Moïse Tiemtoré à l’état- civil, Jah Moïse est un jeune acteur comédien talentueux et déterminé qui ne cesse d’exceller dans l’univers du 7e art au Burkina Faso. Il est sans doute l’une des futures grandes figures du cinéma burkinabè. Au cours d’une interview accordée à notre rédaction, il revient sur sa carrière, ses ambitions, ainsi que d’autres sujets.
Infos Culture du Faso (ICF) : Veuillez-vous présenter à nos lecteurs.
Moise Tiemtoré (MT) : Je suis Moïse Tiemtoré alias Jah Moïse. Je suis artiste comédien, cascadeur physique, coach en actorat et je suis également voix off.
ICF : Comment êtes-vous arrivé dans le cinéma ?
MT : Le cinéma est une passion que je nourrissais depuis que j’étais encore gamin. Tout a commencé en 2009 quand j’étais en Côte d’Ivoire, où j’ai eu la chance de rencontrer les frères Lamine qui sont des cinéastes franco-centrafricains. A l’époque, je lisais une revue et j’ai vu à la fin de la page « casting formation film d’action ». Ce qui m’a interpellé et je me suis inscrit. C’est ainsi que mon aventure avec les frères Lamine a commencé à travers une formation de six mois dans les maniements d’armes, les combats, le jeu d’acteur que j’ai suivi avec eux. Par la suite, nous avons entamé le tournage d’un long-métrage qu’on n’a pas pu terminer à cause de la crise ivoirienne. Suite à cela, le grand frère est venu à Ouagadougou. Moi également, je suis revenu dans mon pays. Etant à Ouagadougou, le grand frère Lamine voulait constituer une équipe. Et comme j’étais sorti meilleur de ma promotion après la formation à Abidjan, je faisais donc partie de cette équipe. Mon rôle dans l’équipe était la formation des acteurs. L’aventure avec les frères Lamine n’a pas continué car ça n’avançait plus mais moi j’ai continué. C’est au Burkina que j’ai commencé ma carrière professionnelle en 2018 avec le film « A bout de souffle»..
ICF : Qu’est-ce qui vous distingue des autres acteurs ?
MT : Je dirais que c’est tout d’abord ma voix. J’ai un don de la nature et les gens me disent que j’ai une belle voix, donc j’en profite au maximum. Ma voix m’a permis de faire des « voix off » et de présenter des émissions à une téléde la place. Au-delà de ça, la formation que j’ai suivie à Abidjan me sert beaucoup car certains acteurs se limitent uniquement au jeu d’acteur. En plus, j’ai décidé de faire aussi le théâtre pour pouvoir dompter les différents personnages.
ICF : Parlez-nous de votre parcours.
MT : Parlant de mon parcours cinématographique, il faut dire que j’ai fait pas mal de films. Je peux vous en citer quelques-uns. Tout d’abord, il y a « A bout de souffle » du réalisateur Oumar Dagnon qui m’a valu une nomination en 2019 au Sotigui, dans la catégorie meilleure interprétation masculine mais malheureusement je n’ai pas eu le prix. Cette année également, je suis nominé au Sotigui à travers le film « L’affaire San Mory » de Boubacar Diallo et j’espère avoir le prix ; Ensuite, « La sœur de quelqu’un » de Kadi Traoré. Il y a également « Elisa », de Faiscal Soura, et « Sira » de Apolline Traoré. J’ai aussi participé à des séries comme « Bibata », « La team des belles rebelles». A cela s’ajoutent des pièces de théâtre.
ICF : Comment concevez-vous le métier d’acteur ?
MT : Le métier d’acteur est comme tous les autres métiers et il mérite d’être respecté. Les gens jugent à tort les acteurs alors que nous contribuons aussi à la bonne marche de la société à travers les films dans lesquels on dénonce les maux qui la minent. Il faut que le regard qu’on nous porte change car les gens ont tendance à juger les acteurs en fonction des rôles qu’ils jouent alors que c’est juste des rôles qu’ils incarnent. Mais c’est à nous de leur expliquer aussi pour qu’ils comprennent. Moi je compte aller jusqu’au bout malgré les préjugés.
ICF : Quelles sont les difficultés liées à ce métier ?
MT : Il y en a plusieurs. La première concerne le cachet qui ne permet pas à l’acteur de vivre de son métier. Il y a également la mauvaise foi de certains réalisateurs qui peuvent bien payer les acteurs mais qui ne le font pas. La plupart des acteurs mènent une vie misérable alors qu’ils ont tourné dans plusieurs films; ce n’est pas normal.
ICF : Quels sont les éléments nécessaires pour réussir dans le domaine ?
MT : Déjà, il faut être passionné car sans la passion tu ne peux pas aller loin. En plus de la passion, il y a les formations qui te permettront de bien construire les personnages. Moi j’ai décidé d’être un acteur qui peut incarner tout type de rôle. C’est la raison pourquoi j’ai fait plusieurs formations.
ICF : En dehors du métier d’acteur, menez-vous d’autres activités ?
MT: Comme je l’ai dit tantôt, on ne peut pas vivre uniquement du cinéma au Burkina Faso. Donc au-delà du métier d’acteur, je fais des formations avec des ONG et aussi des « Voix off » pour les spots télé, radio, etc…
ICF : Quels sont vos projets dans le domaine cinématographique ?
MT: J’ambitionne suivre une formation en scénario, cadrage, montage-vidéo et en doublage. Ce sont des domaines qui me passionnent et je dois me donner les moyens pour y arriver.
ICF : Vous êtes nominé au Sotigui, dans la catégorie meilleure interprétation masculine burkinabè 2023, quels sont vos sentiments concernant cette nomination ?
MT : C’est un sentiment de fierté et de reconnaissance vis-à-vis de mes pairs, qui m’ont nominé une deuxième fois et j’espère que cette fois-ci soit la bonne et que je puisse remporter le prix. Cette nomination m’encourage à travailler d’avantage car le chemin est encore long et je remercie l’academie des Sotigui.
ICF : Quels conseils avez-vous à donner aux plus jeunes qui veulent se lancer dans le métier ?
MT : Si vous êtes élève, consacrez-vous d’abord à vos études et si vous êtes dans la vie active, priorisez vos activités car le cinéma burkinabè souffre actuellement de beaucoup de choses et le métier ne permet pas de nourrir son homme. Aussi, il faut être passionné, patient, faire des formations, participer au casting et ne pas être exigeant par rapport au cachet.
ICF : Votre mot de fin.
MT : J’invite nos autorités à soutenir davantage le cinéma burkinabè par des investissements et la réfection des salles de ciné car c’est notre culture, et un peuple c’est la culture. J’invite également les Burkinabè à soutenir le cinema en allant voir les films. Je remercie Infos Culture du Faso de m’avoir donné l’opportunité de m’exprimer sur ma carrière et sur le cinéma de façon générale.
Aissata TRAORE (stagiaire)