« Sauvegarde du patrimoine culturel immatériel au Burkina Faso : les pratiques et expressions culturelles liées au balafon pentatonique sénoufo ». Tel est l’intitulé de l’ouvrage de l’écrivain et auteur-compositeur Sabari Christian Dao. Invité le 16 juin dernier dans nos locaux, l’homme aux multiples casquettes est revenu sur le contenu de ce bouquin, tout en expliquant son apport à la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, ainsi qu’au développement socioéconomique du Burkina Faso.
Titulaire d’un master en muséologie et diplômé en management de projets ainsi qu’en lettres et études culturelles, Sabari Christian Dao est auteur-compositeur, slameur, écrivain, conservateur de musée et conseiller en gestion du patrimoine culturel. Ce sont là autant de casquettes que Monsieur Dao n’hésite pas à mettre à contribution pour le développement de son pays le Burkina Faso. En effet, c’est convaincu du fait que chaque Burkinabè de là où il se trouve devrait jouer sa partition dans le processus de protection et de promotion de nos valeurs patrimoniales, qu’il a publié son livre intitulé « sauvegarde du patrimoine culturel immatériel au Burkina Faso: les pratiques et expressions culturelles liées au balafon pentatonique sénoufo ». Un ouvrage qui constitue d’ailleurs le 4è de sa carrière d’écrivain.
Pour lui, le patrimoine culturel est tout ce qui relève d’historique et d’artistique en terme de biens matériels, d’éléments immatériels que nous avons reçus de nos ancêtres et que nous avons le devoir de léguer aux générations futures. « En un mot, c’est l’ensemble des biens et savoir-faire, des pratiques et expressions, connaissances de nos ancêtres et qui se doivent d’être actualisés en vue de les transmettre aux générations à venir. Vu sous cet angle, ce livre est ma contribution pour la protection et la diffusion de ce patrimoine au profit de ces générations. Pour dire vrai, cet ouvrage est le fruit d’un travail entamé depuis 2015. De façon succincte, nous avons décidé d’orienter notre travail sur le balafon pentatonique sénoufo qui a été inscrit patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’UNESCO depuis 2012, avec un ensemble de trois pays, notamment le Mali, la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso », a-t-il précisé.
Monsieur Dao a par ailleurs, estimé que l’attention a été portée sur ce thème qui a d’ailleurs fait l’objet de recherches dans le cadre de ses travaux à l’Ecole nationale d’administration et de la magistrature (ENAM), dès lors que cet élément patrimonial a été inscrit à l’UNESCO. « Le balafon est un instrument ayant une valeur historique dans nos différentes communautés africaines. Malheureusement, il existe beaucoup de connaissances autour de cet instrument encore inconnues du grand public ou qui ne sont pas mises en valeur. Et au-delà de son caractère musical, le balafon est un instrument rassembleur. Et l’idée pour nous est de partager tout ce qui est connaissances sur cet élément », foi de Monsieur Dao.
« Pour parvenir au résultat final de cet essai, nous avons d’abord fait un état des lieux de la gestion du patrimoine culturel immatériel au Burkina Faso avant 2003 et après 2003. Ensuite, nous avons fait un zoom sur le balafon sénoufo qui est un élément de ce patrimoine, et de ce fait, dégagé son origine historique, son rôle, ses fonctions, etc. Aussi, nous avons abordé l’aspect technique de cet instrument à savoir comment il est conçu et les outils utilisés pour sa conception, mais surtout qui sont ceux ceux-là qui le fabriquaient et le jouaient, ainsi que les chansons et les danses qui l’accompagnaient », s’est-il confié.
A écouter l’auteur, le balafon est un instrument assez mystique et mythique en ce sens que dès le début de sa conception, il faut faire intervenir certains savoir-faire que tout le monde n’a pas. Monsieur Dao dit avoir eu la chance de travailler avec le Trésor Humain Vivant (THV) en la personne de Konomba Traoré qui a d’ailleurs préfacé cet ouvrage. De ses dires, le THV qui est détenteur de connaissances ancestrales, a contribué à expliquer le processus de fabrication du balafon. Pour lui, la particularité du balafon sénoufo est qu’il est bâti sur cinq gammes d’où le qualificatif pentatonique. Ce sont autant de détails dont regorge cet ouvrage.
Monsieur Dao a confié que l’objectif à travers la publication de ce livre, est que la jeune génération et l’ensemble des populations puissent mieux appréhender le patrimoine national. « Nous avons longtemps laissé le patrimoine dans le carcan des spécialistes, pourtant ça n’intéresse pas que les professionnels. C’est plutôt une question nationale. Et l’idée pour nous est de divulguer les connaissances à ce niveau. Aussi, c’est une invite aux uns et aux autres à apporter leur contribution à la démarche que nous avons déjà entamée », a-t-il ajouté avant de conclure que nous devons urgemment faire recours à nos ressources culturelles pour asseoir le développement socioéconomique du Burkina Faso d’où son slogan : « Partir de notre culture pour bâtir notre futur. »
L’ouvrage est disponible dans les librairies agréées de Ouagadougou et Bobo-Dioulasso, au prix unitaire de 3000 francs CFA ou en appelant le numéro suivant : +226 72962715. D’ores-et-déjà, l’auteur prévoit tenir une dédicace le 09 août 2021.
Boukari OUÉDRAOGO
