ven 28 février 2025

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Micro-trottoir : Quels ont été vos sentiments en apprenant la disparition de Souleymane Cissé ?

Le réalisateur malien, doyen du cinéma africain, Souleymane Cissé, s’est éteint le 19 février 2025, à quelques jours de la 29ᵉ édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO). Il devait y présider le jury des films Long Métrage Fiction. Lors du festival, une équipe de votre média, Infos Culture du Faso, a recueilli les réactions de plusieurs réalisateurs après cette disparition. « Impuissance », « vide », « perte énorme » : autant de sentiments qui traduisent le choc ressenti par le monde du cinéma.

Gaston Kaboré

«Je l’ai appris sur les réseaux sociaux, indirectement d’ailleurs. Plusieurs personnes m’ont appelé pour me l’annoncer, et j’avoue que j’étais complètement assommé. Je n’avais jamais entendu dire qu’il était malade, je savais qu’il devait être président du jury et qu’il était à un jour de son voyage au Burkina. Il y a deux ans, nous avons passé beaucoup de temps ensemble, notamment lors d’un masterclass. J’ai donc eu du mal à y croire. Il a fallu que j’appelle un membre de sa famille, sa fille Fatou, qui m’a confirmé la nouvelle : « Tonton, c’est vrai, il n’est plus. » Même après ça, j’avais du mal à l’accepter. Pour ceux qui le connaissaient, Souleymane Cissé débordait d’énergie. On avait l’impression qu’il vivrait encore 10, 15, 20 ans. Apprendre son départ de cette façon… c’est un sentiment d’impuissance et de gâchis. Il aurait encore tant apporté à travers ses films, ses témoignages, son charisme. Ce n’était pas seulement un réalisateur malien, mais une figure majeure du cinéma africain.»

Malheureusement, nous devons accepter que la seule certitude de la vie, c’est la mort. On l’oublie souvent, pour soi et pour ceux qu’on aime. On a le sentiment que Souleymane Cissé ne devait pas partir… Mais nous sommes croyants, et nous devons respecter la volonté de Dieu. Quand j’ai parlé à sa fille, son calme m’a impressionné. En repensant à ça, c’est elle qui, finalement, m’a aidé à accepter cette réalité.

Isis Ismaël Kaboré

« En Afrique, on dit qu’un vieillard qui meurt, c’est une bibliothèque qui brûle. La disparition de Souleymane Cissé m’attriste profondément. Il était une icône, un devancier, un guide pour nous, jeunes réalisateurs du 7ᵉ art. Certes, ses œuvres nous enseigneront toujours, mais sa présence nous manque déjà. Nous aurions aimé continuer à le rencontrer, à échanger avec lui… Mais une chose est sûre : il n’a pas vécu inutilement, car un artiste ne meurt jamais. »

Ives Edgard Bonkoungou

« Toute disparition laisse un vide, mais tout dépend du moment et des circonstances. Perdre une icône comme Souleymane Cissé, et à quelques jours du FESPACO, c’est un choc immense. Nous, les jeunes, attendions impatiemment son arrivée cette année en tant que président du jury. Nous espérions pouvoir l’approcher, bénéficier une fois de plus de ses conseils et de son immense expérience. Malheureusement, Dieu en a décidé autrement. C’est une perte énorme pour le cinéma africain et un coup dur pour nous, les jeunes. Ce sont toujours les aînés qui nous transmettent leur savoir. Aujourd’hui, nous avons perdu un maître. »

Fatimatou Ahmat Gadjama « Fati »

« Lors du dernier FESPACO, j’étais invitée, mais j’ai malheureusement dû annuler mon voyage à la dernière minute pour des raisons de santé. J’attendais ce moment avec impatience, car je rêvais de rencontrer Souleymane Cissé. Un ami, sachant combien cela comptait pour moi, est allé à sa rencontre et a eu la gentillesse de m’appeler pour que je puisse lui parler. Et là, j’ai été stupéfaite. Le grand Souleymane Cissé, qui ne me connaissait même pas, a pris le temps de discuter avec moi. J’avais des frissons ! Je lui ai parlé de mon engagement pour encourager les femmes à s’intéresser au cinéma, et il m’a écoutée avec attention. Aujourd’hui, j’ai un double sentiment : la joie d’être enfin au FESPACO et d’avoir fait de belles rencontres, mais aussi une immense tristesse. J’ai l’impression d’avoir perdu un père. Mais ce n’est pas seulement moi : c’est le monde cinématographique entier qui pleure. Pourtant, je pense qu’il n’aurait pas pu avoir une plus belle fin. Mourir en plein FESPACO, le festival qu’il a contribué à bâtir… Ce n’est pas un hasard si Dieu a fait de lui le président du jury cette année. Il a reçu les hommages qu’il méritait. Lors de la soirée d’hommage, l’émotion était palpable. Même le modérateur avait les larmes aux yeux. Souleymane Cissé n’était pas qu’un cinéaste, c’était un homme humble, généreux, plein d’amour. Son départ nous laisse un vide immense. J’espère qu’au-delà des hommages, nous saurons préserver et transmettre son héritage avec fidélité, sans le déformer. Là où il est, j’imagine qu’il nous regarde en souriant, en espérant que nous poursuivrons son œuvre avec la même passion et intégrité. »

Barnabé Namountougou (Collaborateur)

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