mar 16 avril 2024

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LITTÉRATURE: La poésie, une arme de combat pour un monde juste; dixit l’écrivain Émile LALSAGA

Toujours dans le cadre de la promotion de la culture burkinabè en général, et de la littérature en particulier, votre médias culturel par excellence « Infos Culture du Faso » a été reçu par, Émile LALSAGA, grand écrivain poète burkinabè. Les échanges avec lui, ont surtout porté sur sa carrière d’écrivain, mais également sur son dernier livre intitulé <<Champ de plume>>.

Infos Culture du Faso (ICF): Veuillez-vous présenter à nos lecteurs.

Émile LALSAGA (EL): Je suis Émile LALSAGA, professeur certifié de français et homme de lettres à Ouagadougou. Par ailleurs, je suis écrivain, auteur de cinq (5) livres ; blogueur et conférencier junior sur les questions relatives à la vie scolaire, au livre et à la lecture.

ICF: Comment êtes-vous arrivé dans ce métier d’écrivain ?

EL: C’est par le truchement de la passion que j’arrive à partager ma vision du monde avec mes semblables. J’écris et je crie car l’écrit me permet de magnifier, d’exalter mais aussi d’interpeler et de dénoncer. J’écris pour voyager et échapper un tant soit peu à la monotonie des heures qui s’enfuient. J’écris lorsque tout semble perdu. Ecrire reste pour moi un espace de ré-création isolé, propice à la concentration et à la contemplation. Ecrire est donc ma liberté et mon refuge, mon stimulant favori et mon espoir, écrire pour ce beau monde qui m’entoure quand j’entends au milieu de mes nuits résonner les vagues du silence lointain.

ICF: Qu’est-ce que la poésie selon vous?

EL: La poésie est une expression artistique, un genre littéraire à travers lequel j’essaie de partager ma vision du monde. En ce qui me concerne, la poésie est un véritable art de vivre : je suis poète à tout moment. C’est ma force de vie, un état d’esprit qui me permet de ressentir la vie quotidienne. Mais au-delà de son caractère exutoire, je conçois la poésie comme une arme de combat et de libération. Même étant poète romantique, chantre de la poésie de l’Amour et de la Douleur, je demeure un écrivain engagé et je dois apporter ma pierre pour l’édification d’un monde plus juste et plus beau. En somme, la poésie trouve ses fondements dans la responsabilité du poète pour ce qui se passe en son temps : sa perspicacité lui impose de se poser en guide.

ICF: Comment se comporte la poésie dans la littérature burkinabè ?

EL: Au carrefour des genres littéraires, la poésie reste un genre mineur eu égard à sa complexité mais aussi et surtout au fait que beaucoup de gens qualifient le poète comme un rêveur. Quand on analyse le panorama de la littérature burkinabè, on se rend compte que la poésie est moins pratiquée. Mais de plus en plus, de jeunes écrivains « épousent » ce genre incompris pour s’exprimer. Cette renaissance pourrait se matérialiser avec l’avènement des clubs de poésie dans nos établissements scolaires et ceux des poètes dans la société.

ICF: Quel est votre apport à la promotion de la poésie au Burkina Faso ?

EL: J’essaie tant bien que mal de sortir la tête de l’eau. Dans un monde où les réseaux sociaux semblent incontournables, il est important de s’y adapter et de les exploiter à bon escient. C’est ainsi que je distille mes vers sur les pages bleues de facebook à travers ma page poétique qu’est La Poésie de l’Amour et de la Douleur.

ICF: Pourquoi cette appellation ?

EL: Tout simplement parce que je conçois la vie comme étant la somme de l’Amour et de la Douleur. Ce principe de dualité est systématique dans mes écrits. Par ailleurs, je donne des conférences sur le livre, la lecture, la vie scolaire, toute chose qui me permet de promouvoir mes recueils de poèmes mais aussi ceux d’autres confrères.

ICF: Mis à part la poésie, êtes-vous spécialisé dans d’autres genres littéraires ?

EL: Pour le moment je ne suis qu’un prince des nuées (poète). Essayer le genre narratif reste un challenge. Je ferai bientôt de la nouvelle et du roman.

ICF: Parlez-nous de votre bibliographie?

EL: De 2014 à 2020, j’ai pu publier cinq (5) livres dont deux (2) recueils de poèmes à savoir Les Sillons de l’existence en 2014 et Champ de plume en 2020 ; et enfin trois (3) ouvrages scolaires que sont Réussir l’épreuve de la dictée au BEPC (2017), Littératures et Poésie (2019), Ecrire en 2019. Le premier recueil a été déjà honoré quatre (4) fois au baccalauréat burkinabè session de 2015, 2017, 2018 et 2019.

ICF: Pouvez-vous nous donner un bref aperçu de votre dernière œuvre « 
<<Champ de plume>>?

