Vourégane est un village de la commune rurale de Guéguéré dans la province du Ioba. Dans l’optique de connaitre et faire connaitre la troupe scolaire dudit village, nous avons rencontré Kambiré Bonaventure, directeur de l’école primaire publique de Vourégane. Responsable et encadreur de la troupe, il revient sur la genèse de ce cadre d’expression culturelle et artistique, parle de son palmarès et aborde les difficultés qui limitent ses ambitions.
Mise en place en 2015, la troupe « La Gazelle » de Vourégane est composée essentiellement d’élèves dont l’âge varie entre 6 et 15 ans. Pour Kambiré Bonaventure, l’école est un tout regroupé ; elle ne se limite pas seulement au quatre (04) murs. Voilà pourquoi, dit-il, il faut apprendre aux enfants ce qu’est la culture afin d’assurer la relève. Pour ce faire, il recrute et forme les tout-petits en danse traditionnelle. « Pour le recrutement, on fait la musique, on tape le balafon et tout le monde danse. On fait danser ceux qui sont déjà acteurs et après, on essaie d’autres qui sont intéressés ; ils suivent les pas et ceux qui vont réussir le mieux ces pas et gestes, on les insère dans la troupe », a-t-il précisé. Après l’étape du recrutement, des séances de répétition et de formation sont organisées au profit des jeunes danseurs afin de les outiller en techniques de danse. Les nouvelles recrues apprennent les premiers pas appelés « napalé » puis le « berwa » (ndlr : langue dagara) et terminent avec des pas imitant les pratiques des activités agricoles.
De son jeune parcours, la troupe « La Gazelle » de Vourégane a un palmarès bien nourri. En effet, elle a participé à plusieurs rendez-vous et compétitions culturels dans la région du Sud-ouest et au Burkina Faso. Classée 2e au festival de la culture Dagara (Fescuda) en 2015, elle remporte le 1er prix successivement en 2016 et 2017. Au plan national, la troupe a remporté le 1er prix de la Semaine nationale de la culture Bobo 2018 après avoir été classé 1er à la semaine régionale de la culture. À la 3e édition du Festival international des danses traditionnelles de Sabou (Fidats) 2021, elle remporte le 3e prix. En plus de ces participations aux manifestations culturelles à l’échelle régionale et nationale, la troupe offre, sur invitation, des prestations à plusieurs occasions. Cependant, les difficultés financières, la réticence de certains parents freinent un tant soit l’atteinte des objectifs visés. À en croire Kambiré Bonaventure, certains parents, ne comprenant pas l’enjeu de ce projet, ne facilitent pas la participation de leurs enfants. En plus, la troupe, ne disposant pas de ressources propres, reçoit l’aide de la mairie de Guéguéré. Une aide qui s’avère insuffisante au regard de ses charges.
Des difficultés qui n’entament en rien la détermination de Kambiré Bonaventure et ses poulains. « Je lance un appel à valoriser la culture de façon générale parce que si nous abandonnons notre culture, ce n’est pas sûr que nos enfants connaitront quelque chose. Ils vont négliger la danse et la musique traditionnelles et écouter certaines musiques qui ne sont même pas du terroir. Ils s’intéressent plus à cette musique alors qu’il faut aimer ce que tu es et ce que tu fais. Il ne faut pas écouter la musique d’autres pays et oublier celle de ton pays », conseille-t-il.
Demba Ka BARRY
