Ces dernières années, le pagne tissé est parvenu à occuper une place de choix dans l’univers vestimentaire au Burkina Faso. Cependant, comment part-on du coton jusqu’au produit fini qu’est le pagne tissé. Ce sont entre autres des interrogations auxquelles a répondu Madame Madame Ki Fatimata, Présidente de l’Association des tisseuses et tisserands DIGNALATAN, du côté de son atelier de tissage, à Ouagadougou.
Infos Culture du Faso (ICF) : Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs sil vous plait ?
Ki Fatimata (KF): je me nomme Mme Ki Fatimata, Présidente de l’association des tisseuses et tisserands DIGNALATAN, directrice de TIERIS FASHION NA KONI CRÉATION et élue consulaire de la région du Centre branche textile et habillement.
ICF: Quelles sont les différents étapes d’obtention d’un pagne tissé ? Veuillez nous donner plus de détails
KF: Il faut cultiver le coton avant de le transformer en fil de coton. Nous utilisons deux sortes de fils : il y a le fil filé main (par nos mamans) et celui de l’usine. Après avoir obtenu le fil, nous passons au pré-traitement (deboullissage) du fil qui consiste à enlever les impuretés sur le fil pour que le pagne soit à la hauteur de la qualité.
Ensuite vient la teinture du fil par des colorants bio, naturels ou chimiques.
Après cette étape vient successivement le bobinage, l’ourdissage, le rentrage, le piquage et enfin le tissage proprement dit afin d’obtenir le pagne tissé.
ICF: Le pagne tissé burkinabè est issu de plusieurs régions, quels sont les différents types que vous fabriquez et commercialisez ?
KF: Moi je commercialise tous genres de pagnes Faso Danfani, mais particulièrement le pagne samo car je suis Samo. Notre particularité se trouve au niveau du tissage. Nous tissons des Faso Danfani très légers avec du fil très fin. Nos tissus Faso Danfani peuvent servir à la décoration intérieure (rideaux ect..)
Nous faisons aussi les kôkô dunda avec le pagne Faso Danfani. Il faut signaler aussi que nos Faso danfani sont labellisés.
ICF: quels Sont les différents produits que vous utilisez pour la teinture des pagnes ?
KF: Nous utilisons par exemple les colorants réactifs (teinture bio) où on utilise le sel, la carbonate, le vinaigre etc… et qui sont pas nuisibles à la santé et à l’environnement. Il y a les teintures naturelles à partir des plantes, des fruits, de la docoction et de la boue. Il y a également les colorants de cuve (teinture chimique).
Mais retenons que les pagnes Faso Danfani faits à partir de la teinture naturelle nécessitent un entretien particulier compte tenu de notre climat car n’ayant reçu aucun produit chimique.
Par contre, les pagnes faits à partir des teintures chimiques sont solides et sont classés parmi les grandes reines si la teinture a subi correctement toutes les étapes, le pagne reste intact.
ICF : Quels sont vos projets à court et moyen termes ?
KF: Je voudrais mettre à la disposition du Burkina Faso et du monde entier des pagnes Faso Danfani haut de gamme où l’on les baptisera made Burkina GARADIMONA.
ICF: Avez-vous eu un accompagnement de la part du ministre de la culture ?
KF: Au Ministère de la culture, j’ai eu un appel lancé par le Fonds de développement culturel et touristique (FDCT) où je suis allée former 50 Jeunes tisseuses et teinturiers de 18 à 30 ans dans ma région, précisément à Kougny en teinture bio color « le pagne samo en d’autres couleurs ».
A travers l’Agence de Financement, de Promotion des petites et Moyennes Entreprise (AFP/PME), j’ai bénéficié d’un crédit qui m’a permis de faire certaines réalisations au niveau du Centre. On ne peut que les remercier.
ICF: Nous sommes à la fin de notre entretien, quel est votre mot de fin ?
KF: Je vous remercie d’avoir pensé au processus d’élaboration du pagne tissé en particulier et à l’artisanat en général.
Léticia YAMÉOGO (stagiaire)