Bobo-Dioulasso la capitale de la culture burkinabè regorge de stylistes aussi talentueux les uns que les autres. Au nombre de ceux-là on peut citer ZS Création. Avec son slogan « les caprices de la mode», ZS création fait ressortir à travers son art toute la splendeur des tissus surtout le Bazin qui est le tissu à travers lequel il fait des merveilles. Présent à Bobo Fashion Week acte 2, Infos Culture du Faso a pu rencontrer le créateur pour un entretien. Découvrez ou redécouvrez le styliste à travers les linges qui suivent.
Infos Culture du Faso : Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
ZS Création : Je suis Saïdou Zonno à l’état civil et mon nom d’artiste c’est ZS Création. Je suis couturier styliste résident à Bobo.
Infos Culture du Faso : Comment êtes-vous arrivé à la couture ?
ZS Création : Naturellement j’aime m’habiller et j’aime ce qui est beau. Sinon j’ai essayé pas mal d’activités, mais j’ai trouvé que c’est dans la couture que je pouvais mieux m’exprimer. J’ai donc commencé par apprendre le métier avec un maître artisan couturier, c’est ainsi que je me suis lancé dans la couture.
Infos Culture du Faso : Racontez-nous un peu votre parcourt
ZS Création : Ce que je peux dire, c’est que j’avais vraiment envie de ce métier et je savais que je pourrai y exceller. Et actuellement je peux dire que je suis sur la bonne voie pour y accéder. J’ai commencé l’apprentissage à Bobo, après je suis allé au Mali, en Côte d’Ivoire afin de me perfectionner.
Infos Culture du Faso : Quels sont les tissus que vous travaillez ?
ZS Création : Aujourd’hui je me suis vraiment focalisé sur le Bazin, sinon je m’exprime sur toute sorte de support en tissu. Que ce soit le Faso Danfani, le pagne indigo ou ordinaire. Mais je m’affiche vraiment sur le Bazin.
Infos Culture du Faso : Selon vous, comment se porte la mode burkinabè ?
ZS Création : La mode burkinabè est jeune, mais à travers les acteurs et techniciens de la mode qui ne cessent de croire en leurs capacités et de donner un coup de pouce au secteur, ça donne plus de vivacité au métier. Il est vrai que le secteur rencontre des difficultés surtout de cohésions entre acteurs, mais grâce à Dieu cela va changeant depuis que les uns et les autres ont décidé d’unir leurs forces. Grace à cela je crois que d’ici cinq ans le monde entier va sentir le Burkina sur le plan vestimentaire.
Infos Culture du Faso : Avez-vous des idoles dans le domaine de la mode ?
ZS Création : En 2002 alors que j’étais très jeune en matière de couture, mon idole c’était Yves Saint Laurent même si je ne l’ai jamais rencontré. Grâce à son travail, ce monsieur a su conquérir le monde. Pour la petite anecdote un jour j’ai dit à mes collaborateurs qu’un de ces jours je dépasserais Yves Saint Laurent, c’est là que mon chef d’atelier m’a demandé si je n’étais pas mentalement touché, je lui ai dit non mais si en tant que couturier cet homme a pu déposer sa marque sur plusieurs support de la mode c’est parce qu’il a cru en lui. Alors si moi aussi je crois en mes capacités et que je travaille dur je pourrai être meilleur que lui. Avec la vision, le courage et l’amour que je porte à la chose je pourrai y arriver. Sur le plan national, j’ai tellement de stylistes qui m’inspirent, il y a entre autre Koro DK, qui a prouvé que les femmes peuvent également entreprendre et réussir dans le domaine de la mode. Il y a aussi Ide Mava que j’apprécie beaucoup, Bazem’s aussi à qui je tire mon chapeau surtout pour son initiative de Bobo Fashion Week qui permet à nous stylistes de vendre notre image à l’intérieur et à l’extérieur du pays. Je suis né à Koko et c’est une fierté pour moi de voir le Koko Dunda valorisé.
Infos Culture du Faso : Mettez-vous en valeur le Koko Dunda ?
ZS Création : A Bobo Fashion Week Acte 1 j’ai présenté une collection nommée Faso Dembé, fait à base de Koko Dunda et de Faso Danfani, pour cet acte 2 j’ai ma collection Faso Bemka fait seulement en Bazin pour appeler à la cohésion nationale.
Infos Culture du Faso : Quelles sont les difficultés liés au métier de styliste ?
ZS Création : Personnellement, la difficulté majeure que je rencontre dans mon travail, c’est moi-même. En tant que être humain jouissant de toutes mes capacités s’il y a un problème il faut d’abord se remettre en question. L’autre problème est lié au manque d’employés qualifiés et ça c’est dans tous les domaines de l’artisanat. L’État doit songer à reformer le domaine afin que les élèves en fin de formation puissent bénéficier de stage de perfectionnement avant d’être sur le marché de l’emploi, et cela est possible si les écoles de formations collaborent avec les couturiers professionnels. Il faut qu’on soit des acteurs qui soient plus compétitifs sur le plan international et cela passe par la formation. La formation initiale reçue à l’école n’est pas suffisante pour s’installer à son propre compte.
Infos Culture du Faso : Quels sont les conseils que vous pouvez donner aux jeunes qui veulent se lancer dans le métier ?
ZS Création : C’est un métier comme tous les autres métiers. Sa particularité c’est la passion, il faut être vraiment passionné de la chose parce que c’est un métier mesquin et capricieux. Il faut être sérieux et avoir confiance en soi.
Infos Culture du Faso : Le métier nourrit-il son homme ?
ZS Création : Je rends grâce à Dieu, si tu arrives à gagner ta pitance quotidienne sans aller ailleurs, il faut rendre grâce à Dieu. Et moi je rends grâce à Dieu.
Infos Culture du Faso : Comment crée-t-on une collection ?
ZS Création : Il n’y a pas une façon typique de créer une collection, tout dépend de ton inspiration.
Infos Culture du Faso : Votre dernier mot.
ZS Création : Je remercie la presse, qui est notre porte-voix et qui permet à la mode burkinabè d’être mieux vue. C’est vous qui nous vendez et qui faites notre plaidoyer tant au niveau national qu’international et pour ça je vous dis merci, surtout à Info Culture du Faso pour le travail abattu.
Propos recueillis par Parfait Fabrice SAWADOGO et Hamed Zié Kader OUATTARA