Roger Wango fait partie des artistes musiciens qui ont marqué de leurs empreintes la musique burkinabè. Ces chansons ont traversé les âges et continuent d’être appréciées par la jeune génération. Il a été invité a participé cette année au festival Ouaga New York. A son retour, Infos Culture du Faso est allée à sa rencontre pour recueillir ses appréciations concernant cette participation. Pour une première participation Roger Wango retient de beaux souvenirs. Découvrez dans les lignes qui suivent l’intégralité de cet entretien.
Infos Culture du Faso : Qui est Roger Wango ?
Roger Wango : Roger Wango est pas mal connu, je suis artiste-musicien-chanteur. Je fais partie de la catégorie des vieux pères [rires].
Infos Culture du Faso : Racontez-nous un peu comment vous êtes arrivé à la musique ?
Roger Wango : Ça été assez banale que je me retrouve dans la musique. Je suis né à Ouagadougou mais j’ai pratiquement grandis à Fada. Il se trouve que j’avais des aînés à l’époque qui aimaient beaucoup la musique. C’était l’époque des électrophones, des 504, un 604. Ça ressemble à des noms de voitures mais c’est des noms de série d’électrophones qu’on utilisait. On écoutait de la musique grâce à ces gens. Le soir de leur retour du boulot ou pendant les vacances ils nous faisaient découvrir leur discographie. Il y avait tout genre de musique, voltaïque, congolaise, américaine, française, tout ce qui était en vogue à l’époque, c’est ce qui a fait que je me suis intéressé petit à petit à la musique, j’ai trouvé ça assez bien. Et quand je suis arrivé au lycée Philippe Zinda Kaboré, il y avait ce qu’on appelait les grandes nuits scolaires, les concours inter-scolaires de la musique. Il y a des groupes à l’époque comme les Djinns de saint camille, des chanteurs connus tels les To Finley qui gravitaient dans les grands orchestres. Ça nous a donné envie avec quelques camarades de monté un groupe et le groupe s’appelait les Rastafari Brothers parce que on faisait beaucoup de reggae. Après je me suis retrouvé dans la sphère professionnel avec quelqu’un comme Bamogo Jean Claude, après on a créé un groupe avec d’autres camarades qui s’appelle le « Tout Musique », j’ai joué avec le Super Volta, le CVD. J’ai pris du volume et de l’envergure avec Dési les sympathics, quelqu’un avec qui j’ai appris beaucoup de choses. C’est après tout ça que j’ai fait mes premières productions. La 1re en 1987 la 2e en 1989, la 3e en 1991, la 4e en 1996, la 5e en 2001 et la 6e en 2011.
Infos Culture du Faso : Quels sont les noms de baptême de ces albums ?
Roger Wango : Le premier album c’est « Tinga Gninga » le deuxième c’est « Toujours essayer « le troisième c’est « Rata ta « le quatrième c’est « Ragga de Ouaga « le cinquième c’est « Pakitilaké« . J’ai fait quelques singles, des maxis et des musiques de films sur commande.
Infos Culture du Faso : Cela fait combien d’années que vous êtes dans la musique ?
Roger Wango : Pour dire vrai j’ai commencé en 1978. Faites le calcul. [Rire]
Infos Culture du Faso : Quels sont les thèmes que vous abordés dans vos chansons ?
Roger Wango : Ça peut être les aléas de la vie, du vécu, des conseils. Je fais une musique engagée mais en ma façon, de manière positive sans agression. Quand vous écouter des chansons comme Ragga de Ouaga, je dis des choses tout simplement, je dénonce des choses dans la positivité. J’écris des textes qui me ressemble, tranquille quoi, parce que je suis quelqu’un de tranquille.
Infos Culture du Faso : Vous avez pris part au Festival Ouaga New York, parlez-nous un peu de ce festival.
Roger Wango : C’est une nouvelle aventure, c’est vrai que je n’ai pas mal voyagé dans ma vie. J’ai été du côté du continent américain mais c’était en Guyane française, mais je n’étais jamais allé aux États-Unis, donc c’était une découverte. La rencontre avec les organisateurs du FONY, la communauté, on a eu la joie de découvrir qu’on n’avait pas mal de compatriotes aux États-Unis, une communauté très dynamique et très respectée, et ça nous a marqué. Ils nous ont bien accueilli, et le soir lors du concert c’était une très belle soirée, du côté de la charge émotionnelle c’était très beau. On a passé une très belle soirée avec nos parents. C’est ma toute première participation au FONY.
Infos Culture du Faso : Que pensez-vous de ce festival, et quel mot avez-vous à l’endroit des organisateurs ?
Roger Wango : Le FONY c’est une superbe initiative parce que, permettre à des artistes du Burkina de se retrouver du côté des États-Unis ce n’est déjà pas évident. Je crois que c’est une initiative à saluer. Tout ce que je peux dire c’est de leur demander de faire mieux, que ç’ait beaucoup plus d’envergure, que ça soit beaucoup plus rassembleur. Honnêtement ce sont des lutteurs bénévoles, des travailleurs, des gens qui laissent leur travail pendant des semaines pour que ça se fasse. Ça m’a rappelé un peu ce que j’ai connu en France. Généralement tous les grands festivals ont démarré avec des bénévoles, des gens qui ont crus et après ça pris de l’envergure et c’est devenu de gros événements. Ce que je souhaite au FONY c’est de connaître la même finalité. Il n’y a rien à dire ce sont des gens qui ont assuré. Nous n’avons eu aucun problème particulier que ce soit pour avoir nos visa ou au niveau de l’immigration aux États-Unis. On a été bien traité. Les gens étaient heureux et fiers que nous soyons là donc quand il y a un projet comme cela, il n’y a rien à dire. C’est souhaiter que ça se pérennise et que d’autres profitent de ce tremplin pour magnifier notre culture, rassembler la communauté autour d’idées positives.
