jeu 21 novembre 2024

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« Nous travaillons à redorer le blason de la capitale culturelle que Bobo-Dioulasso représente », Alain Sanou, 4e adjoint au maire, chargé des affaires culturelles

La commune de Bobo-Dioulasso fait face, aujourd’hui, à de nombreux défis en termes d’infrastructures et d’événements culturels, alors qu’elle représente le poumon culturel du Burkina Faso. Présent dans cette belle cité de Sya, nous avons tendu notre micro au 4e adjoint au maire de la ville, chargé des affaires culturelles, Alain Sanou. Les difficultés, les défis et bien d’autres sujets ont ponctué ces échanges.

Infos Culture du Faso (ICF) : Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs s’il vous plaît ?

Alain Sanou (AS): Je me nomme Alain Sanou; je suis le quatrième adjoint au maire de la commune de Bobo-Dioulasso, chargé de la culture.

ICF : En tant que chargé des activités culturelles de la commune, dites-nous en quoi consiste vos missions ?

AS: Comprenez que pour une ville comme Bobo-Dioulasso, capitale culturelle du Burkina Faso, c’est une mission très sensible. Il s’agit pour moi, en collaboration avec le maire Bourahima Sanou, de travailler pour que le rôle culturel de la ville soit connu. Travailler avec le conseil municipal pour voir dans quelle mesure mettre en place une stratégie pour que l’ensemble du Burkina puisse bénéficier des grandes valeurs du patrimoine culturel de cette ville que nous voulons développer. Vous le savez très bien, nous sommes la ville qui accueille chaque deux ans la Semaine nationale de la culture (SNC); c’est un enjeu majeur. Il s’agit de parvenir à faire en sorte que Bobo-Dioulasso soit la bonne destination pour les questions culturelles et la bonne destination pour la bonne visibilité culturelle du Burkina Faso.

ICF : Quels sont pour vous les défis à relever sur le plan culturel ici à Bobo-Dioulasso ?

AS : Il faut que la population puisse respirer culture ; il faut que le conseil municipal comprenne que nous devons développer cette ville par la culture et voir dans quelle mesure conjuguer les efforts pour que tout ce qui est caché et qui reste l’héritage de nos parents soit valorisé comme il se doit et puisse se conjuguer avec l’international. Et c’est pour cela que nous saluons des artistes comme Issa Sanou, Salia, et bien d’autres qui sont dans le domaine de la chorégraphie, la peinture, la musique, etc. Tout cela est essentiel. Il faut travailler à ce que toutes ces potentialités soient valorisées et que cela puisse apporter des devises à la ville et à tout le Burkina. C’est ce que nous sommes en train de faire et c’est ce que nous devons relever comme défis. Tant que les populations ne sont pas en phase avec le conseil municipal, comprenez que tout cela ne saurait être fait. Nous travaillons en harmonie avec le gouvernement pour que la sensibilisation avec les populations soit faite. C’est pour cela que nous encourageons tous les festivals pendant lesquels la culture s’exprime à tous les niveaux.

ICF : Bobo-dioulasso regorge d’autres grands événements culturels, à l’image de Couleurs vacances, Fitini show, VAPAJ… Mais le constat est qu’on ne sent pas une réelle implication de la commune. Qu’est-ce qui explique cela ?

AS : Tout cela doit être fait avec l’effort de tout le monde, mais c’est compliqué. Aujourd’hui la question culturelle est en phase de transition. C’est maintenant que les conseils municipaux commencent à comprendre le rôle réel de la culture. Avec les moyens que nous avons, ce n’est pas facile pour la mairie d’apporter son soutien comme il se doit. Le rôle de la mairie n’est pas d’enlever de l’argent pour le donner aux artistes. Le rôle de la mairie, c’est de trouver l’intelligence pour accompagner ces artistes. Ce sont des artistes qui ont beaucoup à apporter mais qui manquent de moyens aussi. Il s’agit pour nous de travailler de sorte que les partenaires puissent les accompagner. Notons qu’à ce niveau, les partenaires aussi ne sont pas au rendez-vous. Sinon on n’allait pas signer des conventions. Nous travaillons à créer un partenariat et à trouver des subventions. Nous voulons les accompagner comme il se doit mais malheureusement les moyens manquent.

