Toujours orientée sur sa dynamique à apporter de la visibilité aux jeunes talents burkinabè, votre plateforme Infos Culture du Faso a eu l’honneur de recevoir Audray, une des artiste-musiciennes burkinabè, au talent prometteur. Avec elle, les échanges ont surtout tourné autour de ses débuts dans la musique, ses perspectives ainsi que son actualité marquée par la sortie de son single intitulé « Sur les réseaux ».
Révélée au public burkinabè lors de sa nomination dans la catégorie meilleur artiste burkinabè de la diaspora pendant la cérémonie de récompense des Kundé 2018, Audrey Korsaga, de son nom à l’état civil, et connue sous le pseudonyme de Audray, est une artiste-musicienne burkinabè résident entre le Canada et son Faso natal. Influencée par la culture de façon générale dès le bas âge à travers les nombreuses sorties détente avec ses parents (concerts, cinéma et autres spectacles vivants), cette jeune et talentueuse artiste décide de poursuivre son rêve qu’est la musique, juste après ces études.
« Je viens d’une famille d’amoureux de la musique et qui soutiennent la culture depuis longtemps. D’ailleurs, j’ai un oncle artiste-musicien du nom d’Eugène Kounker. Aussi, mes parents avaient cette culture d’investir dans l’art et de nous amener voir les spectacles (concerts, théâtres etc…) Et le fait de grandir dans une telle atmosphère ne pouvait que m’influencer. Alors très tôt, je me suis intéressée à tout ce qui est musique et autres. Ainsi, j’ai même participé à des concours de danse, de musique, mais également pris part à des clips d’artistes burkinabè. Puis vient le moment où je me déconnecte de tout cela pour me concentrer sur mes études. Ce qui m’amène d’ailleurs du côté du Canada, où je décroche un diplôme en biochimie », s’est confiée l’artiste.
Bien que les études aient pris le dessus sur la musique, Audray n’abandonne pas pour autant sa passion. Ainsi, après avoir décroché son diplôme, elle sort un premier single intitulé « music is a blessing » , chanté dans un style reggae, et enregistré entièrement en live. Une chanson qui lui vaut d’ailleurs une nomination au Kundé du meilleure artiste de la diaspora, signifiant pour elle, le début d’une nouvelle ère. Par la suite, elle sort en juillet 2019, un second single baptisé « vida loca », chanté plus dans un style Afro zouk. Cependant, la promotion de ses œuvres n’a pas été comme il se doit, parcequ’étant en auto-production, donc avec des moyens limités, et n’étant pas en permanence sur le territoire. Malgré tout, elle ne se laisse pas découragée. Ainsi, en octobre 2020, elle revient avec un troisième single intitulé « ma fille».
Pour elle, ce 3è single a été important en ce sens qu’il lui a permis de se faire une place dans le cœur des mélomanes burkinabè de part son message fort. Mais, le chemin menant à la gloire est parfois parsemé d’embûches. En effet, elle est beaucoup critiquée sur les réseaux sociaux ces derniers temps, pour son style vestimentaire. Mais à en croire l’artiste, toute personne est libre de faire ce qui lui plaît tant que cela ne nuit pas à autrui.
« J’aime comme je suis, ma manière d’être et je choisis de l’affirmer sur les réseaux. Je ne peux pas empêcher les gens de dire ce qu’ils veulent ou pensent de moi. Une chose est sûre, tous les artistes ne peuvent se ressembler, et les acteurs du showbiz devraient le comprendre. De toute les façons, il y’a beaucoup de gens qui aiment ce que je fais et m’acceptent comme je suis, je préfère me concentrer sur eux et j’en profite pour remercier mes fans que j’appelle affectueusement mes « KORIS ». Mon tout dernier single « Sur Les réseaux », sorti il y’a à peine quelques jours est d’ailleurs une réponse à toutes ces critiques », a-t-elle fait savoir.
Audray est une artiste en pleine ascension dont le talent reste incontestable. Néanmoins il convient tout de même de souligner les difficultés auxquelles son projet musical doit faire face, notamment le manque de moyens (autoproduction) et son inconstance sur le territoire burkinabè. En effet, Audray réside au Canada, où elle travaille dans un laboratoire en tant que biochimiste pour financer sa carrière. Mais elle prépare déjà son retour définitif dans son pays natal, afin de mieux booster sa carrière. D’ailleurs, elle a confié être en préparation pour la sortie d’ici fin 2021, d’un premier maxi. L’idée pour cette artiste pétrie de talent, c’est de pouvoir trouver son public sur le plan national et s’exporter progressivement dans la sous région. Et ça, elle dit avoir son plan pour y parvenir. Pour ce faire, elle invite toute bonne volonté intéressée par ses projets musicaux, et qui voudrait l’accompagner dans ce sens, à ne pas hésiter. Par ailleurs, sa toute dernière sortie musicale est faite en collaboration avec un arrangeur ivoirien, très en vogue du nom de Tam Sir.
Occasion à été choisie par notre artiste du jour de souligner l’importance des devanciers dans la construction d’une belle carrière. « Il y a souvent de petits tiraillements entre les anciens et certains jeunes artistes, qui eux se plaignent du manque de soutien de la part des anciens. Certains jeunes vont plus loin pour dire que c’est par eux que la musique burkinabè va s’exporter. Moi je pense que c’est un peu prétentieux de le dire de cette manière. Il y a eu des prédécesseurs qui avaient déjà un encrage international ; je pense notamment à Black So man, Georges Ouédraogo, Amadou Balaké, Zedess, Abdoulaye Cissé et plein d’autres. Juste dire qu’ils ont déjà tracé les sillons, quitte à nous de savoir nous en inspirer afin d’atteindre nos objectifs », a-t-elle conclu.
Interview réalisée par Boukari OUÉDRAOGO
Credit photo: Parfait Fabrice SAWADOGO