Issu de la chefferie du royaume de Bagnontenga dans le Nayala, Héritier Bagnon est un artiste-chanteur qui essaie tant bien que mal de se frayer un chemin dans l’univers de la musique, et ce malgré sa profession de militaire. Il est par ailleurs auteur de « Sabarassi », le tout premier album de sa carrière, dont la dédicace est prévue pour bientôt. Dans une interview qu’il nous a accordée ce 26 septembre 2022, Héritier Bagnon parle de son album ainsi que de ses projets.
Ki Bagnon Fabrice de son vrai nom, Héritier Bagnon est un artiste-chanteur mais aussi humoriste et comédien. Actuellement résident dans la ville de Ouahigouya, l’histoire de ce jeune garçon et la musique n’a pas été linéaire. En effet, il aura passé par plusieurs métiers avant de finalement rencontrer la musique. Orpailleur, gérant de club ou encore DJ de Bâl poussière, il aura touché presqu’à tout. Toutes choses qui n’ont pas été sans conséquences, puisqu’il abandonnera les études pour cela.
À la demande donc de sa mère, il reprit le chemin de l’école et par ricochet, fait le Service National de Développement (SND). Malgré une formation en mécanique, il intègre finalement l’effectif militaire en 2015, et prend fonction à la Garde nationale où il devient membre de la fanfare militaire de Ouagadougou. Et comme par hasard, cette nouvelle place dans l’armée redonne goût à sa véritable passion, c’est-à-dire la musique. « En 2018, je profitais de mes temps libres pour écrire des textes de chansons. Par la force des choses je parviens à enregistrer mon premier album en 2021, avant de le sortir en cette année 2022. L’album s’intitule « Sabarassi » et est chanté en français et en langues nationales mooré et san », a-t-il expliqué.
« Fierté d’être militaire », « Les hommes pardonnez », « Les sabarassi », « On pleure partout », « Leleleh Bountant », « Ka sabaraba », tels sont les titres qui composent cette œuvre discographique de l’artiste. Et si l’on en croit à ses dires, cet album aborde le pardon à tous les niveaux, notamment les autorités militaires, politiques, publiques et même au sein des familles. Selon lui, c’est le pardon qui est la mère maîtresse de toutes les valeurs authentiques.
« Les conditions de travail retardent la dédicace de mon album. Une dédicace; en fait, je l’ai annoncé deux fois sans pouvoir la réaliser. Et ce retard comme je l’ai dit, est lié à mon service. Ma vie de soldat influence évidemment ma vie d’artiste et c’est logique. Premièrement, la dédicace s’était coïncidée avec la composition de mon concours professionnel. La deuxième tentative a également coïncidé avec ma mission au front. Et j’avais prévu de faire cette dédicace dans mon village », foi de Héritier Bagnon.
Même s’il priorise la défense de la patrie, le jeune Bagnon arrive à trouver la bonne formule pour honorer ses prestations et autres missions artistiques. À l’en croire, il effectue très souvent des prestations à Titao et dans tous les villages environnants. Dans la même dynamique, il annonce un concert à Dédougou le 22 octobre prochain. Il prévoit également la dédicace de l’album ce 29 octobre à Ouagadougou. Cela dit, il souhaite sortir le second album de sa carrière, l’année prochaine. Pour sa part, il entend à travers ses œuvres, conquérir les pays de la sous-région, même si à son avis, le manque de moyens financiers et des relations avec des ténors du showbiz est criard.
Interview réalisée par Modou TRAORÉ (stagiaire)