Le Burkina Faso rayonne de jour en jour en Afrique et au niveau des autres continents à travers sa musique et sa culture. Cette bonne nouvelle est en grande partie l’œuvre de différents acteurs dudit domaine tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. Nous vous invitons à la découverte d’Ezé Wendtoin à travers l’interview qu’il a accordée récemment à INFOS CULTURE DU FASO dans son pays d’origine. Dans celle-ci proposée ci-dessous, le musicien- auteur- écrivain, en ce moment en vogue du côté de l’Allemagne, revient sur sa carrière, son actualité ainsi que sa vision musicale et sociale. Lisez!
CULTURE DU FASO (ICF): comment Ezé s’est-il retrouvé dans le domaine de la musique ?
EZÉ WENDTOIN: (EZÉ) C’est une histoire qui va depuis la naissance. Je suis d’une famille protestante. Mon père, paix à son âme, était un pasteur et ma mère une chanteuse. On a pratiquement grandi à l’église. On est aussi d’origine forgerone de Tanghin Dassouri, précisément à Balolé. Je suis né de l’église protestante où on a tendance à beaucoup plus valoriser la musique qui y joue un grand rôle. Donc, c’est là-bas que j’ai commencé avec les percussions. Après je me suis lancé concrètement dans la formation musicale, culturelle et artistique. Après l’obtention de mon BAC, j’ai en fin 2010, intégré l’orchestre de l’Université de Ouagadougou où j’étais batteur et chanteur de temps à autres. J’ai accompagné pas mal d’artistes burkinabè dont Patrick Kabré, Toussy… Après mes études à l’Université, je me suis investi carrément dans la musique. Et c’est en 2016 que je suis reparti en Allemagne pour continuer mes études en Master Germanistique que je viens d’ailleurs de finir. À côté de ça, je continue la musique.
ICF: Quel type de musique faites-vous? Est-ce uniquement de la musique religieuse ?
EZÉ: Je suis instrumentiste à la fois chanteur. Donc, il n’y a pas de problème à aller accompagner tout artiste. Dans ma carrière, je collabore avec d’autres artistes que ce soit au Burkina Faso comme en Allemagne. Disons que je fais une musique de mélange, multicolores parce qu’en 2016 j’ai sorti un livre que je baptise Warc-en-ciel. Un livre autobiographique relatif à la musique que je fais. C’est pour expliquer un peu l’univers dans lequel j’évolue. Le Warc-en-ciel c’est ce mélange entre le ‘W’ et l’arc-en-ciel. Le ‘W’ est le reflet de socle traditionnel burkinabè et moaga pour restreindre. Dont Wenga, Warba, Wiiré, Wiirbinndé (…). J’ai une base traditionnelle moaga ouverte aux autres sonorités mondiales (salsa, reggae, RnB…) pour donner quelque chose de multicolores à l’image de l’arc-en-ciel. Je suis pour l’esprit de globalisation.
ICF: Quels sont les messages clés que vous véhiculez à travers vos compositeur ?
EZÉ: Les messages sont assez diversifiés. Dans mon premier album, j’avais une volonté de raconter certaines choses liées directement à ma personne. Je dirai que c’est une œuvre biographique parlant de mon vécu. J’y valorise la femme africaine à l’image de ma mère. Depuis tout petit, j’observe ce qu’elle endure pour nous ses enfants. J’évoque aussi la nostalgie, l’aventure, etc.
ICF: Combien d’album comptez-vous sur le marché ?
EZÉ: Un (01) album de 12 titres qui s’intitule Konyimi. Pour dire qu’il ne faut jamais oublier d’où l’on vient. J’ai fait aussi des collaborations en Allemagne et dans d’autres projets.
ICF: Comment se passe votre carrière en Allemagne ?
EZÉ: Ça se passe très bien et disons que je suis débordé parfois. Jusque-là, je n’ai pas encore organisé un spectacle en tant que tel parce que je suis contacté déjà pour d’autres. J’ai le plus souvent du mal à manager mon temps pour honorer toutes les demandes.
ICF: Est-ce que vous êtes en contact avec l’ambassade du Burkina Faso dans ce pays ?
EZÉ: C’est récemment que j’ai pu prendre attache avec l’Attaché Culturel, Monsieur Boureima Barry (…).
ICF: Qu’est-ce qui motive votre visite au bercail ?
EZÉ: Premièrement j’avais envie de revenir pour me reposer un peu et enregistrer mon prochain album ici avec des musiciens locaux. Deuxièmement pour préparer l’arrivée de mes amis musiciens allemands. Ils seront là du 08 au 17 octobre prochain. À côté de tout ça, je suis au pays pour retrouver la famille. Parce que depuis 2016, je ne suis pas revenu. C’est un retour à la source et revoir dans quelle direction je vais.
ICF: Parlant de votre nouvel album, qu’elle est sa particularité ?
EZÉ: Il est beaucoup plus multicolore que le premier. Quand on travaille avec d’autres musiciens d’origines différentes, on acquiert de l’expérience et on se laisse parfois influencer de façon positive. J’ai bossé avec ceux de la Syrie, d’Afghanistan, d’Irak, et surtout d’Allemagne. Donc j’essaie d’élargir mon terrain musical. Ça sera un album d’une grande diversité rythmique et sonore (…). Je chante surtout en allemand, mais également en français, moore, fulfundé (…).
ICF: Quand aura lieu la sortie officielle de cet album ?
EZÉ: Dans mon petit programme, je planifie la sortie de l’album en juin 2019 du côté de l’Allemagne. Au niveau du Burkina Faso, je n’ai pas encore de date précise mais certainement après l’Allemagne je reviendrai au pays (…). Mon ambition est de faire des tournées en Europe et en Afrique de l’ouest particulièrement. Donc je prends mon temps pour travailler sur ce projet pour qu’après sa sortie, je puisse le faire découvrir. Surtout avec le combat qui est derrière certaines chansons et atteindre ce que je poursuis comme objectif.
ICF: Quels sont vos projets ?
EZÉ: Il y a l’album comme premier projet. Le deuxième est que je travaille sur un CD interculturel. Je vais travailler avec des enfants du côté de l’Allemagne. En plus, j’attends l’arrivée de mes amis allemands chez moi dans le cadre de la musique. On va faire un atelier (…). Sans oublier la réalisation d’une vidéo avec beaucoup d’activistes, de chanteurs engagés pour dénoncer l’injustice envers les migrants et les réfugiés (…).
ICF: Avez-vous déjà reçu des distinctions à travers vos actions?
EZÉ: Oui. En novembre 2018 j’ai été nominé au Prix DAAD de l’Université de Dresden pour la promotion des étudiants brillants et engagés politiquement, culturellement et socialement. Mais avant ça, j’ai en septembre 2015 reçu Afrika-Sonderpreis. Un prix exceptionnel africain.
ICF: Citez quelques grands événements auxquels vous avez participé en Allemagne ?
EZÉ: je cités trois (03) notamment : Festival africain a Wassertrüdingen(2018); Festival africain Kenako à Berlin (2016); Festival eine Welt (Kolumbiahalle à Berlin)
ICF: Votre dernier mot
EZÉ: On est toujours sur le chemin. Le combat continue. Donc nos prières c’est qu’on prie pour nous. Qu’on nous soutienne et qu’on nous accompagne sur ce chemin qui n’est pas aussi simple. Ce, afin que nous puissions atteindre les objectifs poursuivis. Je me sens très honoré de la visite de INFOS CULTURE DU FASO (…). Merci.
Filasko Moussa KABORÉ