ven 22 novembre 2024

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MUSIQUE: « Quand ton pays t’a validé, il attend que tu aille faire mieux à l’extérieur », dixit Smarty qui vise maintenant l’international

Dans une interview accordée à INFOS CULTURE DU FASO, Smarty, chanteur-rappeur revient brièvement sur sa carrière musicale avec le groupe Yeleen et en solo. Son actualité est marquée par l’enregistrement de son tout dernier album alliant valeurs musicales et sociales de son terroir et celles des autres pays à travers le monde. Lisez plutôt ce que le rappeur burkinabé Louis Salif Kiékiéta alias Smarty nous a dit lors de cette entrevue !

Infos Culture du Faso : Smarty, on remarque que vous proposez maintenant du  hip-hop un peu rythmé. Avez-vous changé de registre ?

Smarty : Je n’ai pas changé. J’évolue toujours  à  la jungle urbaine. Seulement qu’il y a plusieurs variantes dans le Hip-Hop. Ce mouvement rassemble le Rap, le Rnb, le Reggae, le Raaga, la Soul…Aujourd’hui, il y a d’autres rythmes qui se sont ajoutés tels que la Trap et l’Afro- trap. Quand on dit Hip-hop, les gens ont tendance à voir que le Rap. Pourtant, c’est du chant, du graffiti, de la danse etc. Donc je n’ai pas changé mais j’ai évolué.

Infos Culture du Faso : Donnez-nous  un bref résumé de votre parcours musical.

Smarty : J’ai eu la chance d’être présent sur la première compilation au Burkina qui est Faso Connexion dans laquelle j’ai fait  »Papou Chéri » où le public burkinabè me découvre en solo. Après j’ai participé à une deuxième compilation qui est  »Chronique Noire » où j’ai fait  »La Tragédie » en featuring avec Mandowé. D’où naîtra le groupe Yeleen. Avec mon groupe on a déjà tout donné, on a fait 10 années de carrière, cinq  (05) albums. Aujourd’hui, c’est une nouvelle page. Je suis passé à ma carrière solo et j’ai sorti un album  »Afrikan Kouleurs ». Celui-ci a été prix lauréat RFI et m’a permis de signer avec des structures au niveau de la France avec lesquelles j’entame une nouvelle carrière dans le sens de pouvoir promouvoir mes œuvres à l’international.

Infos Culture du Faso : Citez quelques distinctions que vous avez reçues.

En plus du prix RFI, je cite FAMA, deux fois meilleurs clip vidéo successivement en 2014 et 2015 au Kundé avec mon groupe on a été Kundé d’or. C’est assez de distinctions mais pour moi tout ceci est relatif. Si vous remarquez, je ne me rappelle même pas de tous mes prix. En réalité, pour moi, même si c’est important d’avoir des trophées, la plus grande reconnaissance qu’un artiste peut avoir, c’est celle que son public lui apporte. J’ai remporté des trophées dans ma carrière mais j’estime que le plus important ce sont les œuvres que je laisse pour la postérité et à ceux qui me suivent.

Infos Culture du Faso : Alors quels sont les messages clés abordés dans ces œuvres ?

Smarty : Vu que j’appartiens à la jeune urbaine qui est le hip-hop en général qui dénonce et se veut une musique qui porte des causes, ce que j’écris dépeint plutôt souvent les tares de la société. Il n’y a pas que cela, car je me  dis que la vie est faite également de joie, de peine et de bonheur.  La vie est comme un tableau, disons une peinture. Il y a de la joie, envie, peine et tous autres émotions. Quand je conçois un album, j’essaie plus ou moins d’avoir toutes ces couleurs dans les thématiques abordées. Sinon, mon combat est social, parfois  politique mais beaucoup plus dans le choix de l’artiste que je suis. C’est-à-dire apporter un plus au développement culturel de mon environnement immédiat où je suis.

Infos Culture du Faso : Quelle est la lecture que Smarty fait de la musique burkinabè dans son ensemble ?

