Bebeto Ulrich Lonsili est un conteur- comédien- entrepreneur culturel originaire du Burkina-Faso. L’on dira simplement qu’il s’est lancé dans la culture lorsqu’il était tout petit. Aujourd’hui il pilote plusieurs projets culturels rentrant dans le cadre de la promotion des acteurs culturels et leurs différents produits. Résidant à Montréal au Canada, il est toujours rattaché à la culture de son pays. Présent actuellement au pays pour le lancement officiel de sa structure, Lonsili Production, Infos culture du Faso a pu le rencontrer pour un entretien exclusif. Lisez plutôt.
Le promoteur culturel Bebeto Lonssili a mis pied dans le monde de la culture grâce à son initiation aux contes et légendes depuis le bas âge. C’est aux côtés de ces grands parents, au éclair de la lune qu’il s’est initié. Il a grandi dans un quartier de griots et de forgerons. Plus tard il intègre différentes troupes à Bobo-Dioulasso avec lesquelles il a d’ailleurs été à l’international. Dans la suite de sa carrière, il s’est lancé également sur un autre volet mais toujours dans la culture. En effet, Lonsili est aujourd’hui promoteur culturel engagé. Il trouve du temps à porter ces deux casquettes même si l’on constate clairement que le côté artiste conteur est en train de disparaître petit-à-petit. De par ses expériences cumulées dans les pays qu’il a parcourus, l’ambassadeur décide de mettre cela au profit de sa nation. Partant justement du constat que le Burkina, malgré les talents artistiques n’est pas beaucoup représenté quand on parle de façon générale de la culture et l’art dans le monde. Pour lui, les ainés ont fait leur part. Alors dans l’optique d’apporter sa pierre au développement culturel, Bebeto s’est lancé en tant que promoteur tout en comptant sur les carnets d’adresse qu’il détient à son actif.
« On a du talent à l’image d’autres pays. C’est donc inadmissible qu’on ne parle pas de nous à l’étranger. Je ne suis pas un promoteur culturel pour du show- business mais pour faire connaître notre culture à travers le monde. C’est l’idée de créer une véritable industrie culturelle », a laissé entendre Bebeto Ullrich Lonsili lors de notre entretien. Le compatriote est reconnu comme étant un faiseur des stars burkinabè en Amérique du Nord. En effet, il a déjà fait ses preuves dans le domaine de la production et du placement des artistes au Canada où il réside. Au nombre de ceux-ci, on retient la Diva de la musique, Amity Méria; Abdoulaye Diabaté; Kadi Diarra qui est une artiste talentueuse du Burkina mais qui réside en France. Le promoteur culturel a déjà invité plusieurs artistes comme Awa Boussim, Sissao, ATT, Bil Aka Kora, Ombre Blanch à travers les évènement qu’il organise au Canada. Ayant le sens de l’intégration, l’artiste, dès qu’il est arrivé en Montréal en 2007, a commencé le véritable travail avec la création de la troupe Lamôgôya avec son « frère » Luc Bambara.
« On a invité des guinées, des maliens et des canadiens à se joindre à nous. Et, nous avons fait pas mal de festivals à travers le Canada dont les Nuits d’Afrique qui est l’un des plus gros festivals au monde. Avec cette troupe les gens ont commencé à mieux connaître le Burkina. Après cette troupe j’ai créé en 2011 un événement qui s’appelle la fête au village, la rencontre des cultures. De nos jours, il a été présenté dans sept villes au Canada et dans une grande école de promotion culturelle. Après la Fête au village, la rencontre des cultures qui est une structure enregistrée et incorporée là-bas, j’ai fondé le projet hommage aux femmes qui est actuellement l’un des plus gros projets que je pilote. Cette manifestation était à sa 7e édition cette année, 2018. On avait 14 pays représentés dont le Burkina Faso qui avait une délégation de personnalités. Nous avons invité la première Dame du Mali, Nastou Traoré de la Côte d’Ivoire », a-t-il poursuivi.
Son tout dernier projet est Lonsili Production lancé en octobre 2017 au Canada. Bil Aka Kora du Burkina était la tête d’affiche avec la représentation de six pays. Le lancement officiel au Burkina vient de se terminer « sur note de satisfaction ». En plus de cele, l’on peut noter d’autres créations et projets. Par exemple à l’Ombre du Baobabe qui est un spectacle de conte, de musique et d’instruments de musique traditionnelle avec Adama, un ami du Mali. Par le biais de cette création ils ont pu visiter plusieurs villes et plus d’une centaine d’écoles et bibliothèques au Canada durant 05 ans. Au-delà de tout, notons également que Bebeto Lonsili coordonne et occupe les directions artistiques de plusieurs festivals africains et même canadiens.
Artiste, comédien, conteur, animateur et producteur de son état, son talent, son dynamisme et surtout sa volonté affichée de promouvoir la culture et d’encourager l’intégration positive lui ont valu plusieurs distinctions et plus de 25 attestations de reconnaissances. En plus de la Médaille de l’Assemblée Nationale du Québec reçue récemment au Canada, il a été également honoré en 2015 par la mairie de Montréal toujours dans le cadre de l’histoire des noirs. Au cours des échanges avec Infos culture du Faso, l’entrepreneur a souligné que le Burkina regorge d’énormes talents et potentialités culturelles et artistiques. Seulement, selon lui, il manque de bonnes stratégies pour positionner ces talents à l’international. C’est justement dans le sens de placer encore plus haut ces créateurs qu’il a mis en place Lonsili Production. Il est question d’une Maison qui va apporter un plus. Pour positionner les artistes à l’international et surtout dans les événements majeurs. Sur la question, Bebeto invite tout le monde à mette la main pour construire ce secteur.
« Nous avons une soixantaine d’ethnies et une diversité artistique. Alors ça doit rapporter de l’argent au pays. Il faut une véritable politique au niveau du gouvernement qui va accompagner les idées que nous allons développer. Je profite inviter encore les autorités à investir dans la culture pour que ça puisse mieux rapporter. Toutefois, nous avons un avenir avec les jeunes créateurs. D’ici cinq ans nous allons sortir des talents à l’image des autres pays », a-t-il conclu.
Malgré tous les efforts de promotion de la musique et de la culture au Canada, Lonsili révèle qu’il reste encore beaucoup à faire. C’est pourquoi il promet que lui, Luc Bambara et d’autres serreront toujours la ceinture pour que d’ici les cinq ans à venir, l’on parle de « nos artistes dans ce pays et ailleurs ». Si selon, l’artiste les conseillés culturels dans les ambassades à l’époque ne se faisaient pas sentir, il confie que l’arrivée du nouvel ambassadeur, Son Excellence Athanase BOUDO, donne de l’espoir. Pour Bebeto, celui-ci fait déjà un travail remarquable bien qu’il vient d’arriver.
Fabrice Parfait SAWADOGO