Kinda Issa de son vrai nom, Kindiss est un artiste chanteur burkinabè natif de la province du Sanguié, concepteur de la danse Binon. Le vendredi 3 décembre prochain du côté du SIAO, le roi du Binon comme on l’appelle communément, marque un arrêt pour célébrer ses 30 ans de longévité dans la musique. Dans une interview qu’il a bien voulu nous accorder, l’homme revient sur sa carrière, mais aussi et surtout sur cette célébration.
Infos Culture du Faso (ICF) : Comment êtes-vous arrivé dans la musique ?
Kindiss : Pour moi, la musique est un héritage. Ma mère était une griotte; mes oncles maternels jouent des instruments de musique traditionnelle. Quand j’étais jeune, j’aimais chanter, danser. Je chantais en tapant sur ma poitrine pour faire danser mes frères et sœurs. Tout a véritablement commencé en 1979 lors de mon aventure vers la Côte d’ivoire où j’étais parti d’abord pour chercher du travail et aider ma famille rester au village. Cependant, lors d’une des visites de mon père à Abidjan, il a vu que ma passion pour la musique ne s’était pas arrêté. Il m’a alors dit que mon oncle Siriki avait un orchestre. C’est là que j’ai pu intégrer le groupe musical de mon oncle dans le quartier Koumassi à Abidjan et j’ai commencé en tant que choriste du groupe.
ICF : Faites-nous un récapitulatif de votre carrière en terme de bilan.
Kindiss : il faut dire que ce n’était pas facile pour moi. C’est le courage vous savez. Le bilan de ma carrière, j’ai huit (08) albums, j’ai reçu une décoration de l’ordre du mérite de la danse/parole par le ministère de la culture. J’ai également eu deux (02) Kundé de la meilleure chanson traditionnelle. J’ai reçu beaucoup de trophées, un de Bazard Music et j’ai été invité dans beaucoup de festivals comme le Sika au Benin, Fespaco, SNC…
ICF : Vous êtes sur le point de fêter vos 30 ans de carrière dans la musique, parlez-nous en.
Kindiss: C’est une fierté pour moi d’avoir atteint 30 ans dans la musique et d’être toujours aimé. Quand je fais sortir un album, le peuple burkinabè applaudit; il dit que c’est bien. Je me suis dit qu’il faut le fêter avec mes fans. Alors, ça sera le vendredi 3 décembre au SIAO. Vous êtes tous et toutes attendus. Je suis très content. Si je le fête, c’est aussi pour encourager ceux-là qui veulent emboîter mes pas. Ce n’est pas facile mais il faut se donner le courage en ce sens qu’aucun travail n’est facile mais au bout de l’effort il y a les fruits.
ICF : Quel est le programme des festivités ?
Kindiss : J’ai invité de nombreux artistes. Nous allons commencer avec les jeunes talents; il y aura des ballets, des play-back, et moi je ferais du live, c’est une soirée gala.
ICF : Que représente pour vous ce jubilé ? Est-ce la fin d’une ère ou le début de nouveaux défis ?
Kindiss : Non, ce n’est pas la fin d’une ère, je vais composer pour donner aux jeunes. Mon défi sera d’aider ces jeunes-là.
ICF : Vous avez disparu de la scène musicale, pourquoi ce long silence ?
Kindiss : Il faut le dire. J’étais découragé à un moment donné. Je suis cuisinier; j’avais eu le marché pour la restauration de l’hôtel Azalai, et à l’époque c’était le cuisinier qui apportait tout son matériel. Et avec l’insurrection populaire, les manifestants sont venus tout saccager et emporter mon matériel soit disant que c’est pour l’hôtel, ça été un coup dur pour moi. Je me suis dit qu’il me fallait du recul, donc j’étais à la maison; je ne sortais presque plus. Puis après je me suis dit que « découragement c’est pas Burkinabè ». Le deuxième point est que la musique de maintenant, ce n’est pas comme à notre temps. Maintenant, il n’y a plus de CD, on ne vend plus, et le prix pour enregistrer au studio est resté le même. Et pour la promotion, c’est la même chose, alors qu’on ne vend maintenant; les gens copient tout sur des clés USB, les cartes mémoire. C’est tout cela qui m’a refroidi. Mon fils s’est lancé dans la musique et je me suis dit qu’il faut le soutenir, même s’il faut rester dans l’ombre et pousser mon fils car c’est la relève.
ICF : Votre mot de fin
Kindiss : J’invite tous les Burkinabè ce vendredi 3 décembre au SIAO. Venez et vous n’allez pas le regretter. Kindiss est de retour. Même si je suis vieux maintenant, je compte danser, se remémorer le passé. Ne vous faites pas raconter. Merci !
Mireille T PODA (stagiaire)