jeu 21 novembre 2024

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CULTURE: KPG annule ses activités « Contes à l’école », à cause du Covid-19

L’initiateur du projet « Conte à l’école », connu sous le nom de Kientega Pingdewinde Gérard alias KPG, lors d’une interview accordé à Infosculturedufaso.net, a annoncé la suspension de ses activités à cause de la pandémie qui frappe le Burkina Faso. Il était également l’occasion pour nous de connaître davantage qui est l’artiste, ses aspirations et ses ambitions. Nous vous proposons ici, l’intégralité du contenu de notre échange.

Infosculturedufaso.net : Qui est KPG

KPG : Je m’appelle Kientega Pingdewinde Gérard, communément appelé KPG, conteur, artiste qui raconte des histoires de créations et des contes du patrimoine Burkinabè. Je suis artiste depuis 1998, j’ai commencé dans une compagnie de théâtre appelée Cie Sagl-Taaba à Tampouy puis j’ai suivi l’école de théâtre à l’Atelier Théâtre Burkinabè ( ATB) ensuite j’ai suivi des formations un peu partout avec des formateurs internationaux.
Je suis également fondateur d’un centre culturel basé à Arbollé dans le passoré, c’est un centre de formation artistique et artisanal en milieu rural pour les jeunes non scolarisés et déscolarisés. Ce centre existe depuis 2007 avec plusieurs formations menées au profit des jeunes. Actuellement je fais le conte à l’école, un projet que j’ai initié pour permettre aux enfants de pouvoir assumer leurs africanisme, se reconnecter avec leurs propres cultures en réhabilitant nos héros et d’inciter les enfants de pouvoir être fière de ceux qu’ils sont. L’idée c’est de cultiver et de semer un esprit patriotique dans le cœur des enfants, afin qu’ils soient des citoyens intègres de demain.

Infosculturedufaso.net: On a appris la triste nouvelle pour les enfants, la triste nouvelle pour le monde culturel, vous avez été contraint d’arrêter vos activités relatives aux contes à l’école, pourquoi ?

KPG: Le conte à l’école a pris un coup comme toutes les autres domaines d’activités parce que le monde traverse une crise à travers cette pandémie qui ravage et qui va à une vitesse phénoménale. Je ne trouve pas triste que les écoles soient fermées parceque c’est pour protéger nos enfants de ce fléau. C’est clair que le monde en général prend un coup, mais je trouve que c’est une façon aussi de pouvoir barrer cette pandémie. C’est parce que nous sommes en bonne santé que nous parlions de transmission de savoir. C’est seulement dans la quiétude que nous pouvons mener nos activités, si le monde est en guerre, on a plus le temps de raconter des histoires, on sera dans la survie . Après la pandémie, nous pourrions reprendre nos activités qui nous tiennent à cœur et je profite remercier le ministère de l’éducation, et le ministère de la culture qui ont faciliter ce projet. Un remerciement mérité à toutes les personnes intègres qui ont cru et qui accompagnent ce projet. .

infosculturedufaso.net: Quels impacts de cette épidémie pour le monde de la culture dont vous êtes l’un des fidèles acteurs ?

KPG: L’impact de cette maladie pour le monde culturel est énorme, en ce qui concerne les acteurs culturels, beaucoup d’événements, des spectacles, des tournées des artistes ont été annulé. Nous sommes confinés, l’économie est confinée, tout se confine. Toutes activités artistiques qui regroupent du monde sont suspendues. En fait, tout regroupement est suspendu. Nous, qui avons des activités en dent de scie, nous aurons désormais deux combats:
Confinement pour lutter contre covid 19 et lutter contre le nassongo…
Je sais qu’il y a beaucoup de domaines d’activités également qui souffriraient bientôt de ce problème. Si la pandémie dure longtemps c’est pas bon pour ce qui ont des revenus intermittent.
L’impact sera énorme pour ceux qui vivaient au contrat, ils sont confinés et sans revenu. Comme c’est une menace planétaire, nous allons resserrer les coudes comme on peut tout en espérant que d’ici là une solution pointera à l’horizon.

infosculturedufaso.net: Vous, connaissant, c’est quand même certains que vous êtes entrain d’entreprendre quelques choses qui pourraient contribuer à l’éradication de la maladie au Burkina ? Qu’est ce qui est prévue ?

KPG: Les projets ne manquent pas. Je suis actuellement entrain de faire un travail dans l’atelier de la Forge . Un atelier imaginaire que j’ai créé pour réfléchir sur des sujets culturels et philosophiques.
Dans le cadre du confinement, j’ai mis place sur ma page Facebook, un dispositif afin de raconter chaque soir à partir de 19h30, des histoires de cinq minutes en direct afin d’apporter une lueur d’espoir et de m’occuper dans cette nouvelle vie solitaire. Je vais faire revisiter tous mes anciens contes, mes anciennes histoires et présenter mes nouveaux projets.

infosculturedufaso.net: Quels contributions pour les acteurs culturels dans sa généralité, afin de contrer la propagation de cette pandémie?

