A l’occasion de la Journée mondiale du tourisme célébrée le 27 septembre de chaque année, le Directeur général de l’Office national du tourisme burkinabè (ONTB), Kiswendsida Marie Aimé Ouédraogo explique, dans cette interview accordée à Infos Culture du Faso, l’importance de cette célébration dans le processus de promotion du tourisme burkinabè, et évoque également les missions et défis de l’ONTB dont il est à la tête depuis le 18 mai 2021.
Infos Culture du Faso (ICF) : Veuillez-nous présenter l’ONTB.
Kiswendsida Marie Aimé Ouédraogo (KMAO) : L’Office national du tourisme burkinabè, en abrégé ONTB, est un établissement publique de l’Etat à caractère administratif. Il a été créé en 1989 avec pour mission principale de promouvoir la destination Burkina Faso. De façon concrète, cette direction a pour mission d’assurer aussi l’intérieur qu’à l’extérieur du pays, la diffusion de l’image de la destination Burkina Faso et de promouvoir les potentialités touristiques de cette destination en priorisant les marchés national, sous régional et africain.
ICF : Quels sont les objectifs que se fixe votre direction ?
KMAO : En termes d’objectifs, il est important de souligner qu’ils sont fixés de façon annuelle en ce sens que cela tient compte également de la politique gouvernementale, matérialisée par l’adoption d’un certain nombre de référentiels. Et au niveau du tourisme, nous avons la politique sectorielle/Culture, Tourisme, Sport et Loisirs ; la stratégie nationale de la culture et du tourisme ; le PNDS 2 ; la stratégie marketing de promotion de destination Burkina Faso. Et au regard de ces référentiels, on nous assigne chaque année des missions bien spécifiques qui permettent d’atteindre les objectifs des différentes politiques publiques.
ICF : Le Burkina Faso regorge d’énormes potentialités touristiques. Quelles sont les actions menées en vue de la promotion et la valorisation de ces potentialités ?
KMAO : Au regard des missions de l’Office national du tourisme burkinabè, nous sommes chargés de la promotion de la destination. Et de ce fait, il nous faut faire connaitre les potentialités culturelles et naturelles de la destination aux résidents du Burkina et également à la diaspora. Et dans ce cadre, nous avons une stratégie marketing qui permet d’avoir des actions de communication et de marketing. Ces actions sont entre autres la production et la diffusion de supports de communications et l’organisation de campagnes de communication et de sensibilisation sur les richesses touristiques de la destination. Il s’agit aussi de la participation aux évènements nationaux et internationaux (salons, rencontres professionnelles, festivals, etc.) qui permettent de présenter et de promouvoir le tourisme burkinabè. Il y a enfin l’organisation de circuits et de voyages touristiques au profit des institutions publiques et privées, des élèves et étudiants, etc.
ICF : En termes de chiffres, est-ce qu’on pourrait avoir une idée sur les arrivées touristiques au Burkina Faso ?
KMAO : D’abord, force est de constater que le tourisme a beaucoup évolué au Burkina Faso. Si nous prenons les statistiques de 1985, nous étions à 44 000 arrivées touristiques. Mais de nos jours, il y a eu une réelle progression ; ce qui nous a amené à des statistiques d’environ 600 000 arrivées touristiques en 2019. Ce qu’il faut préciser, c’est que ces arrivées ne tiennent pas compte de celles au niveau des frontières terrestres. Nous avons à cet effet, une nette progression au fil des années, grâce aux différentes actions de communications ; parce que ce qu’il faut noter, c’est que l’ONTB a été pendant longtemps la principale structure de développement du tourisme au Burkina. Et les missions citées ci-haut sont des missions actuelles qui tiennent compte de l’évolution du cadre institutionnel du secteur du tourisme. En réalité, depuis les années 2OOO, il y a eu la création d’autres structures techniques à l’image de l’Observatoire national du tourisme, la Direction générale du Tourisme, de la Direction générale de la valorisation et de l’aménagement touristique et la Direction de développent de l’industrie touristique qui ont un peu diminué les attributions de l’ONTB ; ce qui fait que de nos jours, notre direction s’occupe uniquement de la promotion de la destination et de la gestion des sites et infrastructures qui lui ont été confiée par sa tutelle technique.
ICF : A ce propos, est-ce que la diminution des attributions de votre direction ne porte pas atteinte aux objectifs qui vous sont périodiquement assignés ?
KMAO : Bien au contraire, cela permet à l’ONTB de se consacrer exclusivement à ses missions principales car nous avons déjà beaucoup à faire, notamment faire des actions de communication, sensibiliser les populations, diffuser un certain nombre de messages pour amener les burkinabè à découvrir et à s’intéresser à leur propre patrimoine culturel et touristique.
ICF : Quels sont les défis pour votre direction toujours dans le sens de la promotion du tourisme burkinabè ?
KMAO : Les défis à notre niveau sont énormes en ce sens que les potentialités touristiques manquent actuellement de visibilité. Aussi, l’ONTB doit travailler à mobiliser plus de ressources pour financer la promotion au regard du coût élevé des actions de communication et de la rareté des ressources publiques. Ces éléments suscités obligent l’Office à faire des réformes s’il veut continuer d’assumer avec efficacité et efficience sa mission de promotion de la destination. En somme, les principaux défis sont la mise en place d’une stratégie marketing adaptée qui prend en compte le contexte actuel de notre pays et les orientations du gouvernement en matière de développement du tourisme interne, et la mobilisation des ressources nécessaires au financement de cette stratégie. Relever ces défis contribuera à réduire considérablement l’impact de la double crise sanitaire (COVID-19) et sécuritaire sur les arrivées touristiques.