EL: Le recueil de 95 pages est un triptyque qui recoupe les termes racines, sang et chants.
Champ de plume c’est d’abord un parcours initiatique : retour aux sources, aux « Racines » profondes de « la Culture » pour puiser « les sagesses maternelles » dans « le puits intarissable », socle de la « combativité » d’où jaillissent les « litanies de Manéga », au rythme d’une « élégie au bendre ».
Champ de plume c’est également le registre du pathétique dans le sang de plume conduisant le lecteur, « l’incompris » du drame du café « Cappuccino » au « cimetière de la douleur ». En passant par le « suc d’agonie », la « morgue » et « le ballet funéraire » du « patricide » où se danse « la valse des hypocrites ». Pour « le supplicié des entrailles » et les « martyrs », je déverse « les larmes du monde », « des larmes pour une terre » comme « Yirgou ». « Au vent qui souffle », alors que je fredonne « l’amer adieu en mer », je lance un vibrant appel aux « intrépides soldats », au cri de « Soldat, où es-tu ? » ; avant de conclure que « tout est grâce. » Ici, le poète conte les misères alentour, tance le monde et lui intime d’aller mieux.
L’ultime étape de ce voyage à dos de mots c’est enfin les Chants de plume qui se font lyriques : une « ode à l’Amour » ; « l’amour », c’est-à-dire « aimer un homme, aimer une femme ». Il se consomme en « lune de miel », en « hommage à la femme et au couple », à la « femme émancipée », en attendant « mon rayon de soleil » et la « maternité ». Des chants qui s’expriment en paroles du genre « tu me manques » ; en « serment d’amour » où « le plaisir d’offrir » et « la joie de vivre » sont comme les lettres clés de « l’alphabet de l’existence » humaine.

ICF:  Et quel est le message véhiculé dans cet ouvrage ?

EL: Le message est le suivant : Savoir d’où nous venons, questionner nos douleurs, redoubler d’effort pour bâtir la Paix et bâtir sur l’Amour. Champ de plume nous renvoie à notre identité et à notre existence. Ainsi décrit, le recueil est une invite à l’action féconde.

ICF: Avez-vous une politique promotionnelle qui vous permet d’écouler vos livres? Si oui, laquelle ?

EL: La promotion et l’écoulement des livres constituent un casse-tête chinois pour tant d’écrivains burkinabè. Si les médias et les critiquent littéraires participent à la promotion du livre, le libraire reste un maillon essentiel pour l’écoulement. Or, très peu de Burkinabè rendent visite au libraire qui peine souvent à conserver les livres dans les conditions optimales et ce, au regard des conditions climatiques et de la logistique disponible excepté quelques grands libraires de la place. Face à tout celà, j’ai développé une stratégie de vente de proximité sur les réseaux sociaux mais aussi à travers des collègues dans les provinces afin de permettre au livre de voyager le plus loin possible. Le manque de mécène et les balbutiements des pouvoirs publics ne permettent pas de doter nos bibliothèques d’œuvres littéraires burkinabè. Du coup, chacun se débrouille comme il peut mais il est impérieux de fédérer nos énergies pour améliorer le marché du livre burkinabè.

ICF: Que pensez-vous de la littérature burkinabè en général ?

C’est une littérature en pleine effervescence et qui demande plus d’engagement de la part des hommes de lettres et de culture mais aussi de l’accompagnement des autorités à travers une vision claire sur la valorisation du livre burkinabè. La littérature burkinabè a de beaux jours devant elle. A la suite des aînés qui ont tracé le chemin, la génération actuelle apporte sa pierre au rayonnement de notre littérature.

ICF: Quelles sont les difficultés liées au métier d’écrivain au Burkina Faso ?

EL: Les difficultés sont de plusieurs ordres. Ecrire suppose déjà un sacrifice au niveau individuel. L’écrivain endure le plus souvent des nuits blanches pour écrire. Les conditions de vie et de travail modestes ne permettent pas une bonne détente. Mais le plus dur n’est pas à ce niveau. L’édition, la promotion et la distribution du livre sont généralement à la charge de l’auteur. Malgré la présence de quelques imprimeurs, d’éditeurs et de libraires, l’auteur doit se saigner davantage pour produire et écouler ses livres.

ICF: En tant que poète, quelles sont vos perspectives à court et moyen terme ?

EL: À court terme, je compte éditer mon 3e recueil de poèmes et m’essayer au genre narratif avec d’abord un recueil de nouvelles puis un roman. A moyen terme, il serait intéressant de pouvoir réunir des confrères autour de la poésie. La création d’un club de poètes nous permettra de nous outiller davantage pour agir.

ICF: Votre mot de fin.

EL: Merci à « Infos Culture du Faso » pour l’opportunité. Vous faites du bon boulot sur votre plateforme. Je vous souhaite le meilleur. A tous les amoureux du livre, je dédie ceci : « Lire c’est élire domicile dans le monde de la Connaissance, lire c’est relier des esprits entre eux, lire c’est voyager au bout des pages et à dos de mots pour découvrir l’immensité du monde et du beau. » (Emile LALSAGA)

Boukari OUÉDRAOGO

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