Le séjour du Sieur Bara, DG du BBDA, et auteur du livre, «Droit d’auteur, comment en tirer profit», en terre ivoirienne aura été richissime. En effet, entre rencontre d’échanges culturelles et dédicace de son second ouvrage, Monsieur Bara a partagé son savoir-faire avec les acteurs ivoiriens évoluant dans la promotion de la culture. C’est un voyage qui se veut un brassage identitaire et culturel entre les deux pays que sont le Burkina Faso et la Côte D’Ivoire. Selon Wahabou Bara lors de la présentation de son œuvre, «Droit d’auteur, comment en tirer profit», est un instrument de travail en matière de droit, mais aussi en rapport avec tout ce qui gravite autour de la chose culturelle sur l’importance du droit d’auteur. À mon avis dit-il, c’est la clef de voute de l’évolution des industries culturelles et créatives.
Le livre parle aussi du rôle que le droit d’auteur peut jouer en termes d’opportunités géographiques pour un pays comme la Côte d’Ivoire dont la capitale économique est quand même la plaque tournante du show-biz africain. Il évoque également le rôle du droit d’auteur en tant qu’outil de protection sociale du titulaire du droit, a t’il renchérît. Un séjour qui s’évertue comme un brassage entre les deux pays. Plusieurs sujets assez cruciaux ont été évoqué lors de cette rencontre. Il s’agit notamment et parmi tant d’autres, du fait, que les droits d’auteur ont toujours été source de tension au niveau du Bureau Ivoirien du Droit d’Auteur (BURIDA) entre les auteurs et les gestionnaires.
Sur ce point, le DG Wahabou Bara a apporté une réponse claire et aussi suggestive vis à vis de ses partenaires ivoiriens. Pour lui, ce fléau peut être lié à plusieurs paramètres. Le droit d’auteur est récent en Afrique. Il est de tradition européenne où il existe depuis plus de de deux cent ans, alors qu’il est venu sous nos cieux il y a à peine une trentaine d’années. Il est question même de la culture du droit d’auteur. Les utilisateurs l’appréhendent de temps comme une taxe supplémentaire ou même un impôt alors que c’est juste un droit qui est lié à des personnes qui donnent mandat à un organisme de gestion de droit collective de pouvoir collecter et de le repartir à ces différents titulaires de droit. Il faut dire aussi que les bureaux de droit d’auteur gagneraient à mettre un point d’honneur sur la sensibilisation des parties prenantes afin que les uns et les autres comprennent l’importance du droit d’auteur dans l’écosystème culturel, a t’il expliqué.
Quand cette perception n’est pas bien comprise par les différentes parties, naturellement, elle crée beaucoup de confusion, de conflits… C’est cette expérience aussi que je veux partager avec les Ivoiriens afin que les acteurs culturels de la Côte d’Ivoire se concentrent sur l’essentiel. Car en réalité, les titulaires des droits et les bureaux du droit d’auteur doivent regarder dans la même direction. Et non se regarder en chiens de faïences. Il faut plutôt porter leurs regards sur les enjeux liés à l’explosion du numérique. Qui, aujourd’hui, facilite la création, la production et la diffusion des œuvres mais accélère une société qui a envie d’aller vers la gratuité sans une rémunération compensatrice, s’interroge t’il ?
La question du numérique, vue comme une copie privée ?
Pour Monsieur Bara, la question de la rémunération pour copie privée, est une source assez importante et un puissant moyen pour compenser les pertes qui découlent de l’environnement numérique. Et à ce niveau, le Burkina Faso applique la rémunération pour copie privée depuis bientôt 15 ans. Il faudrait que les Ivoiriens s’inspirent de ce point afin que la rémunération de la copie privée soit une réalité chez eux. L’essentiel, c’est d’avoir des conditions optimales de création de ses œuvres, et surtout avoir une structuration des différents corps de métiers. Quand on prend l’écosystème de la musique, on trouve le même artiste qui est auteur, compositeur, interprète et souvent arrangeur, producteur et éditeur sur une même œuvre. Cela devient compliqué quand il n’y a pas une structuration des corps de métiers. Et ça devient difficile pour l’artiste de donner le plein potentiel de son talent, a t-il précisé.
La question de la collecte de fond évoquée
Pour le DG du Bureau Burkinabé du Droit d’Auteur, expliquant à ses collaborateurs ivoiriens, «la collette se fait sur la base d’un ordre tarifaire c’est-à-dire quand on organise un spectacle». Il y a un barème qui est fixé. Quand on joue à la radio, il y a un barème qui est fixé. Quand c’est un établissement hôtelier, il y a un barème qui est fixé. Il y a le règlement de répartition qui détermine les parts en fonction des différents titulaires de l’œuvre. Si on prend une œuvre musicale, on pourrait dire par exemple que l’auteur a 16%, l’éditeur a 33%, l’arrangeur a 16%… En cas de diffusion à la radio, on pourrait appliquer ce qu’on appelle la répartition équitable à savoir par exemple que le producteur a 50% et l’interprète 50 % aussi. Toutes ces parts sont les fondements sur lesquels, le bureau du droit d’auteur se base pour faire la répartition aux différents titulaires de l’œuvre, selon le Sieur Bara.
Concernant la collette dans les espace publics comme les bars, il y’a ce qu’on appelle les relevés d’exploitation, toujours selon Bara. À la radio, les animateurs remplissent le relevé après chaque titre joué. À la radio et à la télé, c’est plus simple. Dans les maquis et bars, on se base sur les sondages qui sont le reflet des diffusions des stations de radiodiffusion. Techniquement, ce n’est pas assez équitable mais aucune répartition n’est équitable, soutient-il, en apportant également des informations très précieuses, notamment à la Sacem en Europe, où les auteurs ne manquent pas de se plaindre. « Les bureaux de gestion de droit d’auteur comme la Sacem ont plus de 200 années d’existence. Ils sont très modernisés et ont des outils de développement plus élevés que notre continent, explique Monsieur Wahabou Bara.
L’autre raison, c’est que, les artistes africains qui jouent en Europe, sont au noir et ce qui est collecté reste dans les bureaux européens. Ce sont des masses financières importantes qui sont souvent proposées aux artistes africains. Malgré notre état, nos bureaux gagneraient à travailler à créer un minimum de conditions pour retenir nos membres. Ça ne sert à rien pour un artiste ivoirien dont l’activité se déroule sur le territoire national d’aller s’inscrire à la Sacem. Ça n’a pas de sens. Il faut s’inscrire à la Sacem lorsqu’on a la chance d’avoir un producteur et un éditeur en France et qui vont permettre le développement de sa carrière sur le territoire français, conclut t’il.
En tout, la note de satisfaction est unanime et totale, non seulement pour le DG du BBDA, mais aussi pour ses partenaires ivoiriens qui ont appris de l’expérience de l’homme. Très satisfait, le BURIDA, bureau en charge du droit d’auteur ivoirien, a tenu à féliciter Monsieur Bara pour son de second ouvrage qui permettra aux acteurs culturels d’en savoir un peu plus sur le bureau des droits d’auteurs, et d’en tirer grandement profit. Pour Monsieur Bara, c’est journées d’approches collaboratives en terre Ivoirienne, aura été d’un énorme succès. Il invite les différents acteurs à une fusion d’énergie pour l’épanouissement de la culture africaine dans sa grande diversité.
La Rédaction