ICF : Justement parlant de moyens, dites-nous à combien s’elève le financement pour les affaires culturelles de la commune ?

SA : Le montant avoisine les vingt millions FCFA aujourd’hui. Parmi les structures que nous accompagnons, il y’a Fitini Show à cinq millions par exemple, et les autres c’est entre un et deux millions. Il y’a aussi l’implication de la commune au niveau de la Foire internationale de Bobo-Dioulasso (FIBO); donc si nous prenons le tout en compte on parlera de cinquante millions FCFA.

ICF : Et parlant des infrastructures, comme le théâtre de l’Amitié. On sait que vous vous battez pour lutter contre sa dégradation. Que comptez-vous faire pour redorer le blason de ce lieu hautement symbolique ?

SA : Très belle question. Le théâtre de l’Amitié n’est plus digne de jouer le rôle d’une infrastructure dans notre ville parce-que pendant la saison pluvieuse, aucun événement culturel ne peut s’y dérouler. Au niveau de la mairie, nous avons pensé qu’il faut réhabiliter cette infrastructure, en créant plus de places et en organisant les places par la création d’espaces VIP, des places assises, des toilettes…

Cela est aussi valable pour le musée qui doit être réhabilité. Mais disons que c’est une question de moyens ; sinon personnellement tout cela a été déposé au niveau du conseil municipal. Le conseil municipal va tout mettre en œuvre pour la réhabilitation de cette infrastructure qui abrite les grands événements. En tant qu’une ville culturelle, nous devons avoir des infrastructures de qualité pour que l’espoir puisse naître et que nos artistes aussi s’élèvent comme il se doit. L’ex ministre de la Culture, Monsieur Abdoul Karim Sango avait promis que le ministère allait nous apporter son soutien pour réhabiliter cette infrastructure mais malheureusement il est parti. L’administration reste une continuité donc avec le maire, nous allons écrire à l’actuelle ministre pour que nous voyons dans quelle mesure cette promesse puisse se tenir.

ICF : Nous avons eu une interview avec la première responsable du musée Sogossira Sanou et il est ressorti qu’il y a des difficultés. Qu’en est-il exactement ?

AS : Vous savez, le musée est un lieu très symbolique pour la ville et pour le pays. On voulait valoriser encore cet espace pour qu’il soit plus viable et mieux garni mais malheureusement là aussi les moyens manquent. Si nous sommes la capitale culturelle, naturellement nous devons avoir les meilleurs édifices. La préoccupation est très juste et encore merci de le rappeler.

ICF : Vous avez parlez de difficultés, notamment le manque d’argent. Concrètement quelles sont les difficultés auxquelles faites-vous face dans l’exercice de vos missions ?

AS : Je vais revenir encore à cette prise de conscience parce qu’au niveau du conseil municipal, beaucoup de personnes ne comprennent pas la portée réelle de la culture aujourd’hui. La culture reste actuellement la meilleure richesse au monde. C’est une ressource inépuisable. Il faut que le conseil municipal prenne conscience pour développer la ville de Bobo-Dioulasso par la culture. Développer les activités culturelles fait vivre la ville. La ville devient une destination parce que les gens viennent pour les événements. Quand vous prenez une activité comme les Grandes funérailles, jamais dans le monde entier on ne voit des festivals de trois mois ; alors que pendant les Grandes funérailles, nous on vit tout cela à Bobo-Dioulasso à partir de fin février jusqu’en mai. On trouve des activités qui attirent beaucoup de touristes. Je suis le chargé de la culture et je suis convaincu que les années à venir vont nous donner raison et que tout le monde va travailler dans ce sens-là.

