ven 22 novembre 2024

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INTERVIEW: « « Madame Afrique » est un album qui dénonce l’impérialisme et la mal gouvernance », Almamy KJ

Abdoul Khader Ouattara, plus connu sous le nom de scène Almamy KJ, est un artiste reggeaman burkinabè. A travers une interview qu’il nous a accordé ce 04 Mars 2022 à Ouagadougou, l’artiste revient sans langue de bois, sur sa carrière mais aussi et surtout sur sa toute dernière sortie discographique baptisée « Madame Afrique ».

Infos Culture du Faso: Qu’est-ce qui vous a motivé à faire la musique ?

Almamy KJ: Je suis issu d’une famille mandingue (malinké). Je partais aux évènements avec ma grand-mère dans la ville de Bobo-Dioulasso et bien d’autres localités. En assistant donc à ses mélodies, j’ai commencé à chanter de temps en temps. Aussi, à l’école primaire, quand je suivais les dessins animés, je reprenais les chansons. Par la suite avec la grande période de la musique, notamment la fin des années 1990, au 1200 logement, nous avons créé le premier groupe de rap « la Razia » qui par la suite va devenir « Black marabout ». Sauf que je ne ferai pas parti de l’aventure parce que j’ai décidé de faire cavalier seul. Après, je vais me retrouver à Bamako pour l’apprentissage du live avant de revenir à Ouagadougou pour le même apprentissage. Bien avant cela, j’ai fait beaucoup de concours du rap dans la ville de Ouaga. J’ai aussi participé à certaines éditions de concours rap entre Ouagadougou et Bobo-Dioulasso. Et en 2009, j’entre en studio pour la première pour enregistrer mon premier album qui verra le jour en juillet 2011. Cest comme cela que la musique est née en moi.

ICF: pouvez-vous nous parler de votre discographie ?

Almamy KJ: Mon premier album a vu le jour en juillet 2011 et qui sera baptisé « Dieu merci ». Cet album comporte dix titres. Après cet album, en 2013, j’ai fait sortir un maxi de deux titres dont « Dabo Boukary » et « article 37 ». « Article 37 » pour dire en ce moment que nous voulions plus que la constitution soit tripatouée. « Dabo Boukary » est la représentation des crimes de sang commis sous le régime de Blaise Compaoré. C’est un peu grâce à mes fans que j’ai pu produire ces albums; mon producteur, c’est le peuple. En 2014, j’ai fait sortir un single intitulé « La Compaorose » pour demander l’arrestation de Blaise Compaoré et de ses complices. Et en 2020, j’ai fait sortir un single intitulé « Covid business » pour dire que les dirigeants ont profité de la maladie pour remplir leurs poches. Enfin, mon dernier album intitulé « Madame Afrique » sorti officiellement le 26 fevrier 2022. Il faut dire que c’est un album de 14 titres.

ICF: Êtes vous satisfait du rendement de vos albums ?

Almamy KJ: Avant de répondre à votre question, permettez-moi de saisir l’occasion pour remercier le peuple burkinabè et tous ceux qui m’ont accompagné durant ses dix ans. Je leur dis un grand merci. Je suis un peu satisfait mais je serai plus satisfait lorsque tout ce que je dénonce comme maux prendra fin.

ICF: Avez vous connu des difficultés dans votre carrière musicale ?

Almamy KJ: Oui, j’en ai connu des tonnes et des montagnes de difficultés. En fait, ce que je fais comme métier demande beaucoup de moyens. Malheureusement, l’État burkinabè ne contribue pas assez pour aider les artistes musiciens. Pour organiser un concert, il faut des dizaines de millions et pourtant ce n’est pas évident de trouver cette somme. Alors faire de la musique au Burkina Faso, ce n’est pas aisé. Je profite pour saluer l’ensemble des artistes musiciens surtout les devanciers car je sais ce qu’ils ont subi.

ICF: Pourquoi avez vous choisi « Madame Afrique » comme titre de votre album ?

Almamy KJ: « Madame Afrique », c’est au regard de tout ce que nous vivons; c’est au regard de tout ce que le continent subit. Le continent subit ce qu’on appelle le terrorisme, tout cela grâce au soutien de l’impérialisme. A côté de ces attaques, nous avons également du « terrorisme d’État » en ce sens que les dirigeants ne répondent pas aux besoins de la population. Nous assistons au taux de chômage très élevé car il n’y a pas d’emploi. Donc ce nom de baptême de l’album vise à inciter les Africains à s’unir et à prendre les choses en main car l’Afrique doit rester prospère. Nous avons l’or, le coton, l’uranium et nous manquons de quoi survivre. Pendant ce temps, les Dirigeants sont dans des salons feutrés et les champagnes coulent à flot.

ICF: Quels sont les thèmes abordés dans cet album ?

Almamy KJ: Dans « Madame Afrique », il y’a le titre « Guerre réactionnaire » qui parle de l’impérialisme au Burkina Faso; il y’a le titre « Hommage à papa » parce que j’ai perdu mon papa le 3 mars 2021. On retrouve le titre « Digne femme » en collaboration avec Mariah Bissongo et qui appelle la femme à d’assumer.

ICF: Avez-vous d’autres activités à part la musique ?

Almamy KJ: Oui, je suis un pratiquant des arts martiaux notamment le karaté. A noter que je suis 2e dane Ceinture noire, et très bientôt je passe mon troisième dane. C’est une seconde passion en dehors de la musique que je fais.

ICF: Quelles sont vos perspectives en tant qu’artiste ?

Almamy KJ: Je veux arriver à faire le maximum de concerts populaires en Afrique comme en Europe, en dehors des concerts payants; être toujours en contact avec la population, me donner à fond aussi pour que cette musique reggae touche la population. Et cela me tiens beaucoup à cœur.

ICF: Quels conseils aimeriez-vous donner aux jeunes musiciens ?

Almamy KJ: je leur dirais que ce n’est pas facile le métier d’artiste, surtout des artistes qui sont laissés à eux-mêmes. Mais le plus important, c’est de tenir bon et de croire d’abord en ce qu’ils ont décidé de faire. Il faut également travailler de façon scientifique, c’est-à-dire respecter les règles de l’art musical.

ICF: Nous sommes à la fin de notre interview quels est vôtre mot de fin ?

Almamy KJ: D’abord, merci à Infos Culture du Faso de m’avoir reçu et merci à tous ceux qui ont contribué à faire de « Madame Afrique » une réalité. Mes remerciements également à mes collaborateurs, à ces artistes qui ont accepté de collaborer sur cet album, notamment Mariah Bissongo, Dicko Fils, la Diva Aïcha Koné, Naïm Touré. Merci aussi à mon staff, au peuple burkinabè qui chaque fois se mobilise pour m’accompagner. Le tout dernier mot, c’est de dire aux jeunes populations de rester égales à elles-mêmes, vigilantes, et s’éloigner des questions populaires mais pas de l’unité populaire. Car c’est ce qui nous permettra de vaincre le terrorisme et l’impérialisme.

Léticia G. YAMEOGO (Stagiaire)

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