partenariat.
Comme tout projet, à ses débuts, le FIASSE a connu des difficultés. L’une des difficultés majeures a été le manque de soutien. A en croire le promoteur, les moyens financiers nécessaires à l’organisation du festival, venaient de sa propre poche. « Les difficultés, c’est le manque de financement, la 1ère édition ; la 2è édition ; la 3 troisième édition, ça été presque entièrement financé de ma poche », a-t-il déploré. Seules quelques personnes du quartier qui croyaient au projet, ont apporté des contributions. La principale structure publique à mettre sa main à la patte, est l’arrondissement 1 de la ville de Sya. Malheureusement, cet accompagnement a été essentiellement des faveurs administratives. Malgré cela, pour marquer sa gratitude vis-à-vis de la mairie de l’arrondissement 1, des spectacles seront organisés dans quelques quartiers dudit arrondissement. Le ministère de la culture a aussi donné sa modeste contribution jugée insuffisant par le natif de Bobo. Dans ce déficit d’accompagnement, le privé a constitué un petit soulagement pour le FIASSE. La compagnie de transport Rahimo est un partenaire de l’évènement. Le festival est aussi accompagné par la société SOTRADAF et certaines structures artistiques et culturelles.
François Moïse Bamba lance un appel aux autorités pour un accompagnement du FIASSE. Le même appelle est lancé à l’endroit des personnalités de l’ethnie en l’honneur. Il exhorte les ressortissants gourounsi à lui venir en aide pour l’accueil, la restauration et l’hébergement des festivaliers qui arriveront des différentes localités.
Pour cette 4è édition, le pays africain invité d’honneur est la Guinée Conakry, la culture internationale invitée est le Brésil. Par ailleurs tous les pays francophones limitrophes du Burkina auront des représentants.
Almamy SOFA