Infos Culture du Faso : Avez-vous eu des contacts lors de ce festival ?
Roger Wango : J’ai eu des contacts avec des gens de la communauté qui avaient des initiatives du genre. J’ai eu également des contacts avec d’autres artistes, j’ai vu Simon Wensey qui était en concert dans une salle connue comme le chrine à harlem qu’on appelle The Piano, j’ai passé du temps avec Kader OUEDRAOGO qui est un de nos parents super dynamique, qui a des salles de spectacle bien connues, Artistes africains americains, bref du monde entier et un restaurant.
Infos Culture du Faso : Roger Wango se fait rare sur la scène musicale. Qu’est-ce qui explique cela ?
Roger Wango : Ça dépend, il y a en a qui me sente, je me suis mis un peu underground par rapport à la scène. Parce que souvent, ça me pose problème pour répéter, pour faire un bon rendu. N’empêche que je suis actif musicalement parlant. Je travaille, je fais pas mal de choses pour le théâtre, le cinéma. La dernière œuvre au CITO, Les bouts de bois de Dieu, j’ai fait la musique après il y a eu Jasmin en flammes et ainsi de suite. Je travaille autrement mais beaucoup plus relaxe.
Infos Culture du Faso : Qu’est-ce qui fait votre particularité ?
Roger Wango : Je ne sais pas si j’ai une particularité, je suis mon petit bonhomme de chemin, j’essaie de pousser des jeunes. Tout le monde dans la galaxie musicale sait que je ne suis pas mal équipé. J’ai apporté aussi ma part pour faire avancer la musique. Je fais toujours la même musique qu’on connaît.
Infos Culture du Faso : Que pensez-vous de la musique burkinabè de nos jours ?
Roger Wango : Je peux dire que je l’apprécie bien parce qu’il y a beaucoup de gens qui font un peu la même chose que moi que j’apprécie. Tout compte fait c’est une histoire de ressentis, d’affinité. Des gens qui font les choses bien, qui se battent comme j’aime, ils écrivent leurs textes, ils enregistrent en live au studio. Je pense que c’est la seule manière pour que ça décolle. Sinon les musiques fabriqués c’est bien mais ça n’a pas beaucoup d’avenir, c’est des succès qui ne dure pas. C’est une joie de voir qu’il y a beaucoup de jeunes qui sont sur le bon chemin et je leur tire mon chapeau. Je suis fier.
Infos Culture du Faso : Quelles solutions préconisez-vous pour faire avancer la musique burkinabé ?
Roger Wango : Je pense qu’au niveau de la production il faut que ça change. Il n’y a pas mal qui ont des succès ici mais ça reste ici. Ce sont des albums qui, hors des frontières ne ressemblent pas à grand-chose, ça marche souvent mais c’est limité. Il faut que ça change. Il faut que ça travaille dur, que les arrangements soient beaucoup plus soignés en terme de grille, il faut beaucoup de nouveauté. Si on arrive à faire tout cela je crois que ça va marcher.
Pour que la musique se professionnalise on ne peut pas vivre en vase clos, il faut souvent prendre contact avec d’autres personnes pour s’enrichir. Faire danser les gens dans les maquis c’est un succès, mais un succès qui ne dure pas.
Infos Culture du Faso : Avez-vous des références en matière de musique ?
Roger Wango : Dans la musique mes références sont épileptiques. En Afrique j’ai écouté de la musique congolaise les Bela belo. Les François louga, le rock N’roll, jimmy hendrix, led zep, éric clapton, jj cale otis ridding, james brown, jimmy cliff etc. Ce qui fait que ma musique est un peu particulière. Quand la musique est bonne je ne cherche pas à savoir si tu es indien, français ou autre. C’est dû à mon vécu. Je demande à nos jeunes frères d’écouter la bonne musique, les grands qui ont fait de grandes choses dans le domaine musical pour avoir les bases de la musique.
Infos Culture du Faso : Quels sont vos projets futurs ?
Roger Wango : Comme projet c’est de faire un gros spectacle du côté de Ouaga. Suivie d’une tournée. Je suis en pour-parler avec mes gars de zama sounogo band:références musicales éclecquetique. Ça fait un bout de temps que chacun fête son anniversaire, j’y réfléchis également. Je m’occupe de ma ferme, de ma plantation dans mes temps libres. J’ai mes petites affaires à gauche et à droite. Je continue mon petit bonhomme de chemin.
Infos Culture du Faso : Quel message avez-vous à l’endroit de votre ministère de tutelle, le ministère de la culture des arts et du tourisme ?
Roger Wango : Un parent pauvre du système, que l’état renforce les financements et les capacités du ministère, qui soutien toutes les actvités dans les limites de son possible.
Infos Culture du Faso : Votre dernier mot?
Roger Wango : Je tiens à te remercier, je salue vos lecteurs, et les invite à parcourir vos colonnes pour plus d’infos sur la culture. Préciser quand même que je suis parti avec Kisto Koinbré et Cissé Abdoulaye, je remercier Gérard Koala et tout le team FONY, noter que le ministère nous a soutenu pour notre déplacement et remercier la DPICC à travers son directeur Mr Traoré qui n’a ménagé aucun effort pour la réussite de cette mission à New York.
Interview réalisée par Parfait Fabrice SAWADOGO