sam 22 février 2025

Suivez-nous sur les réseaux sociaux

spot_img

CINÉMA : Françoise Sédogo veut rehausser le niveau du maquillage du 7e art africain

Dans cette interview exclusive avec Infos Culture Du Faso , Françoise Sédogo, actrice et maquilleuse burkinabè, spécialisée en maquillage cinéma et effets spéciaux, nous parle de son parcours, des défis de son métier, et de sa vision pour l’avenir du maquillage cinématographique en Afrique.

Infos Culture Du Faso (ICF ): Pouvez-vous vous présenter et nous parler brièvement de votre parcours dans le maquillage artistique ?

Françoise Sédogo : Je m’appelle Bointoenewendé Françoise Sédogo. Je suis actrice à la base. J’ai commencé par le jeu d’acteur et par la suite je me suis formée en maquillage cinéma, beauté et effets spéciaux. Donc, mon domaine c’est le maquillage cinéma et effets spéciaux. J’ai commencé en 2008 dans le film de feu Missa Hébié, « Le fauteuil », en tant qu’actrice et par la suite j’ai embrassé le métier du maquillage.

ICF : Vous avez effectué un stage en France récemment. Quelles compétences ou connaissances avez-vous acquises pendant cette expérience et comment vont-elles enrichir votre travail dans le cinéma africain ?

Françoise Sédogo: Récemment j’étais en France à Paris pour un stage chez Maqpro en effets spéciaux. Et avant ça j’étais en Belgique en 2022 pour me former en maquillage cinéma et effets spéciaux. Je me suis perfectionnée lors de ces formations, j’ai appris d’autres techniques de maquillage, même s’il y avait des modules que je connaissais avant. J’ai aussi appris la composition des produits selon notre climat en Afrique. Mon souhait c’est d’assurer la relève, donc j’avoue que c’était enrichissant et je ferai tout pour rehausser mon niveau et le niveau du maquillage cinéma en Afrique.

ICF : Quelles scènes ou maquillages réalisés pour vos différents films vous ont particulièrement marqué et pourquoi ?

Françoise Sédogo: Je dirais premièrement le film « FOULSARÉ » de Ismaël Compaoré où je devais maquiller le comédien transformé en terroriste. C’était amusant mais il fallait rajouter beaucoup de détails et ça m’a pris beaucoup de temps pour les recherches. Ensuite, il y a le film, « Une si longue nuit » de Delphine Yerbanga où il y avait beaucoup d’effets spéciaux à faire, et « Les Invertueuses » Chloé Aïcha Boro où il fallait maquiller une actrice de 33 ans en une vieille dame de 70 ans. J’avoue que ça m’a pris du temps chaque jour pour maquiller l’actrice, environ une heure.

ICF : Quels sont les films en compétition au FESPACO sur lesquels vous avez travaillé en tant que chef maquilleuse ? Pouvez-vous nous parler de votre contribution à leur esthétique visuelle ?

Françoise Sédogo: « Les Invertueuses » de Chloé Aïcha Boro. Comme je le disais, il fallait rendre une jeune dame de 33 ans en une dame âgée de 70 ans. C’était un gros boulot mais au final tout le monde était content du résultat. « Fulsaré », où il fallait transformer un jeune en terroriste. Il y a eu beaucoup de détails et beaucoup de recherches à faire. « Une si longue nuit » de Delphine Yerbanga. Ça m’a aussi demandé beaucoup de travail car il y a eu beaucoup d’effets spéciaux à faire et le film a été tourné entièrement la nuit, durant un mois.

ICF: Quels défis avez-vous rencontrés en tant que chef maquilleuse sur ces productions en compétition ?

Françoise Sédogo: C’était un challenge pour moi, comme je le disais, les changements physiques à faire sur les acteurs, les effets spéciaux, les blessures ouvertes. Ce n’était pas évident, mais j’ai réussi à répondre aux attentes des réalisateurs et j’espère que le public va aimer.

ICF: Comment vous adaptez votre maquillage aux différents genres et catégories de films ?

Françoise Sédogo: Déjà, lire attentivement le scénario, proposer les produits selon la description du scénario, selon l’histoire et selon la saison. Vu que nous sommes en Afrique, certains produits ne supportent pas la chaleur. Du coup, moi j’ai toujours une glacière avec des glaçons pour conserver les produits. Il fallait aussi rencontrer les différents réalisateurs pour discuter afin de pouvoir répondre à leurs attentes. Étant donné que chaque film a ses produits et ses sensibilités et que chaque réalisateur a ce qu’il recherche, il fallait tout faire en tant que technicienne pour répondre à leurs attentes.

ICF : Que pensez-vous de la reconnaissance du métier de maquilleur dans l’industrie cinématographique africaine ?

Françoise Sédogo: Je pense qu’il était temps qu’on reconnaisse ce métier. Mais on n’est pas encore satisfait parce que ce métier n’est pas encore primé au FESPACO. Je rêve de voir un prix du meilleur maquillage et là on pourra dire que le métier est entièrement reconnu. Mais je pense qu’on va y arriver avec le temps. Mais déjà bravo pour la reconnaissance, on va lutter pour le reste.

ICF : Vous formez de jeunes talents. Qu’est-ce qui vous motive dans cette démarche ?

Françoise Sédogo: Ma mission c’est d’assurer la relève. Tant qu’on n’assure pas la relève, on n’est pas éternel, on n’aura plus cette force pour tenir sur le plateau d’ici quelques années. Et si on assure la relève, ce sont nos petites sœurs, nos filles qui vont continuer le travail et le combat. Donc c’est ce défi que je me suis lancée pour assurer la relève. C’est vrai que ça me coûte cher en énergie et en espèces, mais je me plais dedans. C’est une mission que j’ai le plaisir d’accomplir.

ICF : Quels sont vos projets futurs dans le cinéma ou en dehors ?

Françoise Sédogo: Mon projet, c’est toujours la formation, assurer la relève en Afrique, pas seulement au Burkina. En novembre, j’ai été invitée en Centrafrique pour animer un masterclass sur le maquillage cinéma et c’était passionnant parce que là-bas, il n’y a pas de maquilleuse cinéma, mais j’ai pu former des filles qui peuvent répondre aux attentes de certains réalisateurs. Donc, du coup, c’est former, pourquoi pas ouvrir une école, pourquoi pas créer une marque… J’ai plein de projets et je vais vous les dévoiler au moment opportun.

ICF : Quels conseils donneriez-vous aux jeunes qui souhaitent suivre votre chemin dans le maquillage artistique et travailler dans l’industrie cinématographique ?

Françoise Sédogo: Le conseil que je peux donner aux jeunes, c’est déjà d’avoir la passion, réfléchir afin de savoir s’ils aiment vraiment le maquillage cinéma parce que c’est un métier avec de grands sacrifices. Quand on aime un métier, on s’épanouit en s’exerçant. J’aimerais dire pour terminer un merci à Infos Culture Du Faso, merci pour tout ce que vous faites pour la promotion de l’art au Burkina Faso.

Interview réalisée par Relyah Prisca KABORE (stagiaire)

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Publicité

spot_img

Publicité

spot_img

Publicité

spot_img

Publicité

spot_img

Plus d'articles

Vous ne pouvez pas copier le contenu de cette page