ICF : Quels sont vos projets au plan culturel, à court et moyen termes ?

AS : Les projets à court terme, c’est de travailler à permettre que les grands festivals soient de véritables événements pour tout le Burkina et à l’échelle internationale. Ce que je veux cette année, c’est quelque chose de très riche qui ne se limite pas à l’intérieur de la ville de Bobo-Dioulasso seulement mais pour tout le Burkina. Quand nous prenons d’autres événements comme VAPAJ, Fitini show, aujourd’hui ce sont des événements qui dépassent les frontières du Burkina et nous devons travailler afin que ces événements soient lié à d’autres activités. Nous voulons travailler aussi afin que le conseil municipal revoit à la hausse le budget alloué à la culture. Il faut prendre la chose encore plus au sérieux, autrement une autre ville viendrait nous arracher cette place de capitale culturelle.

ICF : Vous avez été à l’ouverture des VAPAJ. Pourquoi ne pas défendre cette création partout, c’est-à-dire à la SNC et au niveau des spectacles parce qu’elle parle des maux qui minent nos sociétés ?

AS : Oui justement, c’est une très bonne idée parce qu’Il ne sert à rien d’apporter son soutien à une activité ou d’être partenaire si on ne peut pas permettre à cette œuvre de se vendre. Effectivement, il nous appartient de trouver une imagination qui puisse permettre à cette activité de montrer toutes ses couleurs au Burkina. Ce n’est pas un seul volet de la culture que nous voyons. Il y’a l’accrobatie, la danse, le théâtre, etc.. On ne va pas baisser les bras, on va continuer à mieux soutenir l’artiste Issa Sanou, pour qu’il puisse mieux représenter Bobo-Dioulasso sur la scène internationale.

ICF : La mairie a-t-elle une politique forte en vue de redorer le blason des activités culturelles de la commune ? Si oui laquelle ?

AS : Nous avons déjà mis en place la politique de prise de conscience et ça commence à aller parce qu’aujourd’hui, les gens commencent à comprendre la place réelle de la culture. Il nous appartient ajourd’hui de travailler pour que la ville soit la meilleure destination.

ICF: Quel sentiment partagez-vous, quand on sait que le minaret de la grande mosquée de Dioulassoba s’est effondré ?

AS: Je voudrais tout simplement saluer les contumieux et notamment les religieux de Dioulassoba par rapport au minaret qui s’est écroulé. Si la mosquée de Dioulassoba est en souffrance, c’est tout Bobo qui souffre. Je voudrais leur témoigner ma compassion et encourager tout ceux qui peuvent contribuer à sa réhabilitation. Le conseil municipal va réagir comme il le faut dans ce sens.

ICF : Nous sommes pratiquement à la fin de notre entretien, quel est votre mot de fin ?

AS : Mon mot de fin, c’est justement remercier votre réseau qui fait la promotion de la culture burkinabè en général et de Bobo-Dioulasso en particulier ; et saluer tous les artistes qui font des sacrifices pour la ville. Comprenez que beaucoup d’artistes qui viennent faire des spectacles, ce n’est pas pour de l’argent mais c’est une forme de formation qu’ils fournissent. La culture coûte chère et la formation également. Il faut aussi saluer ces artistes de Bobo qui font l’honneur de bien représenter notre commune à l’extérieur.

Je voudrais aussi saluer le ministère de la culture qui nous épaule par rapport à toutes nos activités et le gouvernement en général. Je salue aussi le conseil municipal à travers le maire Bourahima Sanou pour cette tâche « sacrée » qu’on m’a confiée. Mes remerciements à l’ensemble de la population ; a qui je dis que nous devons apprendre à agir et à penser surtout culture pour le bonheur de tout le monde, en ce sens que cette ville peut vivre de sa culture. Merci.

Interview réalisée par Parfait Fabrice SAWADOGO

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