KPG: Pour moi, c’est le respect des consignes, il faut aussi sensibiliser la population, puisque beaucoup pensent que la maladie est une invention, un conte ou encore une légende, il faut sortir de cette pensée et comprendre que le convid-19 est une réalité. On partage les informations du ministère de la santé, afin de permettre une large diffusion parce que si ton voisin est menacé, la tienne l’est aussi. Je demande à tous et à toutes de respecter les consignes et limiter les déplacements inutiles, les salutations inutiles. La lutte contre le covid 19 est une collective, chacun doit cultiver l’esprit patriotique à travers la discipline.

infosculturedufaso.net: Parler nous un peu de votre parcours

Alors, je suis conteur depuis 1997, après mon école de théâtre, j’ai participé à plusieurs festivals à travers le monde. J’ai eu le prix de la francophonie sur les arts du récit et de l’oralité, puis j’ai sorti un livre « forgeron ». J’ai reçu aussi une distinction honorifique aux jeux olympiques d’hiver à Vancouver décerné par l’ancien président de la confédération suisse Pascal Couchepin.
J’ai eu un autre prix décerné par le mairie de la ville de Viborg au Danemark en reconnaissance du travail que je fais avec les enfants. Comme on le dit, pour sauvegarder notre patrimoine, il faut confier sa gestion aux enfants. J’ai eu un prix des arts de l’oralité décerné pendant les festival, les rencontres internationales de l’oralité au Benin. RIAO, J’ai eu une autre distinction du sculpteur Vitalino, puis un prix lors des Lompolo. C’est un plaisir de voir que des institutions et des personnalités reconnaissent un moment de ton parcours c’est réconfortant. Je continue toujours de travailler, de me cultiver et d’apprendre parce qu’on apprend tous les jours de notre vie.

Infosculturedufaso.net: En dehors du conte, quelles autres casquettes portez vous?

KPG: Depuis plus de 20 ans, je suis conteur. Je ne vis que de ça, je n’ai pas d’autres métiers.

Infosculturedufaso.net: Peut on dire que le conte comme certaines de nos traditions est en voie de disparition ?

KPG: Le conte est complètement laissé tomber en désuétude depuis longtemps, et c’est pour cette raison que nous tentons de faire en sorte que le conte vive à travers les spectacles, les ateliers et les émissions que nous faisons partout dans le monde. Je reste convaincu que le conte ne peut pas mourrir car là où y a la parole, il y a toujours le conte. Dans le numérique, on raconte des histoires, c’est le conte traditionnel au tour du feu qui n’existe plus, Mais nous tentons de faire renaître le conte à travers l’organisation de la grande nuit du conte et des émissions qui sont mis en place aussi avec le soutien des uns et des autres, La mise en place d’un festival de conte à Ouagadougou ré-dynamiser le conte au Burkina est en cours.

infosculturedufaso.net: Quelles sont les oeuvres que vous avez à votre actif?

KPG: À mon actif, j’ai quatres œuvres: les paroles de forgerons, le monstre du village RAGANDÉ, un album CD et mon dernier ouvrage qui est Kossyam. J’ai d’autres qui sont instance que je n’ai pas encore édité et une dizaine de collaborations avec des artistes musiciens.

infosculturedufaso.net: Vous avez participer au MASA 2020 en Côte d’Ivoire, comment évaluez vous votre participation en terme de bilan ?

KPG: Notre participation au MASA avec l’album Ragandé a porté fruits parce qu’il y a eu beaucoup de programmeurs qui nous ont approché pour prendre notre disponibilité dans le but de nous inviter dans leurs festivals ou dans leurs événements. Mais compte tenu de la situation pandémique, on a tout suspendu , il y a des projets aussi pour 2021 et 2022, nous espérons qu’on pourra participer à ces événements par la grâce de Dieu et la bénédiction de nos ancêtres.

infosculturedufaso.net: L’oeuvre Ragande en particulier, on aimerais en savoir un peu plus ?

KPG: Ragande, est un spectacle que j’ai créé une combinaison de contes, d’histoires, de textes. Nous avons fait la tournée de ce spectacle un peu partout et qui a connu un succès à la fin de chaque spectacle le public nous demandait si on avait un CD. Et c’est à la demande des fans que j’ai invité les artistes musiciens du groupe français YAPA pour enregistrer le CD à Ouagadougou en 2014. Quand nous l’avons enregistrer, c’est finalement en 2016 que j’ai fais sortir l’album. L’album a été récompensé au Lompolo. Je suis entrain de préparer un autre album de conte mais nous n’avons pas encore les moyens, on cherche toujours dès que nous finalisons le budget on démarre.

infosculturedufaso.net: Avez des projets en gestation dans votre domaine ?

KPG: Je viens de créer un espace qui s’appelle l’atelier de la forge, qui est un espace de réflexion, un espace de recherche autour de mon métier. Aujourd’hui, le métier du conte n’est pas seulement raconter, il faut aller au delà du conte, au delà de la parole pour comprendre les symboliques de la métaphore, la force de l’oralité. C’est la raison pour laquelle, j’ai créé cet espace pour pouvoir créer et chercher les outils nécessaires de la transmission. Mon objectif, c’est de pouvoir transmettre plus tard. Nous avons remarqué que dans l’atelier de la forge, chaque outil a besoin d’un autre pour fonctionner la loi de la complémentarité. Au regard de tout ça, on se dit que si le monde fonctionne, comme l’atelier de la forge, tout serai bien. Je suis entrain de monter un spectacle de « transmission », de mise en lumière de la philosophie de l’atelier de la forge et de la réduction du fer. Beaucoup de personnes pensent comme moi qu’il est important de revoir notre système éducatif et intégré certaines formes d’éducation ancestrale dont les contes, les mythes, les légendes, la valorisation de nos héros, la reconnexion avec notre propre culture et réhabilitations de notre patrimoine matériel et immatériel.

Interview réalisé par Parfait Fabrice SAWADOGO

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