sam 23 novembre 2024

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« La musique est universelle. Elle va au-delà des langues, elle n’a ni couleur, ni frontière » dixit Kandy Guira

L’artiste chanteuse burkinabè, Kandy Guira, de son vrai nom Maimounata Guira, reste attachée à la culture de son terroir, bien qu’évoluant en Europe. Dans une interview accordée à Infos Culture du Faso pour parler de sa carrière, la star reconnait ceci : « Le Burkina regorge une panoplie musicale que l’on gagnerait à exploiter ». C’est ce qui justifie d’ailleurs son style musical « afro-Faso-électro ». Un style qui combine à merveille tradition et modernité. Lisez plutôt.

Infos Culture du Faso (ICF) : À partir de quel moment, il vous est venu le déclic de faire de la musique une profession ?

Kandy Guira (KG) : Le déclic était là depuis l’enfance mais, il fallait convaincre les parents qui pensaient que les études ne rimaient pas avec la musique. Pendant ce temps, je savais déjà ce que je voulais faire. C’est réellement en 2000 que les choses ont pris leur envol.

I.C.F : Quel est le regard de la famille en voyant l’artiste que vous êtes devenue aujourd’hui ?

KG : Avant de convaincre les autres, il fallait d’abord convaincre les siens. Et pour moi, cela était important. Etant donné que mes parents pensaient qu’être artiste n’était pas un bon métier. Mon combat était alors de prouver à mes parents que la musique est un métier à part entière, et que l’on peut y réussir sa vie. Aujourd’hui, ils sont fiers de moi parce que je suis parvenue à leur prouver le contraire, à changer leur perception vis-à-vis de la musique.

I.C.F : Pourquoi être partie du Burkina sitôt, alors que le milieu burkinabè vous a bien accueillie au début, en témoigne « Le prix de la musique moderne » à la SNC 2008 ?

KG : Je suis partie parce que j’ai été contactée pour d’autres projets. J’ai eu un casting qui m’a amenée à faire des créations et une tournée en Europe. Pendant un moment, j’étais entre l’Europe et le Burkina. Donc il fallait faire un choix. Vu que je connaissais déjà le terrain burkinabè, j’ai opté pour la France.

I.C.F : Quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées durant votre parcours ?

KG : Des difficultés ! Moi je ne les appelle pas des difficultés. A partir du moment où tu es passionnée de quelque chose et que tu veux réussir dedans, les difficultés te paraient normales. Ce que je qualifierais de difficultés, c’est l’acceptation des miens. La reconnaissance de mon pays, le Burkina à l’égard de l’artiste que je suis.

I.C.F : Quel est l’évènement qui vous a le plus marqué dans votre parcours?

KG : Le seul qui me vient en souvenir, c’est une phrase qu’on m’a dite une fois « si tu n’as jamais chanté et que tu chantes comme ça, continue parce que tu vas bouffer dedans », c’était une phrase en mooré, et c’est cette phrase qui m’a permis d’être ce que je suis aujourd’hui.

I.C.F : Il est dit que Kandy fait de la musique élitiste, quel est votre point de vue sur ces propos ?

KG : Pour moi, c’est un faux problème. Le mélomane burkinabè ne demande qu’à découvrir toute la panoplie artistique que possède le Burkina Faso. On n’a pas encore fini d’explorer la richesse burkinabè. Je ne fais ni de la musique européenne, ni de la musique élitiste comme on le croit. Je fais de la bonne musique avec laquelle je suis en alignement. Ce qui me permet d’ailleurs de réussir ce genre musical, c’est le fait que je m’enrichis de ce qui est d’ici, mon terroir. C’est ça la musique burkinabè. Et comme j’ambitionne qu’elle aille plus loin, c’est pourquoi je l’assaisonne afin qu’elle soit mangeable aussi bien par l’européen que par le burkinabè. J’assaisonne le plat de chez moi afin de permettre à tout le monde d’en manger. Si le Burkinabè écoute ma musique, il y trouvera son compte.

I.C.F : Pourquoi ce mélange linguistique du terroir dans votre musique, étant en Europe vous aurez pu chanter uniquement dans les langues européennes ?

KG : Je chante en mooré parce que je suis burkinabè, et fière de l’être. Pour moi, être en Europe et chanter dans la langue de l’européen, c’est comme si je ne m’assume pas telle que je suis. Pour que l’autre m’aime, il faut que je m’aime assez et comme je m’aime, c’est pourquoi je chante dans ma langue. Toutes mes pensées me viennent en mooré d’où le fait que j’ai du mal à composer en français.

I.C.F : Ce choix n’est-il pas préjudiciable à l’épanouissement de votre carrière musicale vu l’environnement dans lequel vous évoluez ?

KG : La musique est universelle. Au-delà des langues, ce sont des émotions que l’on transmet. Moi je suis passionnée de ce métier parce que c’est le seul métier qui n’a ni couleur, ni frontière. Il n’y a aucune différenciation. Tout le monde y trouve son compte.

I.C.F : Sur le plan national, qu’est-ce que Kandy nous propose dans les jours à venir ?

KG : C’est maintenant que je mets tout en place. Avant je manquais de ressources humaines sur place. Maintenant, j’ai trouvé de bonnes personnes qui disposent d’éléments professionnels. Des gens qui ont tout pour réunir ce qu’il faut sur place. Donc, il y a de bonnes choses, en préparation.

I.C.F : Kandy a un concert en préparation en France, parlez-nous de ce concert.

KG : C’est en prélude de mon nouvel album qui va sortir le 22 octobre 2021. Il y a eu le single « La vie chère » en collaboration avec Alif Naaba qui annonçait l’album. C’est un album qui sera disponible sur toutes les plateformes de téléchargement, en CD et en vinyle. Mais avant cette date, nous aurons le concert dédicace le 06 octobre prochain à Paris afin de présenter l’album aux professionnels.

I.C.F : Au-delà de la musique, Kandy intervient dans l’action social à travers l’association « Que du bonheur en sons », quelles sont les perspectives dans ce sens ?

KG : Pour la rentrée, nous envisageons de mettre en place des ateliers d’apprentissage de langage de signes pour les parents. Mon but est de réduire l’isolation des enfants malentendants. J’ai un petit frère malentendant et si ma mère n’avait pas appris le langage de signes, il n’allait pas se sentir bien dans la famille. Mon objectif est de permettre à ces enfants de trouver des interlocuteurs au sein de leurs familles, pour qu’ils ne se retrouvent pas seuls dans la rue sans personne à qui parler.

I.C.F : D’où Kandy tire-telle sa source d’inspiration ?

KG : Je m’inspire de ma propre vie, de la vie des autres, de tout ce que les gens peuvent me dire. Je suis juste Humain et j’essaie de chanter tout ce qui touche à la vie de l’être humain. Pour moi, l’humain, c’est la continuité de l’univers. Si on s’occupe de l’humain, on s’occupe de beaucoup de choses. C’est tout ça qui m’inspire : l’amour du prochain, les relations humaines.

I.C.F : Votre mot de la fin.

KG : Je remercie sincèrement tous mes fans du Burkina Faso et d’Afrique ; au début comme je ne jouais pas ici, je ne savais pas que j’étais suivie. C’est après les statistiques réalisées par mon équipe que je m’en suis rendue compte. Je remercie ces fans qui me sont restés fidèles malgré le fait que je ne donnais pas de concert ici, au Burkina, leur dire que bientôt je leur rendrais la pareille.

Entretien réalisé par Frederic LENGA (stagiaire)

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