Smarty : Je fais une lecture assez positive. La jeune génération qui est là a énormément du talent mais elle n’a pas les mêmes opportunités d’expositions que nous avons eues quand on était à notre début. Donc, c’est pour indiquer qu’il y a un problème de diffusion et de désintéressement. Je veux dire qu’il ne faut pas juger une œuvre que parce qu’on gagne un rond dedans mais parce qu’elle a de la qualité et en faire sa promotion si elle le mérite. On peut parler positivement et louer les mérites d’un artiste sans le connaître forcément. C’est ce qui s’est d’ailleurs passé au début de notre carrière et a été un avantage pour nous. Aujourd’hui, les choses ont changé. En plus, les gens viennent dans la musique pour des vocations plus ou moins différentes. Toutefois, dans tout ce lot de jeunes artistes qui montent, il y a de la qualité. D’ailleurs, il ne faut pas qu’on attende que la qualité vienne en nous. Certes, pour les artistes, il leur revient de créer et d’amener des œuvres de qualité mais c’est le rôle de tout un chacun d’aller chercher ces talents et les promouvoir. C’est donc aux journalistes, animateurs et hommes de médias de faire le tri de ce qui est bon ou pas et surtout faire émerger à la surface ce qui est bon. Nous devons  avoir des critiques constitutives et non partisanes. Dans l’ensemble, sachons que la presse au niveau culturel est à saluer. Ces hommes de médias font un travail énorme et je vais m’attarder sur ceux qui se battent beaucoup mais qui restent tapis dans l’ombre.

Infos Culture du Faso : Ça fait longtemps que vous êtes dans le milieu. Est-ce que vous pouvez dire aujourd’hui que la musique nourrit son homme ?

Smarty : Ah Oui ! C’est ce qui me permet de m’occuper de mes parents et de ma petite famille, scolariser mes enfants.

Infos Culture du Faso : Dans une interview récente avec un journal au Faso, vous disiez que vous avez la nostalgique de Yeleen.  Est-ce qu’il faut entendre par là que vous vouliez que le groupe revienne musicalement parlant ?

Smarty : C’est le titre du journal en question qui est flatteur et donne de l’espoir (…). Pour ceux qui ont été à l’intérieur pour lire ont compris ce que je voulais dire. En effet, j’ai fait plus de 15 ans sur scène avec ce groupe avant sa dislocation. Je ne peux pas dire qu’il ne m’arrive pas des instants où je pense aux moments que j’ai vécus avec ce duo. C’est de cette nostalgie qu’il est question mais ça ne veut pas dire que l’envie est de faire revenir Yeleen musicalement parlant. C’est comme un homme et sa femme. Si l’homme divorce et qu’il se remarie, cela ne veut pas dire que de temps en temps celui-ci ne pense pas à son ex-femme ou du moment qu’il a vécu avec elle. C’est pareil. Donc je l’ai toujours dis, avec Mandowé nos rapports sont restés amicalement respectueux mais professionnellement les choses se sont arrêtées. Il faudrait que les gens respectent ça. Maintenant, il n’y a rien d’impossible. Tout est dans la main de Dieu car pour moi, c’est lui qui écrit le destin. Il était dit que Yeleen devait faire 05 albums et s’arrêter. C’est le cas aujourd’hui mais il n’y a rien d’impossible. S’il est dit qu’un jour on va reprendre, on va le faire. Pour le moment, je garde le cap et concentré sur mes objectifs que j’ai (…).

Infos Culture du Faso : Qu’est-ce qui fait votre actualité artistique et musicale ?

Smarty : La réalisation d’un album qui doit sortir bientôt. Je suis dans le développement d’une carrière, donc je ne me suis jamais arrêté de bosser. Je suis sur un projet en studio avec mon arrangeur Thierry. Il est  plus connu sous le nom d’Adisca. Après l’enregistrement, l’album sera par la suite mixé et masturisé au niveau de la France. Ça veut dire clairement que je n’ai pas coupé avec mes bases. Je reste authentique même en travaillant avec des personnes qui sont de l’autre côté. Le plus important, c’est garder ses racines et proposer autre chose. Un mélange entre nos réalités et ceux de là-bas. Donc actuellement je prépare la nouvelle sortie et puis arriver à m’imposer à l’international. Parce que je juge qu’au Burkina, j’ai en toute humilité, avec mon groupe, déjà tout donné. Quand ton pays t’a validé, il attend que tu aille faire mieux à l’extérieur.  Ce que le public attend de moi, c’est arriver à m’imposer à l’international.

Infos Culture du Faso : Votre mot pour terminer

Smarty : Je vous  remercie pour cette interview et votre spontanéité. Au public, je leur demande de toujours soutenir les valeurs artistiques parce qu’on ne peut pas faire quelque chose dehors si l’on n’a pas le soutien de son public. Merci.

Interview réalisée par Parfait Fabrice SAWADOGO et Filasko Moussa KABORÉ

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