Il est certainement l’un des artistes chanteurs burkinabè les plus complets. De la musique en passant par le milieu des arts de scène, il ne cesse de faire valoir son énorme talent. Il est par ailleurs membre du duo d’artistes chanteurs Négroïdes, d’où il porte le nom Pat Davis. Patinda David Zoungrana de son vrai nom, il était de passage dans nos locaux. Une rencontre au cours de laquelle l’artiste nous parle de son parcours, ses projets, ainsi que d’autres sujets.
Issu d’une famille chrétienne amoureuse des mélodies, très vite le jeune David fait de la musique une passion. En ce moment, il ignorait que ce qui était juste de la passion deviendrait plus tard une véritable profession. « Le fait de grandir dans un environnement de musique m’a beaucoup influencé. À cette époque, on était bercé par les œuvres des devanciers comme Yeleen, La censure, etc. Et plus on imitait les chansons, plus les gens appréciaient. Je peux dire que cela a été le déclic pour moi de me lancer dans la musique », a laissé entendre Pat Davis.
Avec la tendance en son temps, il met en place avec un ami d’enfance en 2001 un groupe de jeunes rappeurs baptisé La patrouille 501. Entre prestations et concours de rap, il fait la rencontre de Bassitey, membre d’un autre groupe. Ce dernier les rejoint pour évoluer à trois. Après le départ de l’autre membre, Pat Davis et Bassitey rebaptiseront le groupe Négroïdes. Ce duo, un peu sur les traces de Yeleen ou encore Faso Kombat, continue de faire la fierté du rap burkinabè. Auteur d’un album de 11 titres sorti en 2015 intitulé «Lève toi et marche», Négroïdes occupe désormais une place de choix dans l’univers musical burkinabè. S’en suivront ensuite plusieurs autres singles dont le dernier en date est «L’autre», réalisé en collaboration avec l’autre belle voix de la musique burkinabè, Damo Fama.
De l’avis de Pat Davis, la sortie de cette toute première œuvre discographique aura été très bénéfique pour le groupe. « Grâce à cet opus, nous avons pu faire plein de scènes. Aussi, cet album nous a ouvert beaucoup de portes comme celle du théâtre », a-t-il argué. En effet, Pat Davis intervient dans le monde des arts de la scène notamment le théâtre mais aussi le conte où il accompagne musicalement les projets. Il en fait une véritable virtuose de la guitare.
« Je côtoyais déjà les acteurs de l’univers des arts de la scène depuis les années 2000, mais c’est en 2006 que je vais véritablement commencer à fréquenter le milieu. Cependant, les choses vont encore prendre une autre tournure lorsque je fis la rencontre d’un ami du nom de Hyppolyte Kanga qui était très intéressé de faire du théâtre. Je l’ai mis en contact avec Abidine Dioari. C’est comme cela qu’il a fait son entrée dans le théâtre. Six (6) ans après, c’est lui qui est revenu me dire qu’ils ont besoin d’un musicien pour les accompagner. C’était à l’Espace Gambidi. Et à l’époque, j’avais commencé à jouer à la guitare. Et il faut dire que je suis également devenu comédien par la force des choses. Aujourd’hui, je me sens plus artiste complet. Ma présence dans ces deux milieux des arts m’a beaucoup forgé en tant que personne », a soutenu Pat Davis.
Aujourd’hui, il est l’un des musiciens les plus sollicités dans les projets théâtraux, de conte et d’humour avec notamment Moussa Petit Sergent avec qui il collabore depuis bien longtemps. Le dernier grand projet en date est le spectacle de conte «Yakoilaba» du conteur Opamin le général Otawtaw. Par ailleurs, d’autres projets l’attendent dans les semaines et mois à venir, notamment celui avec le célèbre comédien et metteur en scène Paul Zoungrana. À noter qu’il est aussi détenteur d’une maison de production dénommée Venega Production, qui a accompagné pas mal d’artistes dont Boris Naam, Les Séparables, Naradja, Josh Waka, Rose Zoungrana, etc. Avec le groupe Négroïdes, un album est attendu en cette année 2023. Et à l’en croire, tout est presque fin prêt pour la sortie dont la période reste encore à préciser.
Notre culture ne pourra aller loin que si nous nous soutenons. C’est du moins ce que pense Pat Davis. L’art pour lui ne devrait pas être mis en compétition et que c’est de cette manière que les artistes pourront servir d’exemple afin d’inviter le public à mieux les accompagner.
Interview réalisée par Boukari OUÉDRAOGO
