ven 22 novembre 2024

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« Le défi, c’est d’avancer avec ma Compagnie Reeba dans les recherches pour la création des monologues », Oliva Ouédraogo, comédienne, conteuse et dramaturge burkinabè

Partie de sa volonté de se hisser dans le cercle fermé des acteurs des arts de la scène, Wend-Kuuni Oliva Ouédraogo fait aujourd’hui partie des rares femmes à s’illustrer de la plus belle des manières dans le milieu du Théâtre burkinabè. Par ailleurs, elle n’hésite pas à se servir de cet avantage pour lutter contre toutes les formes d’injustices faites aux femmes et aux enfants. Sa dernière pièce baptisée « Reine » en dit long. Ainsi, occasion nous été donnée de la recevoir dans les locaux de notre rédaction. Ses débuts dans le théâtre, sa pièce « Reine », ses projets ainsi que d’autres sujets ont constitué le socle de nos échanges.

« Pour moi, le théâtre c’est l’envie de dire ce que tu penses de la vie, de corriger certains défauts de la vie que tu penses que tu pourrais apporter ta contribution, de participer à l’éveil de conscience ». C’est par ces termes pleins de sens que l’amazone du théâtre burkinabè, Wend-Kuuni Oliva a justifié sa passion pour le théâtre. Mais pour en venir aux faits, Oliva comme elle se fait communément appelée, débute sa carrière en tant que conteuse. En effet, dès son bas âge dans les années 2000 pour être plus précis, elle prenait déjà part ou du moins suivait les spectacles de contes au niveau de la compagnie théâtrale Le Roseau, près de son quartier Wemtenga, à Ouagadougou. Chose qui va déclencher son amour pour le conte. Ainsi, avant chaque spectacle, la compagne a initié <<La pépinière>>, une sorte de spectacle dédié aux enfants qui voulaient raconter des histoires, dans lequel, Oliva trouva sa place.

« En vérité, cette tribune m’a été d’une grande aide, en ce sens qu’elle m’a ouvert les portes au théâtre. Ainsi, dans les années 2006, j’ai eu l’occasion de fouler pour la première fois une scène avec la troupe théâtrale <<Le Roseau>>. Avec elle, j’ai fait plusieurs scènes de spectacles. Mais auparavant en 2003, je m’étais déjà inscrite au Carrefour international de théâtre de Ouagadougou (CITO) pour devenir membre. Et à la suite de mes nombreuses formations en modules (jeux d’acteur, jeux de mimes, la danse, la voix, etc.) , j’ai commencé à être permanente dans les castings du CITO. Et pour la première fois en 2009, j’ai commencé à jouer avec la compagnie du CITO. Aussi, à partir delà, d’autres compagnies m’appelaient souvent pour des créations avec elles. Il faut dire que toutes mes formations se sont plus déroulées au CITO, au FITMO, mais aussi à l’international, comme en Côte d’Ivoire », a fait savoir Oliva.

De façon résumée, la carrière de Oliva reste prolifique au vu des multiples scènes qu’elle a pu faire partie. Sans toutefois vouloir toutes les citer, nous avons entre autres <<Neige au soleil>> avec la compagnie théâtrale La parole, <<le Fou>> de Jean Pierre Guingané, et beaucoup d’autres aux Récréatrales, au CITO, à la compagnie Le Roseau, la compagnie de l’espace Gambidi… Et par la force des choses, elle met en place sa propre compagnie baptisée Compagnie théâtrale Reeba. « Ma compagnie a vu le jour du fait des multiples manquements que j’ai pu constater ça et là, lors de mes passages dans les différentes compagnies. L’un de mes objectifs les plus ardents, est de travailler à créer des monologues. En fait, les monologues sont très peu utilisés au niveau du théâtre burkinabè. Et contrairement au caractère ennuyeux des monologues dont pensent certains, ils demeurent attractifs. C’est la preuve de mon tout dernier spectacle dénommé <<Reine>>. D’ailleurs, je suis vraiment ravie des retours qui m’ont été faits par rapport à ce spectacle », foi de la comédienne.

Cependant, elle a laissé entendre que la compagnie est à la phase expérimentale en ce qui concerne les monologues, avec elle-même comme comédienne. De ses propos, lorsque les moyens techniques et financiers seront réunis, elle ambitionne étendre le projet à d’autres comédiens. Pour autant, <<Reine>> n’est pas le premier spectacle monologue, le premier étant <<L’aveu>> qui a été joué au Massa et au CITO. Mais à l’en croire, <<Reine>> reste la création majeure de la compagnie en termes de mobilisation du public, de réussite, etc. « Ce spectacle a été joué au Théâtre Soleil, avant d’être également joué sur plusieurs dates à la saison des théâtres du Cartel et au CITO. De façon claire, <<Reine>> traite des viols faits sur mineurs, mais aussi de l’inceste. C’est une manière pour moi d’amener les gens à parler et à dénoncer les cas de viols de ce type. Ailleurs, les gens n’hésitent pas à dénoncer ces faits, mais malheureusement il existe des freins à ces dénonciations chez nous, notamment nos us et coutumes, la peur d’être mal vu par la société et bien d’autres. Et j’espère pouvoir rectifier la donne à travers ce spectacle », a expliqué Olivia Ouédraogo.

D’ores-et-déjà, Olivia compte avec le concours de certains partenaires, rejouer ledit spectacle dans d’autres lycées de la commune de Ouagadougou, voir même dans d’autres localités du pays. Et le plus grand défi pour elle, est de parvenir à le jouer en langues nationales afin d’atteindre le résultat escompté, même si les moyens techniques et financiers de la compagnie restent pour l’instant limités.

« La gente feminine doit être beaucoup plus impliquée dans le domaine des arts de la scène. Aujourd’hui, le constat est amer, en ce sens que lorsqu’on parle de leaders de compagnies et autres, ils relèvent presque tous de la gente masculine. De ce fait, nous qui y sommes déjà, avions la lourde tâche d’encourager les autres à intégrer le théâtre. En un mot, les femmes doivent oser dans ce domaine, c’est-à-dire tomber mais savoir se relever pour poursuivre la bataille », a-t-elle conclu.

Boukari OUÉDRAOGO

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