ICF : Justement concernant la promotion du tourisme interne comme solution pour palier la baisse des arrivées touristiques, parlez-nous-en?
KMAO : D’abord, il est important de savoir que le ministère fait avec les moyens qui sont mis à sa disposition. En effet, depuis 2015, le pays traverse des problèmes sécuritaires qui obligent d’ailleurs le gouvernement à revoir les différentes ressources affectées aux départements ministériels ; ce qui n’est pas sans conséquences sur celles du département en charge du tourisme. Mais tout compte fait, il y a des actions qui ont été développées entre 2015 et 2O20 à travers l’initiative « connais-tu ton beau pays ». C’est en effet une initiative qui a permis de faire la promotion des richesses touristiques auprès des populations locales et de la diaspora. A ce propos, il y a eu des actions de communication à travers des panneaux publicitaires pour inciter les burkinabè à aller visiter les sites ; il y a également eu l’organisation des circuits touristiques au profit de la jeunesse ; des supports de communications ; des émissions radios et télés, etc. C’est un ensemble d’actions qui ont été menées afin de susciter de l’intérêt auprès de ces populations.
ICF : Quel mot avez-vous à l’endroit des décideurs politiques pour résoudre cette question d’insuffisances des ressources financières ?
KMAO : Le tourisme est un secteur à fort potentiel de création de devises, d’emplois directs et indirects et de développement économique ; raison pour laquelle de nombreux pays y ont mis l’accent afin d’amorcer ou de maintenir leur développement. Et je pense que les autorités burkinabè sont conscientes de cette situation. Il y a des investissements qui sont faits dans ce cadre mais des efforts peuvent encore être faits. Mais en même temps, nous ne dévons pas trop être exigeants au vu de certaines priorités mais également des situations difficiles que le pays traverse.
ICF : Le 27 septembre marque la célébration de la Journée mondiale du tourisme, dites-nous ce que représente une telle journée.
KMAO : La Journée mondiale du tourisme a été instituée lors de la 3e session de l’Assemblée Générale de l’Organisation mondiale du tourisme (OMT), tenue en Espagne en 1979. Et le 27 septembre a été choisie pour marquer la célébration de ladite journée à partir de 1980, tout simplement parce que c’est la date anniversaire de l’adoption des statuts de l’OMT en 1970. Elle a été principalement instituée pour promouvoir le tourisme ; faire connaitre le rôle que peut jouer le tourisme sur le plan économique, social, culturel et politique. Et chaque année, l’OMT invite les Etats membres et les ONG évoluant dans le secteur à mener des activités en adéquation avec le thème choisi. Pour l’édition 2021, le thème retenu est « tourisme et croissance inclusive ». Ce thème invite les Etats membres à travailler de sorte que le tourisme soit un moyen de croissance économique. Aussi, le tourisme mondial est en pleine reprise du fait de l’impact de la crise sanitaire. Et l’OMT souhaite que cette reprise soit inclusive.
ICF : Et quelle pourrait être l’importance de cette journée pour le tourisme burkinabè ?
KMAO : Comme vous le savez, les richesses touristiques burkinabè ne sont pas suffisamment connues des populations. Pour ma part, je pense que cette journée est une occasion pour communiquer davantage sur ces richesses afin de l’intérêt, parce que derrière tout cela, il y a des retombées économiques, sociales, culturelles, etc. Cette journée devrait être également l’occasion de réfléchir sur les actions idoines à développer pour faire du tourisme burkinabè un véritable levier pour le développement socioéconomique et culturel de notre pays.
ICF : Qu’est-ce qui est prévu comme activités au niveau du Burkina Faso ?
KMAO : En réalité, l’OMT choisit chaque année, un pays pour abriter la célébration de cette journée. Pour cette année 2021, c’est la Côte d’Ivoire qui accueillera la célébration officielle ; et chaque Etat doit envoyer une délégation. Notre pays y prend part avec une forte délégation. Au niveau national, il y aura le message de Madame la Ministre de la Culture, des Arts et du Tourisme, Dr Foniyama Élise THIOMBIANO / ILBOUDO qui sera publié dans la presse et son entretien au journal de 20 heures sur la RTBF. Il y aura également le passage de Directeurs généraux du tourisme dans certains organes de presse dont celui du Directeur général de l’Office que je suis dans une télévision de la place. Il y aura enfin des voyages organisés par certaines directions régionales en charge du tourisme et des associations.
ICF : Votre mot de fin
KMAO : Je voudrais d’abord vous remercier pour cette opportunité que vous m’offrez de parler du tourisme. Je voudrais aussi profiter de votre plateforme pour inviter les Burkinabè à découvrir leur propre patrimoine culturel et touristique, en ce sens que la force touristique d’un pays reste d’abord les populations internes. Et cela permet d’être résilient en cas de crise. Enfin, j’invite les opérateurs économiques à investir davantage dans le secteur du tourisme car il y a de bonnes affaires à y faire.
Interview réalisée par Boukari OUÉDRAOGO