Koudougou Doc, le plus grand rendez-vous des rencontres documentaires continuent de dérouler son programme dans la belle cité du cavalier rouge. « Tourouni, les tresses », c’est le long-métrage documentaire qui aura retenu plus l’attention des amoureux du grand écran au soir de la 3e journée du Festival, ce jeudi 28 Avril 2022 sur le site de l’ex-permanence du secteur 1.
De part sa définition simple et claire, le cinéma documentaire, c’est la transposition de la réalité. Et cela, l’on a pu l’apercevoir et le comprendre à travers le long-métrage « Tourouni, les tresses » du réalisateur burkinabè Soungalo A fah Ni Mi, qui a fait l’objet de projection durant la troisième journée de l’acte 9 de Koudougou Doc. Ce documentaire qui aura séduit plus d’un dans l’espace aéré de l’ex-permanence du secteur 1 aborde selon le réalisateur, la question des tresses naturelles auxquelles certains ancêtres s’identifiaient.
De ses dires, ce projet est parti du fait de penser à conserver ce côté naturel que Dieu nous a donné. « Le terme « Tourouni » signifie tresses en langue bambara; et qui parle de tresses parle de tresses naturelles. Donc « Tourouni » est un film documentaire qui évoque les cheveux naturels dans nos sociétés qui peut-être avant, étaient pour certains une identité culturelle, et le style pour d’autres. C’est un film qui vient un tant soit peu réveiller ce côté naturel de l’humain. Malheureusement, certains se retrouvent souvent stigmatisés à cause de leurs cheveux », a-t-il fait savoir.
Et ce phénomène de stigmatisation se constate un peu partout en Afrique et même ailleurs. De ce fait, l’idée pour lui est de parvenir à changer cette manière de voire les choses. D’ailleurs, pour la réalisation, il dit s’être rendu au Ghana, Mali, Sénégal, en plus du Burkina Faso. A l’en croire, les personnes qui gardent les cheveux sont vus comme des gens pas nets et sont pour la plupart confrontés à des problèmes dans leurs milieux professionnels. Mais de ses recherches, il ressort que dans beaucoup d’autres pays, les choses ont beaucoup évolué positivement par rapport au Burkina Faso.
Du reste « Tourouni, les tresses » a été réalisé en autoproduction dans l’ensemble des quatre pays cités ci-haut. A cela s’ajoutent les contraintes d’ordres sanitaires (covid-19) qui font parties des difficultés rencontrées par Monsieur Soungalo. L’objectif à écouter ses propos, c’est de virer les gens de ce côté occidental qui pèse sur eux; faire en sorte que nous restons nous-mêmes. « Garder les cheveux n’a rien avoir avec le fait d’être « rasta » au autre. C’est en réalité notre identité par rapport à notre culture, et nous devons être fiers de les porter. Figurez-vous qu’il y’a des contrés de notre pays ou les gens ne se coiffent pas, juste en lien avec leur tradition », foi du réalisateur.
Sorti officiellement, en Mars 2021 et premier de la carrière de cinéaste de Soungalo A Fah Ni Mi, « Tourouni, les tresses » a déjà fait pas mal de festivals à travers l’Afrique et le reste du monde et engrangé de nombreux prix dont le plus important reste celui d’Istanbul en 2022. De l’avis du réalisateur, plus de seize festivals ont reçu ce documentaire et les retours sont encourageant en termes d’atteinte d’objectifs. Et c’est un honneur pour lui de venir présenter ce projet à Koudougou Doc qui est aujourd’hui une vitrine pour les films documentaires, burkinabè, africains et bien évidemment du monde. Pour lui,, si ce Festival n’existait pas, il fallait donc le créer. D’ailleurs, il a profité pour lancer un appel à toutes les bonnes volontés, en particulier le ministère en charge de la culture, à porter un regard sur cet événement qui aujourd’hui est l’une des plus grandes plateformes de promotion et de diffusion du cinéma documentaire en Afrique.
Pour rappel, Soungalo A fah Ni Mi commence d’abord comme acteur-comédien, par la suite éclairagiste, puis réalisateur et producteur à travers sa propre structure « Anta Film ». « J’ai joué pour la première fois dans le long-métrage fiction « Djanta »; à cela s’ajoutent d’autres films comme « L’avocat des causes perdues », « Super flics », etc. Mais le côté qui m’impressionnait, c’était la technique, foi de quoi j’ai basculé dans l’éclairage et aujourd’hui la production et la réalisation. D’ores-et-déjà, je prépare le tournage de mon second documentaire qui débutera dans les mois à venir, dans la partie ouest du pays », a-t-il conclu.
Boukari OUÉDRAOGO