L’utilisation des instruments de musique traditionnelle a donné une certaine identité à la musique africaine, surtout celle burkinabè. Et pour celà, l’artiste-chanteuse Kalam n’est pas en reste. Véritable virtuose du Kundé (la guitare traditionnelle), Kalam a su aligner les sonorités de cet instrument à ses magnifiques chansons, toutes choses qui lui ont valu des sorties à l’étranger, un trophée, deux albums sortis en 2018 et en 2021. De passage dans nos locaux, elle a bien accepté de se confier sur sa carrière et tout le mystère autour du « voile » qu’elle porte sur le visage. Lisez plutôt.
Infos Culture du Faso (ICF): Pour commencer, pouvez-vous nous dire qui est Kalam ?
Kalam : Je suis Kalam, le Kundé au féminin, la poog-paala de la musique burkinabè. Le nom à l’état civil s’il est donné publiquement, c’est comme tout dévoiler la démarche artistique. Si le nom est donné c’est comme si le visage est dévoilé. Dans notre concept, on ne dévoile pas la nouvelle mariée pendant les noces.
ICF : Pouvez-vous nous raconter vos premiers pas dans la musique ?
Kalam : Pour résumer, j’ai commencé en tant que danseuse depuis toute petite à travers les danses dodo, Salou, Warba et aussi dans des concours de danses modernes. Par la suite dans mon adolescence, j’ai travaillé avec des grands noms de la danse contemporaine tels que Irène TASSEMBEDO, Salia Ni Seydou, Amadou BOUROU (paix à son âme). A la longue, j’ai eu un problème de genoux qui m’a obligé à arrêter de danser, la danse que j’aime tant. Après maintes réflexions, j’ai décidé de me lancer dans la musique car je me suis toujours senti bien dans l’art. Et comme entre la danse et la musique, il n’y a qu’un pas, c’est donc un changement de casquette tout en restant dans l’artistique.
ICF : Pourquoi avez-vous choisi Kalam comme nom d’artiste ?
Kalam : C’est venu comme ça au début et ensuite après des recherches, j’ai vu que c’est un nom arabe qui signifie « bonne parole ou la parole de Dieu ». Et c’est comme ça que j’ai décidé de l’adopté totalement.
ICF: Quel est votre genre musical et pourquoi ce choix ?
Kalam : Mon genre musical, c’est de la musique traditionnelle, tout en restant ouverte aux autres registres musicaux modernes. On trouve du warba, wedbendé, liwaga, le tout mélangé par moment avec du blues sahelien, afro jazz. C’est plus une musique de recherche. Par exemple, je peux fusionner le warba au hip-hop, au blues… pour trouver quelque chose d’original. Pourquoi ce choix, simplement parce-que je m’intéresse aux rythmes musicaux qui me parlent surtout ceux du terroir.
ICF : Quelles sont les thématiques que vous abordées dans vos œuvres ?
Kalam : Je galvanise et rend hommage aux femmes battantes, j’interpelle les jeunes au respect des conseils des parents, des personnes âgées; j’évoque l’excision, la scolarisation des jeunes filles, le mariage forcé. J’encourage les jeunes à l’abnégation, quand tu tiens à quelques chose n’écoute pas ceux qui te découragent ne baisse pas les bras.
ICF : Pourquoi vous avez décidé de garder un voile sur le visage ?
Kalam : Le voile est le symbole de la femme mariée dans les cultures africaines. Je signifie que je suis mariée à la musique, raison pour laquelle je suis voilée. C’est une démarche artistique et l’art c’est un peu tout ce brin de folie.
ICF : Une femme qui joue au Kundé, comment êtes-vous perçue par votre entourage ?
Kalam : Au début, ce n’était pas facile puisque ça ne court pas les rues une femme qui joue la guitare traditionnelle. C’est venu comme ça, je n’ai pas copié cela quelque part quand l’idée m’est venu, ça ne m’a plus quitté. J’aime tout ce qui est de chez nous. Comme vous pouvez le remarquer, tout ce que je porte à savoir le chapeau de saponé, mes vêtements, chaussures et tout ce qui est sur moi sont d’ici fait par nos braves artisans. Je pense qu’il est plus facile pour moi de valoriser mieux ce qui vient de chez moi que ce qui vient d’ailleurs. Donc l’amour que j’ai pour le Kundé vient de l’amour que j’ai pour mon pays et sa culture.
ICF : Avez-vous eu à faire des collaborations avec d’autres artistes nationaux ou internationaux ?
Kalam : Sur le plan national c’est le groupe Duny Yaam avec la chanson intitulée « on gagne »; d’ailleurs, je vous le recommande, c’est motivant et encourageant pour toute personne qui a des projets. Aussi, nous avons été approchés par un artiste Ghanéen pour une collaboration musicale mais ralentie par la crise sanitaire.
ICF: vous avez deux albums sur le marché du disque, comment se comportent le nouvel album?
Kalam : Effectivement j’ai deux album à mon actif après 3 ans de carrière, le premier intitulé « Woub-Ri » est un album de 8 titres, sorti en 2018. Le nouvel album sorti en juin dernier est baptisé « Tiin-Bo ». C’est un album de 9 titres entièrement enregistré en live. L’album est déjà bien apprécié par les hommes de médias et les mélomanes. Même si au début, je pensais que ce sont les plus âgés qui allaient aimer, je constate que même les jeunes s’y intéressent et cela fait plaisir.
ICF : Quel est votre actualité ?
Kalam : J’ai un concert en préparation et la date sera communiquée bientôt. Aussi, il y a des dates prévues pour des festivals ici et ailleurs et la promotion proprement dite.
ICF : Quel est votre appréciation de l’univers musical burkinabè ?
Kalam : Je pense que les artistes burkinabè de façon générale ont du talent. Il reste que les Burkinabè fassent confiance aux artistes burkinabè car ceux des autres pays ne sont pas forcément mieux que nos artistes mais ils ont connu l’adhésion totale de leurs mélomanes.
ICF: Nous sommes pratiquement à la fin de notre entretien, quel est votre mot de fin?
Kalam : Je tiens à remercier tous les hommes de médias qui s’investissent pour la promotion des acteurs de la culture burkinabè. Merci à Infos Culture du Faso pour cette marque de considération à l’endroit de ma personne.
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Interview réalisée par Micaëlle SAM (Stagiaire)