mer 26 juin 2024

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Industrialisation du cinéma: un pan de l’économie à la traîne

Du 25 février au 4 mars 2023, Ouagadougou a abrité la 28e édition du Festival Panafricain du Cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO). Voilà plus d’un quart de siècle que des professionnels, festivaliers et amoureux du 7e art ne cessent de fouler le sol du pays de Thomas Sankara pour découvrir les énigmes de la caméra. Malgré tout cet engouement autour du rôle que veut bien jouer Ouagadougou, les cinéastes burkinabè ont du mal à tirer leur épingle du jeu. Seuls Gaston Kaboré, Idrissa Ouédraogo et Appoline Traoré se sont faits remarqués. Nous sommes alors en droit de nous poser beaucoup de questions sur cette absence des Burkinabè parmi les lauréats de l’Etalon d’or du Yennenga. Qu’est-ce qui explique l’absence d’une véritable industrie du cinéma malgré le succès de ces éditions festives ?

Depuis 1972 date de la toute première édition, plusieurs trophées ont été décernés à de nombreux réalisateurs consacrant davantage la notoriété de ce rendez-vous de Ouagadougou. Ce qui reste cependant constant, c’est la rareté des cinéastes burkinabés au sein des détenteurs de l’étalon d’or de Yennenga. À ce jour, et ce depuis 1972, seuls deux réalisateurs burkinabés ont pu décrocher l’étalon d’or et l’étalon d’argent pour une réalisatrice. Il s’agit notamment de Gaston Kaboré en 1997 avec son film « Buud-yam », Idrissa Ouédraogo en 1991 pour son film « Tilaï » et 2023 avec Appoline Traoré pour son film « Sira ».

Pourquoi les réalisateurs burkinabés ont-ils de la peine à se hisser au sommet du mât cinématographique alors qu’on nous fait croire chaque jour que Ouagadougou est la capitale du cinéma? Le constat est clair, c’est le côté festif qui prime au détriment des vraies réflexions sur les retombées économiques sur le long terme. A chaque édition, aussitôt les rideaux tombés sur une édition que tout est mis aux oubliettes pour penser à une autre édition. Aucun moyen n’est mis en œuvre pour que nos réalisateurs, nos professionnels du cinéma nous rapportent le trophée le plus convoité. Ce serait plus intéressant d’appeler Ouagadougou la capitale des festivals parce que nous sommes passés maîtres dans ce domaine au lieu de faire miroiter l’appellation « capitale du cinéma ».

Selon certaines indiscrétions, l’inexistence d’une industrie véritable du cinéma serait du au fait que c’est un domaine budgétivore et que les pouvoirs publics d’antan n’étaient pas prêts à financer la réalisation d’un film à des coûts de milliards. C’est le même slogan partout. La modernisation de l’agriculture coûte chère, celle de l’éducation demande beaucoup de billets de banque etc.

Mais qui viendra le faire à notre place. En 2022, les acteurs culturels toute catégories confondues étaient divisés suite à l’octroi de la subvention par l’Etat burkinabè d’un montant de 1 500 000 000 Fcfa au profit du secteur du cinéma pour la production et la postproduction des œuvres cinématographiques. Cette somme qui devrait être repartie à tous les cineastes burkinabé par le truchement du Secrétariat technique du Centre national de la cinématographie et de l’audiovisuel (ST-CNCA), était tout simplement une goûte d’eau dans l’immense océan des problèmes qui minent le 7e art burkinabé.

Le ministère en charge de la Culture doit mettre en œuvre un plan de financement du cinéma. Il doit trouver une ligne budgétaire spécialement consacrée à l’industrialisation du cinéma. Certains produits étrangers qui sont très importés au Burkina peuvent être imposés en vue d’obtenir une masse financière pour réaliser cet objectif.

Aujourd’hui, on voit que les choses sont possibles. Beaucoup de moyens ont été mis en œuvre pour contrer l’avancée du terrorisme. Les populations ont répondu favorablement à l’appel des premiers responsables du pays pour ce faire. Si les mêmes actes sont posés dans le domaine cinématographique, nous aurons les mêmes résultats. C’est la volonté politique qui faisait défaut par le passé mais aujourd’hui l’espoir est permis. L’actuel ministre de la Communication, de la Culture des Arts arts et du Tourisme Rimtalba Jean Emmanuel Ouédraogo avait annoncé le 20 juin 2023 la mise en place d’un projet « Village du cinéma » porté par le secrétariat technique du Centre national de la cinématographique et de l’audiovisuel (ST-CNCA). Ce projet vise à réaliser un complexe cinématographique et audiovisuel pour mieux dynamiser l’industrie du 7e art. Si ce projet voit le jour les professionnels du cinéma ne pourront plus se tourner les pouces tant l’écart entre le Burkina Faso et les pays de la sous-région est grand en matière de production cinématographique.

Que dire de l’ambitieux projet du célèbre comédien burkinabè Hippolyte Ouangrawa dit M’Ba Bouanga. « Laadowood », ce vaste projet de création d’un studio de tournage, un grand complexe de production de films, infrastructure, qui s’étendra sur une superficie déjà acquise de 7 ha du côté de Laye à la sortie nord de Ouagadougou. Cette infrastructure comprendra, une fois achevée, de nombreux bâtiments dont un grand studio de tournage, des salles de maquillage, d’habillage, une boutique, un magasin et une salle de projection. « Laadowood » c’est un coût estimatif de 3 milliards de F CFA, qui peut être financé selon ce qu’avait dit M’Ba Bouanga himself par actionnariat populaire.

Il y a un grand intérêt à ce que ce secteur de notre économie soit boosté. C’est un véritable creuset d’employabilité. La réalisation d’un film demande une pléthore de compétences et est en mesure de venir au secours de la jeunesse qui est de jour en jour étouffée par le chômage.

Les cinéastes burkinabé ont le droit de rêver comme ceux du Nigeria, qui ont su dompter la curiosité du monde avec les productions cinématographiques de Nollywood.
Aujourd’hui, Nollywood est la deuxième puissance cinématographique mondiale après l’Inde (en termes de films produits par an). Cela représente pour le Nigéria une industrie importante aux conséquences positives, véritable vecteur d’emplois. C’est au tour du Burkina Faso d’imiter cet exemple de succès sous régional pour le bonheur d’un peuple en quête de souveraineté économique et politique.

Bessy François SENI (Collaborateur)

1 COMMENTAIRE

  1. Cher journaliste, veuillez noter que le cinéma ce n’est pas la fiction seulement. Il y’a aussi les documentaires. Et un étalon d’or est égal à un étalon d’or. Savez-vous comment de documentaires burkinabè ont eu l’étalon d’or? Aussi quand tu fais la moyenne de la distribution des étalons d’or depuis la création du FESPACO, c’est moins que 2. C’est à dire que la majorité des pays à 1 étalon. Aussi combien de pays n’ont même pas un seul étalon ? Ils sont les plus nombreux. Enfin, l’étalon n’est pas une unité de mesure de la santé de la filière cinéma je suis désolé il faut chercher d’autres indices. Ils plein d’autres choses semblables dans ce article. Il serait mieux d’essayer de vous documenter davantage et avoir une vue plus large. Merci

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