Toujours dans cette dynamique de valoriser les acteurs, à la limite délaissés du secteur culturel, nous avons au cours de notre visite à Bobo Dioulasso, fait une rencontre avec un artiste-chorégraphe. En effet Djibril Ouattara, puisque c’est de lui qu’il s’agit, est un jeune danseur chorégraphe, comédien, directeur artistique du projet de formation triennal Ankata Next Generation de cie Ardji Ambiance et enseignant certifié en art de l’enseignement. Il est revenu sur les détails de cet art, ce dimanche 13 juin 2021.
Permettre à tous les acteurs culturels de révéler leur talent au yeux du public est l’objectif de l’entretien que nous avons initié ce dimanche 13 juin 2021. Notre interview a porté sur un jeune danseur chorégraphe, comédien, directeur artistique du projet de formation triennal Ankata Next Generation de cie Ardji Ambiance et enseignant certifié en art de l’enseignement, Djibril Ouattara . À l’écouter, la chorégraphie est l’agencement de pas et des figures de danse autour d’un rythme. « La différence entre chorégraphie et danse se trouve au niveau de l’agencement des mouvements. En chorégraphie tous les mouvements sont millimétrés », a-t-il laissé entendre.
Son arrivé dans ce domaine artistique est étroitement liée à son amour pour la danse. « Je regardais Top vacances culture, les compétitions inter quartiers, le Fitini Show et je voyais pas le nom de mon quartier sur la liste. J’ai décidé de faire en sorte que cela change. Aussi, mon quarter était réputé pour être un quartier de violence. Quand tu disais que tu venais de Farakan, on te regardait avec un autre œil. C’est ainsi que j’ai décidé de changer cela et dans la foulée, je me suis mis à danser, en m’inscrivant en 2003 à la compétition.
Mais je faisais des danses d’initiations traditionnelles donc il a fallu faire des stages pour me perfectionner », a-t-il expliqué. Son inspiration est naturelle ou divine d’après ces dires. « On l’a déjà à la naissance et on l’appelle le talent. C’est le perfectionnement du don qui fait souvent la différence. Moi, j’organise souvent des espaces pour tirer des inspirations. Elle peut venir des fourmis qui passent, de l’arbre que je regarde, d’une musique que j’écoute, etc », a-t-il lancé.
La chorégraphie et le théâtre sont des métiers à temps plein pour lui et cela, il ne peut que les prendre au sérieux . « Je ne fais pas autre chose à part ces deux arts. je suis trois fois lauréats à Fitini Show, champion de ballet à la SNC 2018, et je suis présentement sur l’une des plus grosses pièces du chorégraphe international, Serge Alain Coulibaly. Donc, on peut vivre de la chorégraphie au Burkina Faso, même si cela se révèle particulièrement difficile. Je dispose de l’essentiel pour ma survie. En 2017, j’ai mis fin aux compétitions et j’ai créé une formation appelée Kienta. C’est un atelier d’initiation en théâtre, danse et musique pour les jeunes de moins de 20 ans.
Dans ce projet, on attend promouvoir nos propres traditions en étudiant les histoires de nos villes. Il est important de connaître ses origines, surtout pour les jeunes, notre relève prochaine. En 2017, jai fait mon solo les Dieu délinquants, 2020 la grande marche du retour. Actuellement, en résidence pour mon prochain solo qui se prépare pour 2022. J’ai joué dans beaucoup de festivals entre autres Dialogue de corps, rencontres chorégraphiques d’Abidjan, Modaperf au Cameroun, j’ai aussi travaillé avec Olivier Tarpaga sur un projet, etc », a-t-il énuméré. Concernant le théâtre, l’artiste était récemment en formation avec la Fédération du Cartel. « Beaucoup de mes contrats viennent aussi du théâtre, d’où l’utilité de m’y faire former», a-t-il clamé.
En terme de perspectives, il a indiqué être actuellement sur les traces d’un nouveau projet. « Il y’a deux ou trois propositions qui sont en réflexion, dans le domaine du théâtre mais aussi de la chorégraphie », a-t-il laissé entendre avant de poursuivre par « Pour ceux qui veulent embrasser ce métier, il faudra d’abord être passionné, c’est la base. Au delà de cela, il faut du courage et de l’ambition. L’ambition, c’est se former. Le courage, ce sont les affinités ». En somme de cette entretien on peut dire que la chorégraphie est d’abord une question de passion, ensuite une fois dans le milieu, il faut plus privilégier les relations humaines pour espérer obtenir des spectacles et nourrir son homme.
Propos recueillis par Abdoul Gani Barry (stagiaire)